Feriel Berraies Guigny. Présidente de United Fashion for Peace
J’écris ces quelques lignes à un moment charnière de l’histoire de mon pays, la Tunisie, terre de mes ancêtres. Je suis revenue aux premières lueurs du printemps, sur la terre d’Elyssa à la recherche de mes racines et à la rencontre des femmes comme moi qui se battent pour un avenir meilleur et durable pour notre région.
Couverture édition digitale Maghreb. Spéciale Tunisie. featuring Emna Mnif de Kolna Tounes
Du Nord comme au Sud, les femmes, subissent les dommages collatéraux des systèmes capitalistes déshumanisés et des pouvoirs politiques et religieux qui les instrumentalise. Le monde est en pleine mutation mais il a décidé ou en tout cas dans certaines région, tente d’écarter la seconde moitié d’une société : les femmes.
S’il s’agit bien de la fin de quelque chose, d’un cycle, d’une déchéance de certaines de nos valeurs confrontées aux bourbiers géopolitiques de notre temps, il convient cependant de préciser que la Nation des Femmes « Womanity » n’est pas prête à lâcher l’affaire. Le Monde est orphelin en cette nouvelle décennie et c’est bien le mal, ce qui tue le monde : le manque d’amour et l’individualisme , le manque d’éthique.
Pour ce numéro d’avril, chers lecteurs j’ai voulu vous parler de ma Tunisie au féminin, de toutes ces femmes incroyablement belles et courageuses qui cherchent désespérément à préserver leurs acquis de femme libre. Car l’hiver islamiste a pris le pas depuis deux ans sur le printemps du jasmin, il a tout tué sur son passage et le réveil arabe a ouvert la voie auX plus grand désenchantements. Nous sommes toutes en état d’alerte maximum et nous nous sentons toutes trahies. Celles qui vivent expatriées ou exilées sont aussi concernées et ont tout à perdre, leurs problèmes ont simplement temporairement été déplacés. L’heure est donc à la solidarité et à l’union au féminin !
Ill ne faut pas ignorer la force et la résilience des femmes . Et ce numéro leur est dédié. Pour pouvoir aller à leur rencontre, Il était important pour moi, de revenir au bercail, sur la Terre d’Elyssa, ma Tunisie pour les écouter, partager avec elles, m’interroger sur le devenir de cette seconde meilleure moitié de la société et de l’humanité.
Tunisiennes cherchent leurs droits désespérément, ou devrais-je dire cherchent à les préserver, oui c’est un chouette jeu de mots histoire de prendre cette histoire douloureuse au féminin, sur un ton plus léger. Car il le faut, pour pouvoir assumer tous ces lourds chantiers qui nous attendent. La bataille nous le craignons sera longue, un retour en arrière sera malheureusement inévitable, chemin faisant et il faudra le supporter.
Nos grands-mères, nos mères et nous-mêmes avions grandi avec la certitude de ses libertés bourguibiennes, nos filles auront moins de chance, elles devront repartir peut-être de zéro. Et pourtant, il ne faudra pas renoncer, quand l’une d’entre nous tombera, il faudra lui tendre la main et pas seulement en Tunisie dans tous ces pays de l’après éveil arabe qui semblent tous contaminés par cette étrange maladie qui avance voilée pour mieux dire son nom.
UFFP est allée à la rencontre de politiciennes, militantes, artistes, juristes et femmes chefs d’entreprise. De femmes étrangères vivant en Tunisie, pour cueillir leurs confessions à cœur ouvert.
