UFFP était invitée au dernier Drawing Now qui s’était déroulé au printemps dernier sur Paris. Rendez vous incontournable qui célèbrait le meilleur du dessin sous toutes ses coutures.
En 2022, le Carreau du Temple lançait sa première foire d’art contemporain en Europe exclusivement consacrée au dessin. Un kaleidoscoope du dessin des cinquante dernières années. Plus de 70 galeries du monde entier, présentait des œuvres de 400 artistes. Depuis 2021, le Printemps du dessin, se mobilise autour des artistes et fédère, partout en France, les institutions, les centres d’art et les monuments nationaux. Ces derniers font la part belle au dessin contemporain avec des ateliers, conférences, rencontres ou toute action artistique dessinée. L’événement a recu le soutien du ministère de la Culture, en partenariat avec le Centre des monuments nationaux, Réseau Documents D’Artistes et le Frac Picardie.
DRAWING NOW Art Fair
Première foire d’art contemporain en Europe exclusivement consacrée au dessin, elle a permis de faire découvrir des galeries de renom, tout en faisant découvrir des talents, moins connus du public. La Galerie Ariane C-Y qui y faisait sa première participation, au Carreau du Temple, du 19 au 22 mai 2022, nous avait permis de découvrir le travail d’une artiste parisienne de cœur et vénézuélienne de naissance : Rosa Maria Unda Souki.
Au hasard de nos pérégrinations, nous fumes interpellée par des dessins sobres mais néanmoins puissants et des écrits, mais sans savoir l’origine ou l’objet… au départ.
Par Fériel Berraies Guigny
La galerie présentait le travail de cet artiste, qui avait lancé un roman illustré, paru chez Zulma en août 2021, mêlant écriture et dessins.
Les dessins originaux de l’oeuvre « Ce que Frida m’a donné » ont été révélés pour la première fois en exclusivité à Drawing Now Art Fair et nous avons eu le bonheur de les découvrir.
Nous sommes allés à la rencontre de cet artiste passionnante, Rosa Maria Unda Souki. Elle s’est gentiment prêtée au jeu des confidences entre « femmes »
Nous avons longtemps parlé, de Frida mais aussi de notre vision du Monde et de l’amour, des métissages culturels et de nos pérégrinations affectives qui nous ont toutes deux fait venir en France.
Rosa Maria était fasciné par le destin de celle qui a inspiré son œuvre mais elle était surtout désireuse de montrer une image plus intimiste et authentique d’une icone profondément humaine mais que la surmédiatisation de masse avait parfois déformé.
Le retour à la Maison Bleue fut plus qu’un besoin de compréhension et retour aux sources, il est aussi le vibrant hommage de l’intemporalité de l’œuvre que nous laisse Frida toujours aussi contemporaine et actuelle. Elle qui a fait couler beaucoup d’encre à son époque continue de fasciner et d’amener les femmes à se dépasser et se surpasser envers et contre tous les carcans.
L’œuvre de Rosa Maria Unda Souki s’attache au respect de sa vérité, sans surenchère ou flagorneries et la peinture de sa maison Bleue en est la substantifique moelle.
A une période charnière de sa vie, entre identité et questionnements, Rosa Maria se perd dans les méandres du passé de Frida pour mieux se retrouver. Son eternel envie de repartir où qu’elle soit de Paris au Brésil, sa recherche de racines et de sens, l’amène justement à ce voyage introspectif.
Dans la chaleur de l’été 2019, Rosa Maria Unda Souki alors qu’elle attend l’acheminement de ses œuvres depuis le Brésil, retrace ce qui l’a menée à consacrer cinq ans de sa vie artistique à Frida Kahlo. En peignant sa célèbre Maison bleue, elle fait un voyage qui l’amène à découvrir un autre intime, le sien et celui de Frida. Car l’autre visage de Frida ; le moins surfait, le plus intime, et le plus sincère, lui permet de mieux se retrouver. Voilà que grâce à l’œuvre de Frida, celle-ci lui permet en quelque sorte d’appréhender un nouveau elle et une nouvelle compréhension de sa vie.
Partir pour mieux revenir
En quête d’elle-même, Rosa Maria renoue avec une Frida intime, comme si les clés pour se retrouver devaient passer par ce voyage initiatique. Au départ, le hasard, puis le sens qui prend peu à peu forme, le sens de tout un engagement artistique. Un chassé-croisé incessant qui la définit encore et toujours.
Elle est partout, et rien ne peut la contenir au fond. Car sa pensée créatrice est hors frontières bien qu’elle choisisse d’investir un carrefour précis entre la France, le Brésil, le Venezuela.
Se chercher et se comprendre à travers Frida, se perdre pour mieux se retrouver et donner un sens à certaines absences dans sa vie : le papa disparu, la maison d’enfance à Guama, au Venezuela ; l’exil et le prix qu’elle a payé pour devenir l’artiste qu’elle est.
« Ce que Frida m’a donné « est un vibrant hommage mais aussi et surtout, un voyage personnel et solitaire, dans le respect de la mémoire des disparus.
Une œuvre poignante, illustrée de dessins au graphite et des tableaux originaux de l’auteure.
Nous ne pouvions manquer de parler de cette rencontre magnifique avec du recul néanmoins, tant la rencontre avec l’artiste a été un énorme coup de cœur.
Rosia Maria Unda Souki et Feriel Berraies Guigny
Je suis née un six juillet comme Frida Kahlo ( il y a soixante ans) et c’est un hasard troublant. Frida et Feriel, deux destins, avec Rosa Maria Unda Souki qui comme moi est citoyenne du Monde mais en éternelle quête identitaire. Je me rappelle encore de cet entretien comme si c’était hier et les larmes et ma voix brisée un certain moment quand j’ai dit à l’artiste « qu’elle voulait toujours repartir vers un chez soi idéalisé et imaginaire » à la recherche de ce sentiment d’appartenance qui nous fait toujours défaut.
Maria citoyenne artistique du Monde
Rosa Maria Unda Souki est née en 1977 à Caracas. Artiste peintre, elle expose à Paris, Madrid, Londres, New York, Séoul ou São Paulo. Ce que Frida m’a donné nous invite à un troublant voyage, universel et très personnel, au coeur du processus créatif et de la réconciliation avec soi-même.