Barah Mikail : pour une autre lecture du printemps arabe

  • By UFFP
  • 31 mai 2013
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Barah Mikael : le rêve démocratique arabe est-il est berne ?

 

Le printemps arabe a amené une nouvelle lecture de  la carte géostratégique  pour la région. Le printemps arabe bien qu’ayant  signifié une avancée  historique notable et l’espoir d’une réelle démocratie en devenir pour les pays nouvellement libères de la dictature, est confronté à des errements sans fin, remettant en cause les fondements des soulèvements populaires bien que guidés pour certains. Car deux ans après, beaucoup de questionnements persistent surtout après la récupération religieuse et politique qui relance à nouveau les mêmes mécanismes autocratiques  honnis sur  fond d’islamisation radicale.

L’histoire est en cours et rien n’est définitif ni manichéen, c’est en tout cas ce que propose le chercheur Barah Mikail avec son essai « pour une nécessaire relecture du printemps arabe » paru aux éditions du Cygne.

Il font en effet beaucoup de recul, pour comprendre tous ces  bouleversements.

Barah Michael parle des rêveurs démocratiques mais également de la présence de contre mouvements ou pouvoirs qui peuvent influer négativement sur le cours des événements. UFFP s’est entretenue avec lui pour  faire le bilan de l’après réveil arabe.

Une nécessaire relecture  du « Printemps arabe paru (éditions du Cygne, Paris, 2012)

 

 

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Bio Express :

 

Barah Mikail est directeur de recherches à la FRIDE (Fundación para las Relaciones Internacionales y el Diálogo Exterio), centre européen de recherche basé à Madrid et Bruxelles. Il était auparavant directeur de recherches sur le Moyen-Orient, l’Afrique du nord ainsi que sur les questions liées à la géopolitique de l’eau à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) de Paris (2002-2010). Il a enseigné au Collège Interarmées de Défense du ministère français de la Défense (2005-2007) ; à l’Université Paris-8 Saint-Denis (2005-2011) ; et à Sciences-Po Lille (2004-2005). En 2003, il a également été analyste sur le Moyen-Orient au ministère de la Défense.

Barah Mikail est docteur en science politique (Université Paris 8) ; il est titulaire de masters en Science politique (Université Paris 8), Relations internationales, et Civilisations arabe et islamique (Université Marc Bloch, Strasbourg).

Il est l’auteur de nombreux articles ainsi que de quatre ouvrages : « La politique américaine au Moyen-Orient », Dalloz, 2006 ; « L’eau, source de menaces ? », Dalloz, 2008 ; « La Syrie en cinquante mots-clés », L’Harmattan/Comprendre le Moyen-Orient, 2009 ; et « Une nécessaire relecture du « Printemps arabe » », Editions du Cygne, 2012.

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Entretien avec UFFP :

1 Pourquoi ce livre ?  Une relecture c’est un peu précoce non, l’histoire n’est-elle pas en cours ?

Relire ne veut en rien dire faire un bilan. En effet, le « Printemps arabe » n’a pas encore épuisé sa première séquence, et une grande partie de ses déterminants se trouve en Syrie. La relecture suggérée par ce livre consiste plutôt à nuancer le soubresaut démocratique régional que certains ont voulu voir dans les soulèvements tunisiens de 2010, la chute de Ben Ali qui s’en est suivie, et la manière par laquelle d’autres pays ont connu une évolution similaire, même si à degrés variables. Ce qui sous-tend par ailleurs ma réflexion, c’est le malaise qu’ont provoqué en moi les tentatives de récupération de ces événements de la part de personnes plus intéressées par leur agenda politique que par le bien de la région. Donc c’est à une relecture des événements tels que nous les avons interprété depuis le début que j’appelle, ne serait-ce que pour ne pas continuer à s’étonner de ce que le monde arabe n’évolue pas forcément comme on l’escomptait initialement.

 

2 vous parlez d’une brèche démocratique souhaitée certes mais ce qui passe à l’heure actuelle et au grand dam des libéraux et démocrates musulmans n’est pas souhaitable pourtant ?

