Par Fériel Berraies Guigny
« La légende dit que les gens de la diaspora doivent voir un « signe » qui leur indique la fin de l’errance. Mon signe à moi ce fut le papier ! Je l’ai compris un jour où je me suis trouvé dans une grande papeterie lilloise devant des étagères du rayon papier » confie Hasan Musa qui refuse le négativisme de l’expression « Diaspora »
C’est ainsi que l’errance géographique de Hasan Musa s’est transformée en « errance initiatique » vers cet Art si particulier et qui est le sien : la création d’images.
Il se remémore encore et toujours cette fameuse papeterie qui lui a ouvert les portes de l’imaginaire créatif et de sa liberté « J »y ai découvert une dizaine de variantes de papiers aquarelles. J’ai retiré les belles feuilles, je les ai examinées, palpées, senties et j’ai même eu l’envie d’en mâcher tellement je me suis senti enchanté » Moi, qui avais appris comment laver au savon et repasser les vieilles feuilles déjà peintes pour les blanchir avant de les repeindre » !
En effet, une feuille d’aquarelle vierge était encore un objet rare à l’école des Beaux Arts de Khartoum , lieu inspiré de ses années soixante-dix. Lieu où Hassan Musa a appris à apprécier les aquarellistes les plus divers de Dürer à Sam Francis en passant par Turner, Schiele et les autres. L’Afrique qu’il a fui n’est ni l’Afrique des ethnologues et autres africanistes ni celle à laquelle les afro-américains et les rastamen britanniques diasporisés se réfèrent. C’est une Afrique qui ressemble chaque jour davantage à l’image brouillée que les médias occidentaux renvoient entre guerres, famines et tam tam. Serait-ce la seule image disponible à ce jour ?
Que faire donc de cette image? Hassan Musa la garde et la soigne selon les termes de ce proverbe du pays « La folie que tu connais est certainement moins dangereuse que celle que tu ne connais pas »!
A l’école de Khartoum, il a appris les techniques de fabrication de l’image et de là, il s’est aussi approprié les images de la tradition européenne. Aujourd’hui, en tant que créateur d’images, il s’inscrit volontiers dans l’histoire de l’art européen, car il s’en sent parfaitement héritier même si il est aussi l’héritier également d’autres histoires. De ces multiples influences, il a l’Art et la manière de jongler « Je fonctionne comme quelqu’un qui a des tiroirs : il y a le tiroir de la calligraphie arabe, le tiroir de la peinture européenne, le tiroir de l’aquarelle chinoise et ainsi de suite. Je vis de tout cet assemblage »
Biographie Express :
Hassan Musa est un artiste soudanais à plusieurs facettes. Peintre, calligraphe, graveur, illustrateur de livres pour enfants, enseignant, il se définit plus volontiers comme un « faiseur d’images »HasNé au Soudan en 1951, Hassan Musa s’est installé depuis quelques années en France. Il a obtenu en 1976, le diplôme du collège des Beaux-Arts appliqués, Khartoum Polytechnic. Arrivé en France à la fin des années soixante-dix, il obtint à L’université de Montpellier un doctorat en histoire de l’Art. Il participe à de nombreuses expositions dans le monde, par exemple : Whitechapel Art Gallery, Londres,1995; le Mamlo Kunsthall, Sweden, 1996; Under a Different Sky, Copenhagen, 1996. Depuis 1982, Hassan initie, adultes et enfants à la calligraphie. Hassan Musa a une spécialité de calligraphie en direct qu’il exerce lors de spectacles (Alès 01-2000, Beyrouth 11-2000, Espagne, Algérie…). Il appelle ces prestations des Cérémonies graphiques.
Hasan Musa a exposé durant trois dates en Belgique
Musa solo show au Palace Ath
11.06.11 > 10.09.11
Musa à la 7e triennale internationale d’art Textile contemporain de Tournai
10.06.11 > 25.09.11
Opening Tuesday, June 9
Couleur Café art & music festival
24, 25, 26 juin 2011
Every year the famous Brussels festival hosts a number of guest artists, this year they invited Musa to show 7 large works.
All infos on www.couleurcafe.be
Crédits : Les photos sont la propriété de leurs auteurs et de la Galerie D’Art Pascal Polar à Bruxelles. Belgique