Nous sommes allées ce mois de décembre dernier, fouler cette magnifique terre insulaire. Redécouvrir encore et encore le passé pour mieux comprendre le futur de notre humanité.
Redécouvrir le passé douloureux pour mieux compléter son histoire. Car même si la mémoire est douloureuse et honteuse, que le pire de l’homme y a vécu, il reste toujours l’espoir dense et fébrile des âmes éperdues à la quête de cette vérité qui n’est plus.
Par Fériel Berraies Guigny
Photos Diane Cazelles
Pour moi fouler cette terre, trente ans plus tard, me rappelant mes pas de petite fille et composer avec cette sourde et intense tristesse de ce que nos ainés ont commis, fut une lutte de tous les instants.
Aujourd’hui, adulte, femme et mère, je réalise le poids de toute cette histoire sur nous. La rédemption si elle est possible, ne peut et ne doit venir que de cette ile.
J’étais d’ailleurs à mille lieux d’oser imaginer que de ce merveilleux pèlerinage, de retour à Paris, j’allais à mon tour, faire face à la perte de quelque chose qui a beaucoup compté. Avec le temps, j’ai appris à accepter qu’il fallait embrasser la renonciation de ce qui n’est plus.
Alors merci à Gorée et à ma Teranga qui ont nourri ces magnifiques reportages UFFP, sublimés par l’œil photographique de ma comparse et collègue Diane Cazelles. Et parce que Gorée nous a volé notre âme, nous tenterons au moins par les mots et quelques clichés, de vous la raconter.
Gorée oh temps supends ton vol !
Située à 4 kilomètres au large de la capitale sénégalaise, à vingt minutes par la chaloupe, l’île de Gorée est un des petits bijoux du Sénégal.
On aime y découvrir les vestiges d’un passé architectural colonial, une végétation luxuriante composée de baobabs et bougainvilliées.
C’est en déambulant dans les petites ruelles que nous rencontrons l’habitant, femmes accroupies lavant leur lessive, enfants courant et jouant à l’ombre. Quelques chèvres et moutons osant escalader les rochers à la recherche d’une herbe ou d’un débris capable de les nourrir. C’est le côté intime de l’Ile, loin des baraques et attrape touristes, qui je l’avoue peuvent plomber votre visite.
Gorée est insulaire et à l’abri des vents atlantiques, elle est depuis longtemps un abri sûr pour le mouillage des navires. D’origine volcanique, cette île rocheuse est formée de laves refroidies, comme en témoigne l’utilisation du basalte pour diverses constructions.
Elle est surplombée au sud par un plateau granitique. Dans l’anse de Gorée près du port une petite plage de sable bénéficie d’une eau claire et de vagues modérées. L’eau y est un peu plus fraîche que sur les plages du continent.
Gorée une ile pleine de sens
Joseph Ndiaye, conservateur de la Maison des esclaves à Gorée, est le passeur de mémoire et nous rappelle à chaque fois que nous allons à la maison des esclaves,que sur cette île sont passés tous les esclaves noirs en partance pour le continent américain.
Classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, ce petit bout de terre témoigne d’une histoire marquée par l’esclavage, mais elle est aussi un paradis, loin de tout ce qui est polluant et nuisible à l’homme. Echappant au temps et aux bruits de la vie citadine.
De la grande place aux petites rues attenantes, l’ambiance est calme. Les boutiques ouvrent, les restaurants installent leurs terrasses, la vie s’anime doucement.
Gorée a ses artistes
Et si l’occasion vous est donnée de les rencontrer ou tout au moins de découvrir leur travail, la ballade vaut le coup.
Falou Dolly
Dans la grande tradition sénégalaise, Falou peint des sous verre.
Des personnages au cou allongé sont finement dessinés. Enchâssés dans des cadres de planches récupérées.
Djibril Sagna
Artiste recup ou dans la mouvance du recyclart, dans son atelier on peut découvrir, accrochés aux murs des objets récupérés, ces œuvres éclectiques et poétiques sont des sculptures arborant un caractère et une âme bien trempée.
ASAO, la maison des artistes
La maison d’hôte est ici réputée pour son charme et sa convivialité. Y font leur quartier, des artistes dont Moussa Sakho. Ses objets, ses meubles en fer clouté ponctué de sous verre, en peinture et en collage côtoient les incroyables oiseaux du poète casamançais Tall Diedhiou.
Cinq chambres pour les voyageurs et une boutique au rez-de-chaussée, des pièces de textiles, des objets en fer forgé, des vanneries venant du village de N’Dem sont en vente ….. Plus qu’une maison, ASAO est une association initiée par Valérie Schlumberger qui mène depuis longtemps de grands projets, pour les enfants des rues (Cinéma L’Empire), pour les femmes et les jeunes filles en difficultés (avec La Maison Rose)à Dakar et d’autres comme les bracelets de Djenné au Mali .
ASAO/Maison d’hôtes, Tél. : 33 821 81 95 csaodakar@sentoo.sn
DOLLY Falou, Tél. : 77 633 45 47
SAGNA Djibril, Tél. : 77 648 66 35
SAKHO Moussa, Tél. : 77 652 74 29 moussasakho@hotmail.fr