Je crois qu’il est erroné de vouloir faire de la coloration politique obtenue, ou du taux de participation effectif aux élections, le critère d’appréciation du degré d’avancement démocratique d’un pays donné. Votre question fait manifestement référence aux victoires islamistes en Tunisie et en Egypte. Certes, dans ces deux pays, non seulement la victoire politique des islamistes a pu être perçue comme choquante, mais de plus, les formations qui y sont au pouvoir se sont avérées en décalage avec les requis pour l’exercice du pouvoir. Ils ont souligné le degré de polarisation politique ambiant. Cela étant dit, je pense que ce n’est pas parce que le résultat est tel que l’on peut forcément en conclure une absence de critères représentatifs. Oui, non seulement la brèche démocratique était souhaitée, mais il faut qu’elle se renforce. Au-delà de cela, je continue à croire au pouvoir des urnes. Quant aux forces d’opposition, je crois qu’il leur faut aussi apprendre à s’unir ou à faire preuve de plus de cohérence si elles veulent augmenter leurs chances d’accès au pouvoir.

 

3 La « menace » islamiste ce n’est plus le cas, c’est une réalité ? Quelles en sont les conséquences à long terme ? La wahabisation de la région était prévue et calculée avant les révolutions ?

Il est excessif de parler de wahabisation de la région. Incontestablement, les deux pays wahhabites de la région, le Qatar et l’Arabie saoudite, ont fait valoir un jeu régional avec le « Printemps arabe ». Mais pourquoi s’en étonner ? Le jeu de ces deux pays est, à l’égal de beaucoup d’autres pays, basé sur des politiques d’intérêt et une volonté de développer une stratégie d’influence. Les Saoudiens ne font pas un jeu nouveau, ils étaient déjà dans la région avant le « Printemps arabe ». On les a même vus jusqu’en Afghanistan et au Pakistan, comme le montrent les événements des années 1980. Côté qatari, c’est le même son de cloche : il suffit de se souvenir de qui avait été l’acteur qui avait accepté de payer la facture des infirmières bulgares il y a quelques années, et quels retours il a depuis obtenu en termes économiques, commerciaux, mais politiques aussi. Donc de telles stratégies sont parties pour durer, et elles sont avant tout basées sur des stratégies étatiques. Quant à la « menace » islamiste, tout dépend de ce que l’on entend par là. Si c’est aux violences religieuses que l’on fait référence, non, celles-ci ne vont pas cesser, et elles font mêmes partie des acteurs cherchant à tirer profit du « Printemps arabe ». Par contre, je crois qu’il ne faut pas exagérer la menace « d’islamisation » que l’on veut voir pour la région et au-delà de ses frontières. Les mouvements islamistes, politiques non violents soient-ils ou radicaux, veulent faire valoir leur droit au pouvoir. Mais je doute que le monde arabe soit plus islamiste, ou plus enclin à la violence, qu’il ne l’était à la veille de 2011.

4 Qatar, Arabie Saoudite et USA et Israël y ont joué un rôle malsain pour beaucoup, vous en pensez quoi ?

Tout dépend de la perspective depuis laquelle on se situe. Je crois que toute politique d’ingérence dans les affaires souveraines d’un Etat est malsaine. Et quand elle ne l’est pas, elle reste basée sur des politiques d’intérêt. Donc une fois cela dit, à chacun de voir ce qui lui convient le mieux. Je mets le cas d’Israël à part, il va de soi que le monde arabe n’est pas encore prêt à raisonner de manière froide sur cet Etat, et ce pour des raisons évidentes et justifiées. Par contre, s’il ne me semble pas choquant de voir certains mouvements et éléments être ravis de pouvoir bénéficier d’une aide américaine « pro-démocrate », je trouve plus gênant de croire au discours américain et à la noblesse des intentions de Washington ; demandez aux Palestiniens ou aux opposants bahreïnis ce qu’ils pensent de l’attitude américaine et vous aurez vite la réponse. De même, côtés saoudien et qatari, si l’élan pro-démocratique était si fort, je pense qu’il aurait pu s’exercer dans leur pays évidemment, mais aussi dans leur voisinage proche (Bahreïn et Yémen par exemple). Le tout sans oublier que, si les Qataris en particulier étaient vraiment intéressés par la démocratie en Syrie, ils auraient œuvré de manière plus favorable aux opposants légitimes, ceux de l’intérieur du pays, plutôt que de tirer les fils d’une opposition de la diaspora non-représentative des Syriens tout en participant du renforcement des phénomènes de radicalisation idéologique comme militaire sur le territoire syrien. Donc oui, je crois que toutes les politiques d’ingérence que vous citez ont eu un contre-effet ; mais il revient aux citoyens et à leurs classes politiques de contrebalancer ces phénomènes. Et je crois sur ce plan que, en dépit de ses difficultés, la Libye est un exemple prometteur.

