Carine Khalil et Amine Trabelsi d’Ithemba, une histoire qui dure, cela fait plus de cinq ans que les deux associés travaillent ensemble, leurs chemins se sont croisés à travers l’Associatif et un amour avéré du partage et du solidaire. Les deux ont une formation assez distincte, Carine est designer à la base et à l’époque, il y a quelques années, elle devait développer son projet de diplôme « je voulais quelque chose qui soit ancré dans l’essentiel » et c’est tout naturellement, qu’elle va choisir un pays en développement pour inscrire son projet.
Par Fériel Berraies Guigny. Photos Diane Cazelles pour UFFP
Amine a fait une école de commerce à l’IHEC en Tunisie puis, il est venu en France où il complète son parcours à l’ESCP et lui aussi voulait dans son parcours, une trajectoire plus « éthique »
Carine et Amine ont d’abord travaillé ensemble pour l’Association « dessine l’espoir » et l’un comme l’autre, un bagage à la main, a traversé certains pays d’Afrique : l’Afrique du Sud et le Swaziland notamment, très touchés par le VIH SIDA, à l’époque.
Ils ont repris les rênes du concept Store éthique « Ithemba » et cela s’est fait presque naturellement.
Amine Trabelsi est tunisien et Carine Khalil est française d’origine syrienne, une association des cultures,n deux trajectoires distinctes, qui expliquent l’ouverture et la sensibilité vers l’autre et l’amour pour la diversité. ITHEMBA le projet et le concept store, sont nés d’une initiative de son fondateur Cyrille Varet. Nourri à la base par le projet des ampoules dessinées par des créateurs de mode internationaux et décorées par des femmes sud-africaines séropositives. ITHEMBA signifie « espoir « en XHOSSA.
Photo Diane Cazelles pour UFFP. Amine Trabelsi et Carine Khalil d’ITHEMBA
Entretien avec les deux managers et associés d’ITHEMBA :
Cette fibre pour l’Associatif et le solidaire, comment l’expliquez-vous ?
Carine : cela ne s’explique pas, cela est inné en moi.
Amine : pour moi aussi, cela fait partie de mes et de nos convictions personnelles. Avoir du sens dans le travail, œuvrer pour quelque chose de tangible, c’est important pour nous.
Cinq ans que vous êtes inscrits dans le projet ITHEMBA ?
Carine : oui cela fait cinq ans mais nous étions au départ, des salariés dans le projet avec Cyrille Varet qui a créé « ITHEMBA » avec le projet des ampoules décorées par les femmes sud-africaines séropositives. Il faut rappeler que ce premier projet date de 2002, et il continue encore à l’heure actuelle. Donc au départ nous travaillions pour Cyrille, puis plus tard on a décidé de nous associer à lui.
Amine : Cyrille se consacre aujourd’hui à des projets plus associatifs, donc il continue de voyager en Afrique. Nous avons repris les rennes, et aujourd’hui notre structure a un registre plus commercial. Bien sûr, le côté humain et éthique est toujours là, même dans cette activité. Cyrille est plus dans la distribution de préservatifs, de médicaments, dans le cadre de la prévention. C’est une action directe sur le terrain.
ITHEMBA est plus orientée Afrique Australe ?
Amine : oui l’Afrique du Sud à l’époque et certains pays d’Afrique Australe, étaient les plus touchées par le VIH. Et c’est aussi pour cela que nous y avons nos attaches et qu’il nous est plus facile d’y retourner, cela n’exclue pas pour autant, notre intérêt pour d’autres pays.
Quels produits ITHEMBA propose à la vente ?
Amine : ce qu’il faut savoir, c’est qu’une grande partie des objets disponibles ici, sont dessinés par Carine qui s’inspire des techniques artisanales. On ne fait pas de l’achat revente, je voyage beaucoup en Afrique et en Asie, pour découvrir les tendances mais surtout les savoir-faire. Cela nous permet de créer des prototypes, pour ensuite les faire fabriquer. Sur certains produits, quand la finition est bonne et que le produit nous touche, on peut prendre le créateur ou l’artisan tel quel.
Beaucoup d’artisans viennent également d’Afrique du Nord ? On a Shems Mechri de Tunisie qui a un travail bien fini ; mais pour tout ce qui touche à l’argent, on fait les prototypes ici et on les crée.
Un résultat entre le savoir-faire et vous comment vous percevez ce savoir-faire ?
Amine : oui on prend le savoir-faire et on l’adapte à nos dessins à nous, afin qu’il corresponde plus au marché européen.
Plus d’ITHEMBA stores dans le futur ?
Amine : oui, cela est bien dans nos projets à moyen terme. On pense à certaines villes de France comme LYON, LILLE etc
ITHEMBA fait des happenings ?
Carine : Oui on aime présenter les créateurs, et l’on est souvent sollicité pour exposer et quand cela nous plait, on aime exposer et présenter d’autres artistes. La prochaine expo, c’est une peintre du nom de Nicole Grenot, Felipe Ortega qui est un artiste espagnol qui travaille sur le dessin à l’encre etc
Amine : on a eu aussi une créatrice de mode qui s’appelle Aude Magnan et qui a une petite marque qui s’intitule les « couleurs du Noir » elle fait du Made in France. C’est une question de rencontres de feelings et il faut aussi que la styliste accepte les règles d’ITHEMBA.
Vos défis ?
Amine : essentiellement dans la perception de notre travail. Les gens pensent souvent que c’est un objet facile. On ne voit pas souvent le boulot derrière la conception et toutes les phases de réalisation. Il faut que les gens réalisent que pour arriver à un produit de qualité, il y a énormément d’efforts derrière. Comme on travaille avec pas mal de pays lointains, du coup en temps et en heures, il y a le côté basique du décalage horaire aussi.
Des salons ?
Amine et Carine : cela ne nous intéresse pas, car on ne se voit pas assurer des productions presque industrielles et cela est budgétivore !
On veut respecter les petits artisans, et on reste dans les petites séries, on ne veut pas perdre le sens de notre démarche. On veut faire travailler les petits ateliers et on tient compte de la traçabilité. C’est vraiment notre positionnement à l’heure actuelle. On reste dans l’objet, essentiellement, car c’est le métier que l’on connait le mieux.
Ithemba Concept Store Ethique et Chic
Clientèle ? Des touristes, des passants, des gens du quartier et des habitués. Des professionnels aussi comme des architectes d’intérieur.
Bilan ? Nos retours sont assez positifs, on plait bien on vend bien et on a pas mal de retours presse. Les clients commencent à s’attacher à la marque et c’est important pour nous, car nous restons dans la continuité. On est pas dans un schéma de commerce classique, il y a beaucoup d’affect dans cette histoire (sourires)
INFORMATION
Ithemba – Viaduc des Arts, 67 Avenue Daumesnil, 75012 Paris
Tél. : 01.44.75.88.88