Faire du commerce et de la création, différemment ? ! c’est possible en tout cas, avec la griffe l’Herbe Rouge.
L’ Humain et l’empreinte environnementale, sont très importants dans la confection des lignes de l’Herbe Rouge.
Assurément, l’homme est le centre de la création et la production mais également, le souci écologique, ce qui donne véritablement un sens à une jolie histoire textile qui ne fait pas dans le » Green Washing » !
En d’autres termes, l’Herbe Rouge, c’est beau et c’est vrai.
Cette griffe textile qu’UFFP affectionne et soutient depuis des années, nous avons voulu apprendre à mieux la cerner. Et nous sommes allés faire une petite visite dans le joli Pop Up store parisien, situé au Viaduc des Arts.
A rappeler pour ceux qui ne connaissent pas la marque que…
Les matières utilisées dans la confection des vêtements l’Herbe Rouge ne sont pas fortuites ou anodines. Elles sont en effet utilisées en pleine conscience et c’est un combat personnel pour les deux fondateurs ( Arielle Levy et Thibaut Decroo) car elles sont classées selon cinq critères et il est bon de les rappeler quand on songe à certaines enseignes du PAP consommé jetable, qui continuent de commercialiser des vêtements toxiques à nos « petits et grands » pour ne pas déroger à leur profit immédiat.
Par Fériel Berraies Guigny
Rappelons le tristement, que la mode contemporaine n’est pas durable …une la palissade en d’autres termes. Mais le comble vient aussi du fait, qu’une certaine « mode » cette mode fast consuming que l’on affectionne tant car low cost « serait aussi, dans certains cas, dangereuse pour la santé » !
Arielle Levy cofondatrice du label l’Herbe Rouge, une militante du textile en mode solidaire et made in qualitatif
Certes, le changement n’est pas pour demain, même si beaucoup de militants comme nous, aiment à rêver que l’économie de demain, idéalement, sera une économie de recyclage et de revalorisation.
Arielle Levy cofondatrice de l’Herbe Rouge, est issue du monde du Textile et a managé pas mal d’enseignes du luxe, c’est dire que son engagement pour la filière textile « réfléchie » ne date pas d’hier.
Avenue Daumesnil, quartier emblématique au Viaduc des Arts , la boutique l’Herbe Rouge a ouvert ses portes en janvier 2014.
A savoir également que le siège de la marque est situé à Roubaix (ancienne ville industrielle du textile) près d’un lieu tout aussi emblématique, la piscine.
UFFP est allée à la rencontre de ce magnifique concept Store parisien, et s’est entretenue avec la cofondatrice.
IMPORTANT
Les critères dont on doit tenir compte quand on produit un vêtement : non dégradation de l’environnement, non dégagement de CO2, tenir compte de la consommation d’énergie, et de la consommation d’eau.
Entretien avec Arielle Levy :
Votre concept store a vu le jour en janvier 2014, pourquoi ? nous voulions réunir l’identité de la marque et son contenu au Viaduc des Arts, qui est bien connu pour sa valorisation des métiers d’Art et de l’artisanat. La marque l’Herbe rouge choisit toujours ses emplacements avec une forte valeur ajoutée. On est à Roubaix, c’est là qu’est la maison mère d’ailleurs. On aime travailler en réunissant et le design et l’artisanat et la création. Ce lieu a une forte connotation emblématique pour nous car en tant que marque éthique et écologique, on se trouve en dessous de la « coulée verte » ; c’est aussi basique qu’iconique : (sourires)
C’est prédestiné ? Sans doute (sourires) mais c’est toujours dans le cadre de ce combat que l’on mène depuis des années. Nous avons dû subir pas mal d’examens, on a fait face à un jury très exigeant et qui nous avait fait confiance et aussi parce qu’il y avait la nécessité de se rouvrir davantage sur les gens, l’extérieur, sur la proximité en fait. Et puis le développement durable, il faut le rappeler, fait partie des points cités dans la feuille de route de la ville de Paris.
Développement durable, mais lieu commercial intéressant aussi votre emplacement de Roubaix à Paris ? Oui, dans les deux cas, on dispose d’un bon emplacement commercial. C’est ouvert vers l’extérieur et donc cela donne aux gens l’envie de rentrer. C’est également, un très fort réseau collaboratif car comme on travaille sur l’Art, on peut faire des expositions. On a la chance d’être prés de véritables « locomotives » que ce soit à Roubaix ou à Bercy.
Roubaix a beaucoup compté ? Oui c’était à l’époque, une des villes les plus riches de France, puis les usines quand elles ont fermé, la donne a sensiblement changé, pour devenir une des villes où l’on compte aussi les pauvres de France. Mais aujourd’hui, nous assistons à un nouveau boom, car les usines ont été restaurées et réhabilitées en lieux de culture.
Roubaix est la ville du textile innovant cependant ? Oui absolument, on fait « différemment » maintenant la confection. Ce qui nous intéresse nous c’est qu’on essaye de faire se rencontrer des geeks de la nouvelle technologie avec des gens de l’ESS ( Ecole supérieur du Design) et dans le NORD, on a la crème de la crème au niveau des nouvelles technologies.
