Les problématiques de sticky floor/glass ceiling sont assez récurrentes quand il s’agit de l’évolution des carrières des femmes Manager dans l’hôtel de luxe. En France, certaines écoles font la différence et montrent qu’en mettant en avant un programme de mentoring en direction des jeunes étudiantes avec une gouvernance féminine (nomination de Judy Hou à la tête de Glion en mars 2014) ont peut faire changer les choses.
En effet, les écoles Glion et Les Roches mettent en place sont les premiers à valoriser la carrière au féminin
Glion et Les Roches ont bien compris l’importance du mentoring en direction des étudiantes femmes. Si elle n’est pas formalisée au sein d’un programme spécifique, la démarche irrigue la culture des deux écoles.
Ancienne de Glion Institut de Hautes Etudes ,Fabienne ROLLANDIN, est Directrice des relations avec l’industrie, des carrières et des anciens. UFFP est allée à sa rencontre.
Fabienne Rollandin
Entretien avec UFFP :
-L’Hôtellerie de luxe, une évidence pour vous ?
L’hôtellerie de luxe attire énormément nos étudiants et la Génération Y. Tout ce qui est associé à une marque de renom est très attractif pour les jeunes, besoin d’appartenance, d’être vu et reconnu.
Cependant l’hôtellerie de luxe représente un petit pourcentage de l’hôtellerie globale, dans sons sens large. Les nouveaux concepts, le côté entrepreneur, les hôtels dit « boutiques » sont également très attractifs, le fait de pouvoir rapidement être aux commandes d’un département, d’un hôtel peut aussi être important pour un jeune et n’est pas forcément relié à un établissement de luxe.
-Quels sont vos challenges au quotidien ?
Gérer les défis liés à « l’humain » sont certainement ceux qui reviennent le plus souvent et peuvent être fort variés, divers.
Chaque jour réserve son lot de surprises auquel il faut s’adapter, répondre et savoir gérer. C’est un métier où l’humain (en l’occurrence nos étudiants) est au centre de notre attention, ainsi que nos collègues et toutes les personnes avec qui nous travaillons que ce soit de manière directe ou indirecte.
Trouver des solutions, des compromis, avoir du charisme, assurer une bonne communication, prendre des décisions, responsabiliser ses équipes et rester humble, me semblent nécessaires au bon déroulement de mes départements.
-Etre femme Manager dans ce milieu qui est hautement compétitif et masculin ? Comment faire la différence ?
Dans le cadre de mon travail actuel, ça doit être une exception car mes équipes sont majoritairement féminines et mon chef direct (la directrice générale de l’école) est également une femme.
Cependant si je regarde par rapport à certains de mes jobs précédents où être une femme était une exception (lorsque je travaillais pour Hyatt dans les services techniques comme coordinatrice de projets dans la construction et ouverture d’hôtels), j’ai toujours réussi à bien m’intégrer et à me faire accepter car j’avais, je pense, la bonne attitude, je m’intéressais aux personnes avec qui je travaillais, il y avait un sens de la collaboration et d’un objectif commun très développé. Je n’arrivais pas avec mes acquis en essayant de m’imposer, même si au final je savais exactement où je voulais aller.
De manière plus globale et dans le milieu hôtelier, il est vrai que les femmes sont loin d’être majoritaires à des postes de directeur Général et plus.
-Pourtant ce sont les femmes qui sont les clientes les plus exigeantes ? Celles qui choisissent les vacances, etc est ce à dire qu’une femme manager aurait plus de compréhension « des besoins de la clientèle » ?
C’est peut-être vrai. Voyageant souvent et dans le monde entier, il est vrai que lorsque j’arrive dans un hôtel, j’ai un œil assez critique quant à la propreté de la chambre, la décoration, l’emménagement de la chambre (pour le côté pratique), les équipements, qui très souvent ne correspondent pas à nos besoins.
Je pense qu’une femme a souvent le sens du détail plus pointu qu’un homme (dans certains domaines), aura d’autres exigences et attentes. Si on regarde dans un hôtel (en France ou en Europe), on trouvera beaucoup plus souvent une femme à la tête du département de la gestion domestique (housekeeping), donc sait très bien anticiper certains besoins. En ce qui concerne la relation à la clientèle, là encore on y voit souvent des femmes pour anticiper aux besoins et répondre à une clientèle qui devient de plus en plus exigeante.
-Vos ambitions pour le futur ? quand on a une famille, ces carrières ne sont elles pas contraignantes?
Quand on aime on ne compte pas ! Je crois que quelle que soit le secteur, à partir du moment où vous atteignez un certain niveau, il y a toujours des exigences et certaines contraintes, mais quand on les connait on s’organise en conséquence et il est vrai que les priorités peuvent changer au cours du parcours professionnel.
-Quels conseils pour les jeunes filles qui veulent embrasser ces filières ?
Foncez ! Même si ce sont des métiers parfois difficiles, qui demandent un investissement personnel intense, ce sont également des métiers de l’humain qui sont passionnants et qui peuvent déboucher sur de très belles expériences. Sans compter que ce domaine ouvrent de nombreuses filières et permettent de travailler à l’international ce qui est d’autant plus enrichissant.