De la corporate par excellence Leila Khaiat à celle qui trempe dans l’entrepreneuriat Social Essma Benhmida, à celles plus politisées comme Bochra Bel Hadj Hmida, Emna Mnif ou encore Meriem Bourguiba Laouiti, elles sont toutes sur le front, pour une Tunisie libre au féminin. Soukeina Bouraoui quant à elle, chercheuse par le biais de Cawtar tente tant bien que mal de faire bouger les mentalités afin que la femme arabe puisse se réaliser entièrement dans le tissu professionnel. Sophie Bessis , nous livre sa vision éclairée entre les deux rives de la Méditerrannée sur ces gardes fou qu’il nous faut à tout prix installer sous peine de tout perdre. Le chemin est long et ardu mais il vaut la peine d’être parcouru et quand l’Art s’en mêle, au détour de jeunes femmes engagées comme Lilia El Golli ou encore Nadia Zouari avec Solid’Art, alors nous ne pouvons qu’ espérer parvenir à construire un avenir juste et durable pour notre pays. Les catégories vulnérables sont aussi parmi les laissés pour compte de cette Tunisie d’entre deux , et Leila Gasmi avec sa ferme thérapeutique démontre qu’avec un peu de moyens et de beaucoup d’amour, nous pouvons contourner les plus grands handicaps. La création et l’artisanat ne seront pas en reste et on vous parler des bijoux de Lionelle Kanoun, française devenue tunisienne d’adoption qui se bat pour la filière artisanale de notre beau pays. Et parce que tant qu’il y aura des femmes on sait qu’il y aura de l’amour et de l »espoir, on vous parlera également du premier Festival de mode de Tunis, initié par Samir Ben Abdallah, pour vous démontrer justement que la terre du jasmin est hyper talentueuse et créative qu’importe les errements politiques de notre temps. La Présidente de UFFP et sa reporter ont été invitées à cet évènement que nous vous raconterons dans nos prochains numéros.
Au retour sur ma terre d’adoption la France, je regarde en arrière et le cœur rempli d’amour et de fierté, je me sens encore aujourd’hui, envahie d’un devoir suprême : porter leur voix et leur flambeau du haut de ma modeste plume.
Les Tunisiennes sont des hommes, elles ont ce courage et cette dignité qui les décrivent depuis la nuit des temps, elles sont vaillantes et guerrières elles n’hésitent pas à se mettre en danger.
Il faudra beaucoup pour casser la culture démocratique et laïque de mes concitoyennes, musulmanes fières et libérées, assumées dans leur identité arabo-musulmane non refoulée mais MODEREE ET MODERNISTE !!!
Quand le monde cessera d’instrumentaliser les femmes à des fins politiques ou religieuses alors on aura compris ce qu’est une société durable. Je pense aussi que la bataille en France sur la parité n’est pas pour autant gagnée et cette France plurielle que je représente aussi aujourdhui, a pas mal de chantiers à entreprendre. UFFP conviée une nouvelle fois au Prix l’Oréal Unesco pour les femmes scientifiques en mars dernier, vous racontera aussi ces magnifiques histoires de femmes prêtes à tous les sacrifices pour faire progresser leurs sociétés et le Monde, par la Science.
C’est vous dire la tâche de UFFP qui du haut de sa francotunisianité assumée se doit de ne jamais lâcher prise, qu’importe les moments de fatigue et de lassitude. Du Nord au Sud, un seul dialogue : celui de l’unité et de l’échange, c’est ainsi que nous les femmes pourront assurer le futur pour de meilleurs lendemains.
En refermant la parenthèse tunisienne et française, chers UFFPiens, le numéro d’avril annoncera également le nouveau look de notre webzine qui sera novateur et encore plus performant pour votre plus grand plaisir digital. Et ce ne sera pas un poisson d’avril !
Nos rubriques mode beauté et santé vous proposeront encore et toujours le nec plus ultra des tendances écolos et éthique et même le luxe que vous aimez tant. Avec des jeux concours avec les marques coups de cœur de UFFP.
Des shooting inédits avec les créateurs qui cartonnent sur Paris, dont la marque franco ghanéenne Abla Volta qui est la couverture anglophone de UFFP du mois d’avril et une jolie marque de bijoux la fille menthe à l’eau qui a fait notre couverture francophone. Oui UFFP est une réellement une dénicheuse de talents et vous proposera comme d’habitude des entretiens coup de cœur avec les personnalités du mois et les reportages des évènements dont nous sommes partenaires Media.
Les rubriques phares dans la lignée de la mouvance women empowerment continueront aussi à vous révéler tous ces hommes et femmes formidables qui tentent de faire de notre monde quelque chose de meilleur.
Alors en attendant, chers lecteurs, lisez nous, partagez nous, mettez nous dans vos favoris, likez nos pages twitter et facebook. Aimez nous comme nous vous aimons !
En attendant de nous revoir, bons baisers de Tunisie et de France !
envoye-special-tunisie