Cité de la dentelle et de la mode à Calais, exposition du 18 avril au 31 août 2015
Par Diane Cazelles
Sous le haut patronage de M. Hubert de Givenchy, la Cité de la dentelle et de la mode coproduit avec la Fondation Cristóbal Balenciaga (Getaria, Espagne) cette exposition avec l’aide avec l’aide du musée des Arts Décoratifs, du Palais Galliera, musée de la mode de la Ville de Paris, et de la Maison Lesage. Elle sera présentée à Getaria l’année prochaine.
scénographie Studio Tovar Alain Batifoulier
« La dentelle, Cristóbal Balenciaga l’appréciait. Il l’employa aussi bien en ornementation qu’en textile. Jouant sur les motifs, les couleurs mais aussi sur les utilisations, Balenciaga a exploré toutes les manières d’employer la dentelle et en a magnifié les caractéristiques. Des blouses aux robes de cocktail, des tuniques aux accessoires, la dentelle est toujours présente dans ses créations, témoignant de l’originalité stylistique du couturier, qui fut aussi souvent à l’origine de l’évolution de la mode au cours des années 1950/1960. » Catherine Join-Diéterle, commissaire de l’exposition.
BALENCIAGA, COUTURIER MODERNE
Avant la révolution des années 1960, la production de Balenciaga est d’une grande modernité. Il offre dès 1957 à sa clientèle internationale des modèles en dentelle comme les robes sac et baby doll, répondant au nouveau besoin de paraître jeune. Couturier européen, anglais par sa formation de tailleur puis français grâce à sa parfaite connaissance de la haute couture parisienne, Balenciaga devient très vite un couturier ouvert à toutes les modes du monde. Il a assimilé l’essence de chacune qu’elle soit européenne ou « exotique », contemporaine ou ancienne avec les portraits de la grande peinture espagnole. Dans cette exposition, deux sources sont mises en valeur, l’espagnole et la française. Transcendant ces influences, il crée des vêtements modernes et classiques qui les rendent encore portables aujourd’hui.
LA MODE EN DENTELLE de CRISTÓBAL BALENCIAGA
Si La dentelle reprend une place de choix dans la mode d’aujourd’hui, elle joua un rôle primordial dans la création de Cristóbal Balenciaga (1895 – 1972), grand couturier espagnol.
Cette exposition retrace les grandes caractéristiques de l’art du couturier saluées dès sa première collection parisienne en 1937 : rigueur, perfection du travail, coupe magistrale…
Ses couleurs vives et nuancées restent sa particularité et ses collections empreintes d’une certaine théâtralité marque son caractère « Espagnol ». Sous l’influence de deux couturiers français, Balenciaga reprend la technique du tulle plissé initié par Madeleine Vionnet et le volume des robes de Jeanne Lanvin.
Hors des mondanités, le couturier espagnol cultive la grâce sublimée par la dentelle et un doux mystère autour de son travail. Vêtements ou accessoires en dentelle tels que les écharpes, étoles, capes, boléros, tubes, mantilles, gants-manches, Balenciaga exacerbait la féminité que confèrent toujours les tenues en dentelle.
Cette exposition rassemble des pièces parisiennes mais aussi de nombreuses tenues réalisées dans les trois maisons de couture en Espagne (Saint-Sébastien, Madrid et Barcelone) qui n’ont jamais été exposées en France.
Certaines pièces semblables sont griffées en France (Paris, 10 avenue Pierre Ier) et en Espagne (EISA). Comme l’illustrent quelques spectaculaires robes du soir, les créations de Balenciaga évoquent le souvenir des robes des Espagnoles peintes par Goya et par Zuolaga ou encore celui des saintes de Zurbarán. Cette exposition, réunissant un grand nombre de tenues portées en fin de journée et le soir, se décline en plusieurs sections à la fois thématiques et chronologiques.
PARCOURS de l’EXPOSITION
Selon les heures du jour et les circonstances, l’emploi de la dentelle diffère. L’exposition se construit autour des thématiques au fil de la journée selon les codes du savoir-vivre. Les Tenues de Cocktail apparaissent avant-guerre, et connaissent un succès extraordinaire dans les années 1950. La robe est souvent assortie d’un manteau, d’une veste ou encore d’un boléro, formant un ensemble destiné à être porté pendant le cocktail comme les robes noires qui peuvent être portées jusqu’au soir. Celles-ci sont indispensables dans la garde-robe féminine avant 1968. Structurant et taillant dans la dentelle, Balenciaga crée un noir profond et des formes d’une incroyable modernité.
Portées sous le Second Empire et encore dans les années 1920, les robes à Transformation (dont trois sont exposées) sont remises au goût du jour par Balenciaga. Ce type de vêtement permet de passer rapidement d’une obligation sociale à une autre, du cocktail au soir, et d’avoir le plaisir du changement avec le sentiment de posséder plusieurs robes en une. Comme les robes mi- longues dont l’apparition date des années 50, les robes du Soir longues, les robes de Grand Soir déclinent la virtuosité des techniques dentellières. Colorée, rebrodée, la dentelle joue sans cesse un rôle fondamental. Au tournant des années 1950/1960, vestes et boléros rencontrent un grand succès. Leurs broderies les transforment en vêtements-bijoux, portés avec des robes du soir très simples. Avec près de 75 tenues, des accessoires (chapeaux, gants, souliers) ainsi que des photographies et des croquis d’atelier, cette exposition offre un vaste panorama de la création du couturier et permet de dresser l’histoire de Balenciaga et la dentelle.
De la DENTELLE
Balenciaga développe un vif intérêt pour les nouveautés, comme en témoigne la dentelle de laine de 1952, visible au début du parcours. Au milieu de l’exposition, une section technique retrace le créponné, tissage d’entre-deux de Valenciennes, à la mode en 1957 et en 1965 mais cette fois en nylon, ou encore la dentelle à réseau étoilé à motifs de feuilles en crêpe de coton bordé d’un cordon de la fin des années 1960.
Cette section se prolonge avec une série d’échantillons de quelques brodeurs tels Lesage, Rébé, Brivet avec lesquels a travaillé Balenciaga, exposant les motifs peints à la main, ou rebrodés par les célèbres maisons.
Des tulles ou des dentelles sans motifs, également pouvaient être brodés, imitant les points d’Angleterre, ou ornés de rubans de gazar simulant les dessins de la dentelle…
A Calais, la Cité de la dentelle et de la mode a acquis certaines de ces pièces, fait rare pour un musée français. Montrer cette exposition à Calais, ville dans laquelle a été fabriqué bon nombre des dentelles mécaniques utilisées par le grand couturier, est aussi pour le musée une façon de rendre hommage à l’industrie dentellière.
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