En France, les femmes ne représentent que 7 % des préfets, 14 % des recteurs et 6 % des dirigeants de juridictions nationales. Dans l’Assemblée nationale, les femmes comptent 107 pour 577 places.
C’est un constat plutôt maussade que vient de dresser l’OCDE à travers son rapport sur les inégalités hommes-femmes dans le travail. L’organisation pour la coopération et le développement économique estime que peu de progrès ont été accomplis dans le monde depuis ces 5 dernières années. La France se distingue de plusieurs manières. Déjà, il y a les différences de rémunérations. Sur ce plan la France se est pas mal située : l’écart de salaire médian, qui est considéré comme plus pertinent dans les comparatifs que le salaire moyen, est passé sous la barre des 10% … Le problème c’est qu’il ne baisse pratiquement plus. Pour autant, elle n’a pas à rougir devant l’Allemagne ou le Royaume Uni où les écarts sont très nettement supérieurs. Ce n’est donc pas sur ce terrain que les signes de discrimination sont les plus manifestes…
En revanche, on voit qu’il y un sérieux déficit de femmes-employeurs. Fort peu d’entre elles réussissent à développer leur entreprise : l’OCDE dénombre 7 % de femmes chefs d’entreprise, moitié moins que les hommes.
Un constat qui va à rebours de toutes les recommandations afin d’encourager les femmes à occuper des postes de responsabilité en entreprise.
Désormais plus diplômées que les hommes, les jeunes femmes ont rattrapé leur retard dans l’accès à la catégorie cadre en début de carrière. Cependant, en resserrant l’analyse sur les postes de managers, qu’en est-il précisément ? Grâce à un module spécifique de l’enquête Génération du Céreq, les auteur.e.s Dominique Epiphane et Arnaud Dupray ont analysé les caractéristiques des femmes et des hommes qui occupent ces postes à responsabilité hiérarchique et la nature de ces emplois. Le monde des managers apparaît alors encore inégalitaire, soumis aux stéréotypes genrés.
Des égalités d’accès aux postes et aux fonctions de managers à conquérir
- Les femmes – à caractéristiques identiques – ont presque deux fois moins de chances d’accéder à un poste de manager que les hommes.
- La mission d’encadrement est la fonction principale de 55 % des hommes managers contre 48 % des femmes.
- 30 % des hommes managers encadrent plus de dix personnes, pour seulement 24 % des femmes.
- 64 % des femmes managers travaillent dans le secteur public contre 15 % des hommes managers.
Une égalité de carrière et de salaire à conquérir
- Si les salaires d’embauche des femmes managers sont quasi-équivalents à ceux des hommes, 7 ans après, ces dernières touchent en moyenne près de 10 % de moins.
- Pour les managers du privé dont l’encadrement est la fonction principale, on mesure une différence de 300 € du salaire médian au profit des hommes. Cela découle en partie du montant de la part variable liée au management, assurant aux hommes un meilleur gain de rémunération qu’aux femmes.
- Selon l’examen des déterminants du salaire, avoir des enfants à charge pénalise les femmes en termes de rémunération et non les hommes.
Une inégalité dans la perception de la fonction de manager
- Les femmes managers se considèrent plus souvent mal ou très mal payées (29 % contre 22 % pour les hommes).
- Moins d’un quart des femmes managers considère leur poste actuel comme un tremplin contre près d’un tiers des hommes.
- Elles se déclarent moins nombreuses que les hommes à « se réaliser tout à fait professionnellement » dans leur poste (42 % contre 51 %).
- Enfin, elles sont plus enclines à estimer que le travail prend trop de place par rapport à leur temps hors travail (30 % des femmes contre 25 % des hommes).
Malgré les différentes lois en faveur de l’égalité professionnelle homme/femme depuis les années 1970, les femmes managers ne sont toujours pas les égales des hommes managers. En effet, les entreprises continuent de disposer de latitude pour différencier recrutement, parcours professionnels et en conséquence rémunérations au profit des hommes, ou exigent des femmes davantage de preuves de leur excellence.