De la finance à l’Art, il y a plusieurs histoires de vie pour Nadia Zouari. Basée d’abord en France, passage à la City Bank, puis décision de tout laisser tomber et de revenir en Tunisie, pour vivre de sa passion : l’Art.
Par Fériel Berraies Guigny
Photo de © Marwen Trabelsi
Artiste plasticienne, Nadia est une femme engagée qui aime conjuguer l’Art pour les bonnes causes.
Nous vous l’avions présenté durant l’Exposition Solid’Art au profit des enfants handicapés de la Ferme thérapeutique de Leila Gasmi.
Photo de © Marwen Trabelsi
Nadia Zouari avec bonheur plein dans les couleurs !
Elle a également été la Commissaire de l’exposition qui regroupait des artistes tunisiens et marocains. Deux initiatives qui ont drainé un public averti et très ouvert « cela a été au dessus de nos espérances, on sent bien que les gens étaient heureux de venir pour voir autre chose et de s’aérer l’esprit » explique Nadia.
L’univers artistique de Nadia Zouari est un mélange de ce qui l’interpelle et l’intéresse le plus « mon chez moi est un véritable laboratoire et j’y travaille » nous explique-t-elle.
quelques unes des peintures exposées au Palais Kheireddine – Musée de la Ville de Tunis
Ecolo à ses heures, Nadia Zouari s’est prêtée au recycle Art, lors d’une installation au Bchira Art Center, un espace contemporain et design très trendy de la capitale. Des choses pas très connues en Tunisie « j’avais proposé une installation où je récupérais les tubes de papier toilettes »
Sensibiliser les enfants dans la récup
Nadia Zouari travaille aussi beaucoup avec les enfants « avec eux je ne fais que de la récup, bouchons de bouteilles, bouteilles en plastique » les enfants sont assez coopératifs ils aiment ce qu’ils font « je leur dis toujours de ne rien jeter » explique nadia.
Des efforts qui restent embryonnaires malgré la volonté de Nadia « ce que je déplore en Tunisie c’est que l’on ne sensibilise pas assez le citoyens sur les dangers écologiques »
Des les classes maternelles on devrait faire un effort « cela m’affole quand je vois un enfant jeter une bouteille dans la rue » ce sont les enfants d’aujourd’hui qui feront demain !
Nadia Zouari avait également participé au salon Objet Recup et elle avait également pris une barricade qui avait servi durant les émeutes après le 14 janvier quand on avait installé des comités de défense de quartier, pour la customiser avec des chaines en peignant le drapeau tunisien. Avec des symboles de liberté et Peace and Love.
Cascades 100 x 100 cm – Technique mixte
Cultiver l’enfant par rapport à l’Art
La Tunisie a un patrimoine artistique très riche mais il reste inaccessible aux enfants. « ll faudrait plus de musées et d’espaces d’expression artistique » explique Nadia. La culture ne doit pas être un luxe et elle doit être accessible à tout le Monde.
L’Artiste a un grand rôle à jouer et doit se battre contre l’obscurantisme
L’événement de « Collines en collines » a justement investi l’espace public pour pouvoir montrer aux gens qui ne sont pas des habitués des galeries, l’Art et son expression contemporaine « même s’ils ne comprennent pas, c’est important de démocratiser l’Art. Une première lecture qui est importante. Surtout aujourd’hui que l’Art et la culture sont menacés par le « voile » et on a très bien vu ce qui s’est passé au Palais Abdelli, j’y étais » !
Au printemps dernier, il y a eu un vernissage qui devait durer deux semaines. Une semaine après un avocat est arrivé accompagné d’un huissier en disant qu’il voulait que tel et tel Artiste cesse d’exposer, car certains avaient des œuvres « Haram » c’est à dire impies. En plus il s’agissait d’œuvres qui n’étaient même pas exposées durant cette exposition. Les galeristes ont refusé. Après sont arrivés des hommes qui ont taggués les murs du palais et quelques salafistes sont montés par les toits, ont réussi à pénétrer dans le palais et ont saccagé et vandalisé certaines œuvres.
Durant la biennale des Arts, il y a eu également plusieurs menaces de mort.
Borderline – 80 x 80 cm – technique mixte
Moucharabieh – 80 x 80 cm – Technique mixte.
Le Statut femme artiste est le pire des statuts dans la Tunisie actuelle
Mais les artistes au féminin ne se découragent pas pour autant « on tient le coup, on montre qu’on aide, on est dans la solidarité et l’échange » explique Nadia Zouari. C’est important de rester solidaires, de se mobiliser « on a vu durant ces derniers événements qu’unies nous pouvions être un contrepoids » explique l’artiste tunisienne. Pour pouvoir avancer, c’est important de rester dans la cohésion. Il y a des moments d’espoir et de graves inquiétudes quand on voit les sujets que l’on est en train d’aborder alors qu’ils n’ont pas lieu d’être « on nous sort des problèmes auxquels on ne pensait même pas et c’est absolument indécent qu’une jeune fille puisse lire des insanités de la part de vieux illuminés » !
Mais les femmes tunisiennes sont militantes et fortes on voit l’épouse de Chokri Belaid qui continue de se battre «rien que cela doit nous donner du courage » !
l’artiste comme la promotrice sont des modèles accomplis de femmes bien tunisiennes,
ô femmes de Tunisie,
indignez-vous, mobilisez-vous,
battez-vous et ne comptez que sur vous-mêmes!