Concert à la Goutte d’or de la jeune chanteuse Sénégalaise Ngnima Sarr alias Tie. UFFP était sur place avant et après pour un portrait musical.
By Supa Djiles et Damien Paillard Photographe, reporters UFFP
Ngnima Sarr, sous son nom de scène « Tie » est une jeune femme engagée voire militante. Militer vient du latin « militare » (servir dans l’armée). C’est souvent un engagement mais son premier sens est combattre pour ou contre quelque chose. Tie possède cet l’esprit militant dans sa philosophie personnelle voire militaire dans son langage car elle bombarde ses réponses. Rencontre avec une jeune femme décidée et énergique.
L’histoire commence au Sénégal à Dakar.
Tie fait partie d’une famille de huit enfants et surtout d’un environnement multiculturel artistiquement et religieusement. Une éducation ou dans l’après midi elle apprend les sourates du Coran à la maison tandis que de l’autre coté elle va dans une école de bonne sœur . Grand écart…Ou pas. Beaucoup d’éléments qui sans doute lui offrent déjà des visions différentes de l’univers mais qui surtout lui font mettre très tôt le pied à l’étrier. A chercher un média capable de canaliser son énergie et ses idées.
Un groupe de danse « Heart Attack » au lycée avec sa fratrie. En arrière plan , Le stylisme . Toujours la même volonté : « Essayer de trouver du sens ». A travers les coupes, les tissus. Construire, découper, assembler. Tie a besoin d’être confrontée aux choses.
Elle commence donc par le Rap, elle est en première année de Fac à L’université de Dakar, on est en 1999 le Hip Hop est déjà très présent à Dakar . Garçon manqué elle traine en baggy façon rappeur et enchaines les expériences.
Arrivée en France en 2000 où elle poursuit ses études de Sociologie. Elle commence la peinture, elle aime de ce coté « Ce qui se passe quand on peint, le fait de ne pas être là ». La peinture c’est aussi c’est aussi la solitude « J’avais besoin de quelque chose de plus direct de plus interactif ». Cela vient naturellement, la musique de manière plus professionnelle cette fois-ci. « Je ne pouvais pas rester Hip Hop, c’est un univers intéressant mais je me sentais limité par le cadre »
En 2007 rencontre avec David Videau, producteur Nantais. De fil en aiguille, naît un premier groupe , un collectif « Black Octopus » avec 11 personnes. puis une évolution vers la première version de Tie and the Love Process. Très vite cependant apparaissent des blocages artistiques. « Ce n’était pas assez moi, je voulais un son plus spécifique ». Séparation donc et développement du groupe tel qu’on le connaît aujourd’hui avec des développements et une recherche permanente.
Tie commence à être satisfaite si elle peut l’être un jour. « Le fil conducteur est là mais il faut le dérouler ». Une recherche permanente donc qui lui permet de continuer son exploration personnelle. « J’ai besoin d’un espace créatif au service d’une émotion ».
On croît percevoir un parcours complexe et sans doute émaillé de bonnes choses comme de mauvaise. A propos de la liberté, ne dit-elle pas : « La liberté c’est la possibilité de faire des choix et la capacité d’assumer ces choix. C’est une conquête, il faut aussi assumer le mauvais côté. c’est une forme de responsabilité. C’est aussi un travail de vigilance avec soi-même, savoir se regarder dans son interaction avec les autres. Aimer le monde c’est y intégrer notre responsabilité. Le projet s’appelle « Tie and the Love Process » en ce sens car c’est un processus long. Un processus qui se construit aussi ». Quelqu’un disait « Ce sont les choix qui nous font ». Ces choix et cette recherche amènent une construction intéressante qui bien sur déteint sur sa musique.
« La spiritualité est centrale, j’ai élaboré mes propres règles entre le soufisme et l’animisme». C’est sans doute tout ce parcours qui a créé une partie de ce qu’est Ngnima aujourd’hui et qui continue à se créer dans un processus continu. Dans l’énergie qu’elle déploie sur scène ou dans la vie également. A écouter et à découvrir car comme disait Leonard Bernstein « Pour justement détester la musique moderne, il faut la connaître. Ainsi, on pourra la détester plus intelligemment. Ou bien, sait-on jamais, l’apprécier. »