5 Aujourd’hui on assiste au piétinement des droits humains une nouvelle fois et des femmes ? vous en pensez quoi ?

Je crois qu’il est excessif de parler d’un tel piétinement des droits humains. Si l’on s’attendait à ce que les pays en transition se convertissent du jour au lendemain à Rousseau et Voltaire, alors oui, on ne peut qu’être déçus. Si l’on s’attendait à plus de sens de la responsabilité et mois de radicalisme au niveau de l’échiquier politique égyptien, oui, on a tout autant de raisons d’être déçus. Par contre, considérer que les balbutiements d’aujourd’hui sont autant de parcours entachés d’erreurs qui serviront de leçons à l’avenir me paraît plus raisonnable. Evidemment, les forces islamistes continueront à faire valoir ce qu’elles veulent et conçoivent ; mais je crois qu’elles continueront à avoir le vote des citoyens pour principal obstacle qu’elles ne pourront que difficilement contrer. Donc, aux citoyens de faire valoir ce qu’ils veulent, le moment venu, même si ce moment semble parfois lointain.

 

6 Al Qaeda chez nous au Maghreb et une rétrogradation des mœurs devant l’attentisme international, pourtant le fléau menace aussi le Nord, comment jugez vous cette politique étrangère interventionniste française au Mali par ex pour combattre l’islamisme, alors que l’on tourne le dos au Niger, à la Mauritanie et au Maghreb ? Après tout la zone euromed c’est aussi le Maghreb et c’est aux portes de l’Europe non ?

C’est là la confirmation de ce que les puissances occidentales engagées dans des stratégies de lutte contre al-Qaïda et consorts le font primordialement au départ de leurs propres intérêts. Le Mali est un parfait exemple de l’instrumentalisation de la donne islamiste à des fins stratégiques ou politiques. Je ne suis pas en train de dire que le Mali aurait du être laissé livré à lui-même ; évidemment, ses évolutions étaient et demeurent déterminantes pour tout son environnement régional. Mais si je ne vois pas forcément d’un mauvais œil ce qui s’est passé au Mali, je crois qu’il ne faut pas pour autant trop se réjouir si l’on venait à voir des initiatives similaires pulluler. De ce point de vue, la situation actuelle au Maghreb ne me paraît en rien comparable à ce qui avait lieu au Mali ; je ne vois donc pas pourquoi on devrait penser à une intervention militaire dans les pays qui le constituent.

7 Vous parlez des limites de l’importation de la Démocratie occidentale ?

Je crois surtout que la démocratie n’a rien d’occidental. Certes, en dépit de leurs imperfections, les Etats occidentaux sont démocratiques ; mais cela ne veut pas dire qu’ils sont les dépositaires de valeurs universelles se devant d’être importées par tout un chacun. On peut très bien encourager les pays non occidentaux à dépasser des abus tels que les atteintes aux libertés, les frasques et abus judiciaires, le respect des droits humains et citoyens, ou encore l’ouverture à plus de respect vis-à-vis des autres cultures sans pour autant estampiller le tout d’un label « occidental ». A chacun son rythme, et à toute société la charge de définir ce qui lui correspond. En ce sens, je crois au potentiel de la société civile. Ses composantes, leur travail, leurs objectifs, sont les endroits d’où émane la légitimité. Ce d’autant plus qu’elles demeurent évidemment libres de donner les impulsions qu’elles souhaitent en composant avec les partenaires étrangers qu’elles veulent choisir.

8 Beaucoup réfutent la thèse d’un soulèvement spontané et populaire des pays arabes comme ce fut le cas pour la Tunisie et l’Egypte ?