La réunion de ceux qui ont gardé la mémoire du savoir-faire et la modernité ? Oui, ce sont des valeurs que nous affectionnons particulièrement. Et comme l’Herbe Rouge est très centrée sur l’humain, vous imaginez que nous sommes vraiment dans notre élément.
Centrée sur l’humain, c’est inné en vous ? L’humain c’est essentiel pour moi, cela vient de mon éducation déjà et mon milieu multiculturel avec plusieurs religions. J’ai eu la chance, d’avoir ça au biberon. Mes parents travaillaient depuis toujours, pour le bien être collectif et l’on nous a appris dès notre plus jeune âge que « l’autre » était important et que rien, n’était gravé dans le marbre. J’avais une grand-mère qui tricotait, une autre qui m’emmenait dans les magasins. On nous a inculqués des valeurs humaines et le respect des autres. L’empathie est en moi, j’ai vingt ans de textile et je me suis même occupée d’artistes, c’est vous dire.
Avec Thibault Decroo ? Oui on se rejoint sur pas mal de points, on a vu et on a vécu les mauvais côtés du textile et l’on a voulu rendre le textile plus vertueux. J’ai été Manager de grandes structures et grandes marques et enseignes françaises dans le passé et j’ai toujours placé, l’humain avant tout. A travers et en valorisant les gens, on arrive à tant de choses !
Le modèle économique de l’Herbe rouge, mode d’emploi ? et bien c’est trouver un modèle rentable qui arrive à faire vivre toute la chaîne : du cultivateur au consommateur et de rerépartir la valeur ajoutée. Il y a toujours notre volonté, d’aller à un modèle économique plus juste, c’est notre manière de fonctionner. Thibaut et moi avons vu la désindustrialisation du textile, on a vu des emplois fermés et des entreprises. J’ai été moi-même obligée d’accompagner certaines entreprises dans le Nord. Quand on voit des ouvriers qui pleurent et qui ne veulent pas quitter l’usine, on est marquée.
Une vraie expérience et du vécu ? Oui absolument, et donc l’Herbe Rouge, c’est l’aboutissement de ce vécu. La marque est née en 2008 et en 2011, c’était plus des recherches des relations NORD SUD.
L’Afrique, une petite histoire avec elle ? Oui en 2011, on avait été incubés au sein de l’IDEA et l’on avait fait nos premiers modèles biologiques en Afrique, au Mali précisément.
L’humain c’est important, mais vous êtes une Entreprise avant tout ? Oui l’expérience, l’humain, c’est notre base, mais nous sommes avant tout des Entrepreneurs. Nous savons gérer nos entreprises et nous restons très attachés au savoir-faire et à faire bouger demain.
L’innovation, votre grand dada ?! oui c’est un ensemble de choses que l’on essaye de mettre en lumière.
La Mode éthique en France, peut mieux faire ? je veux résumer ma pensée, c’est avant tout une question d’accès au marché. Le consommateur n’est pas ennemi de ses intérêts, je m’explique en d’autres termes : c’est la qualité qui doit déterminer le besoin du consommateur. Qualité, savoir-faire et accessibilité au plus grand nombre à travers des prix qui sont justes, de la qualité mais également, le confort et le bien être.
On peut vivre dans son temps et être dans le confort ? Oui absolument, cela résume l’Herbe Rouge, le développement durable, au fond, c’est une manière de bien faire de la mode. Je pense que le marché est prêt mais nous sommes face à des univers extrêmement uniformisés et le monde est formaté avec de grosses enseignes qui ne veulent pas laisser la place. Aujourd’hui, je suis persuadée que si nous avions dix enseignes réparties dans le pays, le reste ne serait plus que de la littérature. On fait un produit mode, un produit de qualité et on est commerçants et gestionnaires. On valorise le consommateur, alors oui c’est possible !
Une alternative à la mode ? Oui on l’est, quand on crée une pièce l’Herbe Rouge, ce n’est pas forcément écrit que l’on est éthique et écologique. Le problème au fond, c’est le financement et le développement de la Capitalisation.
La mode a besoin d’un grand fond de roulement ? Évidemment et surtout quand en plus on fait de l’ARLD comme on le fait nous pour être encore plus vertueux.
La prise de conscience est là ? Oui elle est inévitable, toutes ces grosses Entreprises font face à la fin d’un modèle économique. Les ressources s’amenuisent, il y a de plus en plus de monde sur la planète, de plus en plus d’enjeux de santé, les collaborateurs ont besoin de se sentir mieux dans leur travail. Le consommateur a besoin de retrouver du sens et du lien à ce qu’il fait. Simplement, certains tentent de faire perdurer jusqu’au bout, l’ancien système dans une période trouble de bascule économique.
Votre Mode touche directement également au sens ? Notre mode est extrêmement tactile « on aime la sensation au toucher » et à travers notre modèle économique, accessible et faire les choses correctement, on y parvient.
L’Herbe Rouge en quatre mots ? Qualité et bien être, création, et Accessibilité et donc cela induit la traçabilité.
Merci l’Herbe Rouge !
L’HERBE ROUGE. Viaduc des Arts. 35 avenue Daumesnil 75012 Paris. Ouvert du Lundi au Samedi de 10 heures à 19 heures. Parking : Opéra Bastille ; Métro : Bastille – Gare de Lyon – Ledru Rollin