Roland Monpierre est un auteur-illustrateur français de bandes dessinées. Né à Paris, il est originaire de Guadeloupe. Il étudie aux Beaux-Arts de Paris.
On le connait au travers de diverses publications professionnelles depuis 1981 (Bandes dessinées ou illustrations) : Diab’-là, Nouvelles Editions Latines, 2015, Monsieur Georges (d’après Alexandre Dumas), Dagan Éd., 2014, La Légion Saint-Georges, Caraïbéditions, 2010, La Légende du Lion, Éd. Glénat, 2008, La Légende des Wailers, Albin Michel BD, 2006, Bob Marley en BD, Éd. Eise Music, 2001, Reggae Rebel, Éd. Caribéennes, 1988, Le Diable blanc, Futuropolis, 1984-1985, Repas Antillais, Futuropolis, 1984- 1985, réédité par Gallimard.
L’auteur nous explique en quelques mots la genèse de sa dernière production » …en relisant Diab’-la, j’ai retrouvé la qualité d’écriture de ce grand auteur, Joseph Zobel. Le roman a pour qualité d’être directement ancré dans l’Histoire. Il est relié, d’une manière importante, au vécu des Antilles. Il évoque déjà une forme de résistance et une envie d’autonomie, par la pensée puis par les actes. La censure de l’époque [1940] y verra un pamphlet dangereux et l’interdira. Ce n’est pas mon premier album sur les Antilles et leur histoire complexe et passionnante ; mais qu’il est agréable de les évoquer encore, avec la complicité d’un texte évocateur à l’Oralité très imagée… »’
Roland Monpierre est un artiste passionné qui a une certaine idée de l’esthétisme tant dans l’écrit que dans l’image, un coup de coeur UFFP
Entretien avec l’Auteur:
Vous êtes auteur, illustrateur, dessinateur?
Oui, je suis les trois… J’ai commencé comme dessinateur-illustrateur, pour les magazines, puis ai fait ma première bd « Repas Antillais » aux Editions Futuropolis, comme dessinateur et scénariste… Pas vraiment le choix ; peu d’auteurs s’intéressant alors aux Antilles et/ou à la bande dessinée… Scénariste de bd, c’est vraiment un deuxième métier ; la narration y est particulière et ce n’est pas non plus l’écriture raffiné d’un roman ou d’un essai… puisqu’on doit mettre le texte dans des bulles ;
Un parcours aux Beaux Arts?
Oui. Je suis entré aux Beaux-arts de Paris, très jeune (17 ans), et je sortais d’un lycée où garçons et filles étaient séparés, pour plonger dans l’université post 68… Une vraie révolution, pour moi… Par contre, aussi, une déconstruction… Beaucoup de choses à découvrir, histoire de l’art, peinture classique, sculpture, et étrangement, avec tout ça ; la découverte de la politique, de la littérature… J’ai eu beaucoup de mal à me remettre au média populaire qu’était la bande dessinée, après ça… Il a bien fallu que je sorte du cocon protecteur de cette grande école, pour ensuite enfin faire mes armes dans l’édition, et me confronter à la réalité de la création.
Vous choisissez souvent des histoires qui rappellent vos origines, votre patrimoine?
C’est vrai.. Parce que pour moi, c’est quelque chose que je ne connais pas assez… Quoi de mieux pour se documenter , que de créer des histoires sur ce thème. En voici la raison ; je suis né à Paris.. et mes parents parlaient peu des Antilles (ou bien en mal), et ne voulaient pas qu’on parle en créole. Aujourd’hui encore, c’ est quelque chose que je regrette… Et je compense peut-être un peu dans la création ( ?)
Les Antilles, est riche d’un passif pas toujours facile, comment réussissez vous à mettre en images?
D’abord, moi, je me vois come un conteur. Si vous vous rappelez des contes de notre enfance, ils racontent des choses parfois terribles (la faim, l’abandon des parents) de façon intelligente, en jouant sur la poésie des situations… Pourquoi n’essayerais-je pas d’en faire de même ? Comme je le disais plus haut ; je ne suis pas né sur place… Aussi ma curiosité et le besoin de combler ma méconnaissance du pays font de moi un « chercheur curieux », un admirateur de ces magnifiques paysages, qu’il me faut absolument restituer.. Parce que finalement, je suis mon premier lecteur…
Participez vous à des salons et lesquels?
Oui, quand je n’ai pas trop de travail.. Ce sont des moments agréables, mais très chronophages… Angoulême reste un peu incontournable, et tous les éditeurs veulent y participer ainsi qu’au salon du Livre.. C’est pour nous, auteurs le moyen de rencontrer notre public, et pour les éditeurs, c’est surtout le moyen de jouir d’une publicité rapide et moins coûteuse…
Parlez nous de Diabla?
C’est ma deuxième adaptation d’un roman après « Monsieur Georges » inspiré de Dumas. Avec la complicité de « Passions Partagées », l’association que gère Patricia Thierry, (et qui a créé une superbe exposition sur Joseph Zobel en 2011), j’ai fait une adaptation du premier roman de cet auteur. Une adaptation, c’est particulier. Plus le texte est beau (Zobel est aussi un poète, et ça se sent dans son écriture), plus l’adaptateur doit faire des choix, voire des sacrifices… L’idée étant bien sûr de garder le fil du récit, et avec le poète c’est plutôt difficile… Une chose intéressante à raconter… Au sortir de l’école (on est à la fin des années 30), Zobel veut rentrer aux Beaux-Arts… Il veut peindre. L’entrée de l’école lui sera refusée, parce qu’il est noir… Il fera donc une autre carrière… Mais n’oubliera jamais le dessin qu’il retrouvera dans ses vieux jours… Alors, mon parcours est peut-être une sorte de revanche… (En plus, j’ai la chance de porter le même prénom que son fils ; Roland. Ca c’est une belle histoire) !!
Des Projets?
Plein. Pour la plupart, je ne peux pas en parler. Sachez seulement que j’essaie de réussir ce que j’essaie de faire depuis la publication de mon premier album… avoir à la fois, un contrat à Paris, et un autre en Guadeloupe, mon ile de prédilection… Mais sinon je peux quand même vous dire que je resterai sur le même thème… Des parcours d’hommes exemplaires, des récits magiques, et l’envie de transmettre, faire découvrir un univers mal connu, non pas un monde de science fiction, ou un empire du moyen-âge, mais bien une culture d’ici, encore mal révélé par les livres d’histoire… Et il y a tant à dire…
Vous revenez du FLACS, vos impressions?
C’est un festival débutant, mais en même temps plein de promesse… Avec quelques réajustements, il pourrait même devenir une référence… Le seul souci des organisateurs, ce sera finalement de franchir le mur de la promotion. Une fois le public convaincu, je suis sur que tout ira pour le mieux.