Je ne suis pas de cet avis. Je sais que la théorie du complot a bonne presse dans les pays arabes. Mais je crois qu’il n’y a aucune raison de vouloir douter de la spontanéité du soulèvement tunisien. Après, il va de soi que les mouvements qui ont suivi, en Egypte en partie, mais surtout en Libye et en Syrie, peuvent être discutées. Mais dans la globalité, je crois que pour chacun des pays de la région, les embryons contestataires initialement apparus l’ont été au départ de revendications sincères. Après, oui, incontestablement, dans ce flot, il y a eu récupération par des acteurs intéressés. Et cela vaut même dans le cas de la Tunisie. Malgré l’importance du soulèvement populaire tunisien, c’est l’armée qui a été déterminante pour la chute de Ben Ali. Tout comme l’ont été les « suggestions amicales » américaines faites à l’armée tunisienne pour provoquer l’écartement de Ben Ali.

9 Aujourd’hui on parle d’hiver islamiste, quel est votre bilan ?

On n’est absolument pas dans un hiver islamiste. Regardez la Libye : les islamistes y ont fait un piètre score. Regardez la Jordanie : les islamistes ont échoué à mobiliser une base de contestation suffisante. De même pour la Syrie, le Bahreïn ou encore le Yémen : la donne islamiste y est loin de concentrer les perspectives. Il me semble que l’on a trop fantasmé sur les cas de la Tunisie et de l’Egypte, en oubliant que chacun des pays de la région avait ses propres spécificités sociologique et sociopolitique. Il est bien trop tôt pour faire un bilan de la région. Mais je ne crois en rien que la boussole du monde arabe indique la direction de La Mecque.

10 le pire a engendré le pire ? pour les femmes et les défavorisés en tout cas  la donne a empiré ? Les arabes dans l’histoire contemporaines sont le fruit des tracés et découpages aléatoires des frontières ?

Le tracé des frontières a été décidé dans une grande partie des cas par des puissances occidentales, cela ne me semble pas faire de doute. Mais pourquoi dire que les choses ont empiré ? Certes, les frustrations sont au rendez-vous. Mais c’est là un phénomène normal. Une fois encore, je crois qu’il y a nécessité pour nous de comprendre que le changement dans le monde arabe ne s’inscrira pas forcément dans un moule occidental préfabriqué. Une fois cela assimilé, on peut comprendre que ce qu’il y a d’important dans le moment actuel, c’est que l’on a une confrontation d’appréciations et de trajectoires qui, au final, accoucheront d’une donne plus apaisée. Mais il faut pour cela comprendre que l’ascension au départ d’un contexte extrêmement bas demande forcément des efforts et du temps.

10 le Vilain petit Qatar fait beaucoup parler de lui, quelle est votre vision s’agissant de ses ambitions pour la région ? La Syrie si elle venait à tomber, ce serait comme pour l’IRAK le dernier bastion qui tient tête aux USA et à Israël qui fait la guerre par pays voisins interposés ?

Le Qatar semble aimer à être évoqué comme acteur incontournable dans les évolutions régionales voire planétaires. Mais je crois que ce n’est là qu’un effet illusoire, et qu’en dépit des apparences, sur beaucoup de points, le Qatar reste bien en-deçà des capacités de l’Arabie saoudite. Par contre, cette dernière a fait depuis des décennies le choix de la discrétion, et c’est pourquoi elle suscite moins de rancoeurs et passions. S’agissant de la Syrie, oui, le Qatar a contribué à mettre de l’huile sur le feu, et comme résultat, il a été relégué à un rang un peu moins important sur le dossier sur requête américaine, cependant que deux ans après le début des événements syriens on recommence à évoquer un avenir politique basé sur une négociation avec des représentants du régime syrien. Donc oui, le Qatar cherche à étendre son influence diplomatique, et c’est légitime ; les moyens auxquels il recourt me paraissent par contre plus problématiques.

11 Que pensez-vous de la position turque du frère musulman ? Quelles sont les responsabilités occidentales ?

La Turquie aussi veut une influence régionale. Par contre, je crois que son plus grand inconvénient, c’est le fait de ne pas être arabe. On parle beaucoup de la popularité d’Erdogan au Moyen-Orient, alors que j’ai plutôt tendance à remarquer le contraire. Même son opinion publique se dit majoritairement en désaccord avec ses diplomaties arabe en général et syrienne et irakienne en particulier. Je ne crois pas pour autant que la Turquie soit périphérique dans les évolutions du monde arabe : elle a un avenir dans la région. Mais de là à y voir une puissance « du » monde arabe, je suis plus dubitatif.

