Il aura fallu le reportage de la journaliste d’origine soudanaise Nima Elbagir de CNN pour que le monde découvre le sort réservé aux milliers de migrants africains sur le territoire libyen dont beaucoup de mineur-e-s. Des êtres humains vendus aux enchères et réduits en esclavage. Ces révélations édifiantes montrent des scènes d’un autre temps d’humains vendus comme des objets en plein jour !
Des images profondément choquantes qui ont fait le tour de la planète. Elles illustrent le sort dramatique des réfugié-e-s africains, à un moment où l’ONU qualifie d’« inhumaine » la politique migratoire de l’Union européenne dans le pays.
Depuis la fermeture des couloirs humanitaires vers l’UE, et suite aux conséquences tragiques de » l’hiver arabe » Le Nord et le Sud ont créé et entretenu une situation qui a généré les pires exactions. Et ce, depuis un certain nombre d’années.
En conséquence l’enfer des centres de détention gérés par des trafiquants, au mépris de tous les traités internationaux , n’est pas une surprise !!!
Mais il aura fallu le reportage de CNN pour « hurler au loup »!
Pourtant, ce trafic humain ne date pas d’aujourd’hui : des africains subsahariens, des tunisiens, des algériens, des marocains sont détenus et ensuite vendus au plus offrant depuis des mois. Depuis des mois les organisations comme l’Unicef ou l’Organisation internationale pour les migrations ont recueillis les témoignages de migrants réfugiés, notamment de jeunes, qui confirment qu’ils ont été « violés, torturés et soumis à l’esclavage ». L’ONG Médecins sans Frontières avait d’ailleurs solennellement demandé à l’État de ne plus renvoyer les migrants en Libye !!!
Aujourd’hui on estime qu’il y a 19.900 personnes qui se trouveraient dans ces centres de détention début novembre, contre 7000 mi-septembre. Et la liste ne fait que commencer…
La France et l’Europe portent une lourde responsabilité dans la situation chaotique libyenne. Les effets de l’accord entre l’Union européenne et la Turquie en 2016, ce que nous avons vu en Grèce, en France, dans les Balkans et au-delà, sont autant d’exemples de frontières toujours plus hermétiques et d’une politique de rejet toujours plus radicale.
On ne peut pas se prétendre humaniste et renvoyer en même temps les réfugié-e-s chez eux comme semble le pratiquer l’Union européenne, sauf qu’ils ont le choix soit de mourir ou d’être vendus et maltraités.
La France doit avoir une politique cohérente. Pour cela, il faudrait encore vouloir se remettre en question et cessez de dire que c’est uniquement la faute de la Libye, pays qui a perdu toute notion d’Etat ou d’autorité, depuis le printemps arabe. Dans un pays de No mans land, rien ne peut être contrôlé. Et il s’agirait davantage de trouver des « solutions plus humaines » afin de réfléchir sur une façon de limiter ce trafic à défaut de l’enrayer complètement. Ceci, en ayant une politique humaniste d’accueil des réfugiés dignes d’un pays des droits de l’homme et surtout cesser de renvoyer des réfugié-e-s chez eux quand ils et elles finissent par retomber dans les mains des trafiquants. Mais aux pays du Sud également de faire en sorte de « protéger » leur jeunes, leurs enfants en essayant de les retenir chez eux par des politiques incitatives à l’emploi, à la formation, à l’éducation!
Cessons de perdre nos enfants, au profit de chimères européennes !