« Les États africains doivent mieux encadrer les filières de la création dans le Continent » : la bataille et l’engagement de Khadi Diallo
Ivoirienne avec du sang de toute l’Afrique de l’Ouest certainement » c’est ainsi qu’elle se présente. Commissaire Artistique du pôle Mode du Festival Mondial des Arts Nègres, Khady Diallo est aussi Conseiller Culturel rattaché à l’Ambassade de Côte D’ivoire à Paris. Nous l’avons rencontrée au Sénégal durant les préparatifs du Festival. Lumière sur cette grande dame amoureuse de la culture avec un Grand C pour parler des avancées mais également des défis reliés à la mode africaine.
Entretien:
La mode et la Culture quel lien? je suis dans la culture depuis un certain nombre d’années. Mais j’ai commencé par faire du journalisme de télévision, j’étais speakerine en Côte d’Ivoire. J’ai fait mes études en France aux Buttes Chaumont, une ancienne école où j’ai croisé de grandes personnalités et j’ai été stagiaire de gens comme Jacques Chancel, Drucker etc
Je suis repartie dans mon pays par la suite, j’ai été productrice indépendante, animatrice pour des émissions francophones, je me suis spécialisée ensuite en ingénierie culturelle où j’ai organisé mon premier salon international de la mode du textile et du design » le Palaiseau »
Après cette expérience j’ai été appelée par le gouvernement ivoirien pour entrer dans des cabinets ministériels en tant que conseiller de plusieurs ministres de la Culture. Actuellement j’ai comme mission d’ouvrir la première représentation culturelle de la Côte d’Ivoire à l’étranger avec point d’essai à Paris et je reste le conseiller culturel de l’Ambassadeur de Côté d’ivoire puisque ma représentation se trouve au sein de l’Ambassade même.
La Direction artistique du pôle mode du Festival Mondial des Arts Nègres c’était un défi? un travail titanesque qu’il a fallu préparer en six mois. Mais je me suis organisée de sorte de pouvoir relever le défi car étant issue de la mode. De plus, étant une très vieille amie de Chris Seydou que l’on considère comme étant le père de la mode africaine, je m’en suis tirée.
Ill faut rappeler par ailleurs, que nous avions créé ensemble la fédération africaine des créateurs en 1993. Chris et moi rêvions de constituer un réseau panafricain qui permettrait d’aider chaque association nationale afin de parler d’une seule voix auprès des autorités. On voulait structurer la mode et retrouver un pays parmi les pays d’Afrique de l’Ouest pour pouvoir être un Centre de production. Comme un peu ce que fait le Maroc avec les pays européens. Cela nous aurait permis de constituer un calendrier de production tout à fait honorable qui permettrait de d’honorer les demandes. Notre ambition était par cet intermédiaire de créer un marché de la mode. Pendant des années en Côté d’Ivoire il y a eu le SITA le salon international de l’habillement et du textile et lorsque cela s’est arrêté vers les années 80, tous les créateurs se sont dispersés dans leur pays à la recherche d’inspirations nouvelles. A l’époque, Abidjan était la capitale de la mode et d »autres Arts aussi.
Quels ont été vos critères de sélection pour les créateurs du Festival des Arts nègres? on m’a approchée en me disant qu’ils voulaient trouver les créateurs des grandes régions africaines et de la diaspora. Il fallait que cela s’adresse à une marque, qu’elle soit l’objet d’un effort de communication. En d’autres termes, il fallait qu’elle ait une petite notoriété. D’autre part, il fallait aussi travailler sur la matière faite en Afrique, le patrimoine; l’artisanat etc. Il fallait exister au moins depuis une dizaine d’années. Il y avait la contrainte géographique d’une part et le fait qu’il faille travailler avec les Commissions nationales. Et bien sûr il fallait, réagir à temps.
Un marché de la mode du textile et du design en Afrique, c’était votre rêve? le textile sert à la décoration comme il sert à la couture et avec le Palaiseau, on avait crée un salon du marché du textile mais après la première édition en 1997, on n’a pas pu faire la seconde édition car il y a eu un coup d’état.
La mode une histoire familiale? oui on peut le dire (sourires) ma mère a été la première femme africaine à ouvrir une boutique en Côte d’Ivoire spécialisée dans le prêt à porter occidental. Et puis l’amitié avec Chris Seydou, toutes ces personnes sont présentes dans ma vie dans mon cœur. Je continue aujourd’hui à travailler dans ce sens pour venir répondre à des besoins réels et actuels.
Aujourd’hui, avec l’expérience, le recul et les années que pensez vous des créateurs africains? Les créateurs africains il faut le dire sont aujourd’hui d’un niveau international dans la création, leur création mérite une production mieux encadrée et regardée par les gouvernements et les encadreurs. Il leur faut des structures d’aide à la promotion et à la commercialisation extérieure de l’industrie. Mon implication dans ce pole mode impliquait de proposer un véritable programme, je voulais montrer que pour la promotion de la production textile à travers une exposition, il ne suffisait pas simplement de faire un show seulement. Je voulais des défilés de haut niveau, une programmation technique de haut niveau et un catalogue de haut niveau aussi. Je voulais une version interactive pour que cela devienne un portail internet pour la mode et le textile dans le futur. Il faut que les Etats apprennent à mieux gérer la filière textile pour ensuite mieux la commercialiser.
Construire quelque chose dans la durée? La mode a une valeur internationale, les créateurs sont nos ambassadeurs, ce secteur participe au développement car la culture est un produit de première qualité et nécessité! Regardez l’Afrique du Sud ils investissent énormément dans la culture et l’artisanat et ils ont une rentabilité qui se voit. Regardez le Maroc ou la Tunisie, leur tourisme leur artisanat sont un moteur de croissance pour ces pays.
Mais le travail doit aussi venir du créateur? Absolument, il ne s’agit pas de faire un défilé et d’en rester là. Il faut être dans le management, créer et prendre des initiatives.
Comment sensibiliser sur le « buy african »? c’est un travail de longue haleine, mais ce qui est important c’est d’abord de lutter d’abord contre la pauvreté. Si on ne donne pas à un pays l’infrastructure minimale qu’il faut pour la santé et l’éducation, comment voulez vous sensibiliser sur le buy african? il faut l’Etat de Droit, la prise de conscience. Chaque peuple doit s’organiser et la société civile doit s’organiser en ce sens. Si les créateurs africains sont délocalisés ce n’est pas par choix mais simplement parce que les populations ont d’autres préoccupations. Pour les retenir il faut déjà que dans les villes il y ait une foi à la consommation locale possible. il faut adapter sa production à la demande locale et ensuite on voit si les écoles de formation permettent d’avoir un produit de qualité au niveau local, puis national puis on s’ouvre à l’international.
Crédit photo: Lo Calzo
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Khady Aw Diallo est la perle la plus rare que je connaisse !
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c’est une grande dame et surtout une amie qui a soutenu dés sa naissance UNITED FASHION FOR PEACE ! nous l’avons rencontrée avec Diane Cazelles à l’Ambassade de Côte d’Ivoire l’année derniére, UFFP venait de faire ses premiers pas :p
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