12 Le Chaos, l’instabilité, la précarité, l’absence de sécurité, l’instrumentalisation de la femme, est-ce pour asseoir une autre forme de dictature, la théocratie rétrograde religieuse ?

Il ne faut pas exagérer nos craintes. On est loin de l’émergence d’un califat islamique doté de gouvernorats divers. Le bouillonnement actuel peut accoucher du meilleur comme du pire. Mais même s’il y a des risques sur la région et notamment sur la cohésion de certaines de ses frontières, je ne crois pas pour autant que l’incendie soit devant nous. Il faudrait pour cela une confrontation d’ampleur qui mette aux prises Israël et un ensemble de pays arabes. Jusqu’à ordre nouveau, on n’est pas exactement dans ce schéma.

13 pour le Monde arabe alors l’alternative serait soit la dictature corrompue des pouvoirs autoritaires ou l’islamisme ? appuyés par la complicité tacite du Nord ?

Non, on ne sait pas encore comment évoluera le monde arabe et à quoi il aboutira, mais je pense que parler de pouvoirs autoritaires n’ayant rien changé à ce qui précédait est à bien des égards exagéré. N’oublions pas que tous ces mouvements qui demeurent engagés dans les rues, ils comptent, et ne se tairont pas. Quand bien même on peut trouver une forme de responsabilité chez beaucoup de pays occidentaux, dans la plupart des pays en transition, l’ère pleinement totalitaire est révolue. Mais il faut s’armer de patience et de sang-froid pour bien le voir.

14 Islamisme modéré versus AL QAEDA ?

Les phénomènes de radicalisation type al-Qaïda existent, mais ils demeurent périphériques. L’islamisme politique a pour sa part l’avantage de pouvoir compter sur une popularité qu’il a bâtie durant les décennies d’autoritarisme précédentes. Mais il demeure dans une phase de régulation, et non de domination absolue et inévitable.

15 Qu’adviendra il de toutes les transitions, un recul en arrière pour les droits de l’Homme ? dans beaucoup de pays l’islamisme est venu au pouvoir de façon démocratique ou non et à l’heure actuelle  il cesse d’être démocrate pour garder le pouvoir coûté que coûte  on refait les mêmes mécanismes ?

Je ne peux préjuger de ce qui se passera à l’avenir. Mais je crois que le nombre important de jeunes convaincus par la modernité, la nature des mouvements de contestation qui s’expriment dans les rues, et surtout l’ampleur de cet événement qu’est le « Printemps arabe », font que le retour à l’absolutisme dans les pays concernés, s’il venait à prévaloir, ne le sera que de manière symbolique. Après, il va de soi que ce n’est pas pour autant que l’on peut tabler sur une nécessaire cohésion des Etats-nations à terme. Mais si ce phénomène se doit d’être gardé à l’esprit, il ne faut pas pour autant le pousser ‘a son faîte.

16 Un poids deux mesures toujours en rigueur en somme ?

Je ne vois pas pourquoi le « Printemps arabe » aurait annulé le « deux poids deux mesures » dans un monde où les intérêts proiment avant tout.

17 Vous parlez des médias dont Al Jazeera mais vous saviez que c’était pourtant un instrument du Qatar ?

Je n’ai jamais sous-entendu le contraire. Oui, al-Jazeera est un instrument de l’Etat du Qatar. Et je crois qu’il a beaucoup contribué à hâter une intervention en Libye. Il suffit de voir la couverture par ses canaux arabe et anglais des événements dans ce pays pour comprendre, avec le recul, qu’al-Jazeera est tout sauf un instrument neutre et désintéressé.

18 Les romantiques démocratiques que vous évoquez est ce à dire que l’on est dans l’utopie ?

Je n’ai rien contre les « romantiques démocratiques » que je qualifie et décris dans mon ouvrage ; je rappelle, bien au contraire, que leurs idées et principes affichés sont nobles. Ce qui l’est moins, c’est le recours de beaucoup d’entre eux aux méthodes et à la propagande des régimes qu’ils combattent afin de tromper l’opinion publique et les décideurs. Je me scandalise encore plus devant ces procédés quand ils sont employés par des personnes qui, en agissant ainsi, soit aspirent à l’obtention d’une charge politique à l’avenir, soit veulent faire oublier un passé de collaboration de leur part, soit les deux. C’est, en partie s’entend, à cause de personnes telles que l’on est allé vers un désastre en Syrie.

19 Islamiste et laïc une opposition dangereuse mais vitale ?!

Islamisme et laïcité ont tous les deux droit de cité et d’exister, dans le monde arabe comme ailleurs. Tous deux sont d’ailleurs capables d’intégrisme et d’abus. Et là, il faut des contre-pouvoirs juridiques afin de contrer ces situations. C’est ici que transparaît l’importance de la séparation des pouvoirs, gage effectif de fonctionnement démocratique.

20 Al Qaeda Aqmi en Tunisie vous en pensez vous, cela tourne au cauchemar arabe ? vous avancez que le monde arabe ne sera pas islamiste ouf, mais quels sont vos arguments ?

Le monde arabe ne sera pas nécessairement islamiste, je veux dire dans son ensemble. La Libye, une fois encore, a montré les nuances de l’échiquier régional. On pourrait en dire de même dans le cas de l’Algérie, du moins pour ce qui a prévalu jusqu’ici. Quant à al-Qaida, je crois que oui, il n’y a pas besoin de pousser loin pour dire que son affirmation potentielle mènerait au cauchemar. Mais n’exagérons pas le cas de cette formation. Même si elle semble déployer plus d’efforts et être dans une phase favorable à ses intérêts, cette organisation est loin d’avoir les moyens de renverser les tendances.

21 Comment l’Occident lit le Monde arabe aujourd’hui ? et vous dites qu’à notre tour nous avons un complexe ? Vous concluez que le printemps arabe sera le tremplin vers un monde multipolaire, donc au fond tout est encore à gagner ?

“L’Occident” a un problème de lectura du monde árabebasé sur beaucoup de faits. Mais je crois que les préjugés anti-Islam, voire anti-musulmans, en sont la première cause. Et les raisons à cela remontent à très longtemps dans l’histoire. Quant aux complexes, ils sont partagés par tous : les Arabes aussi ont un complexe, celui de ne pas être pris en référence culturellement, alors que les Occidentaux le sont. Mais je crois cependant que ce n’est pas pour autant que les faits resteront ainsi inscrits à l’avenir. L’humanité est faite de cycles, et la mise en opposition Orient-Occident, avec l’insistance que l’on fait sur son pendant islamico-arabe, n’est pas là pour durer. Cela étant dit, je crois en effet que les conditions pour un monde multipolaire sont en gestation. Celui-ci n’augurerait pas forcément du meilleur, car il serait signe de confrontations et de tensions aussi. Mais un monde où les différence d’appréciation existent me paraît plus sain que celui où la norme serait confinée à une partie plutôt qu’à l’autre. C’est là qu’il ne faut pas tomber dans le travers qui consiste à vouloir exclure les islamistes d’office du champ politique. Le combat politique a ses règles et ses protagonistes, et il aboutit le mieux quand il se fait par les idées et les urnes.

 


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UFFP

UFFP la Fondatrice et Présidente FERIEL BERRAIES GUIGNY :
Tour à tour mannequin, criminologue, diplomate et journaliste, la franco tunisienne Fériel Berraies Guigny a lancé en février 2011, une Association loi 1901 du nom de United Fashion for Peace. Parmi les activités de l'Association, une Caravane de mode internationale qui met en avant la paix, la tolérance, le dialogue entre les civilisations par le biais de la mode et de l'artisanat éthique. Née dans la foulée du printemps arabe, cette Association réunit tous les artistes du monde pour la paix, désireux de donner de l'espoir dans des régions en crise ou en transition. Depuis le mois de mai dernier, le magazine en ligne a aussi vu le jour pour être le portevoix de tous ses combats pour une planète éthique. La première programmation de la Caravane de mode se fera prochainement en février 2012 en Afrique subsaharienne sous la thématique de l'éducation pour la paix à la Triennale de l'Education en Afrique. Sept pays ont été les Ambassadeurs, Tunisie, Maroc, Cameroun, Afrique du Sud, France/Niger et Burkina Faso.
Fériel Berraies Guigny dirige par ailleurs, depuis des années deux panafricains New African en co rédaction et New African Woman/ Femme Africaine qu'elle a crée pour le groupe de presse britannique IC publications. Elle a longtemps été journaliste correspondante presse pour la Tunisie.

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