Fondée en 2012 entre Grenoble et Gap par Charlotte Lefort, KuMBhaKa est une histoire de passion mais c’est aussi une histoire de souffle et de résilience. Le besoin urgent de vivre sa vie pleinement et de la remplir de belles choses.
KuMBhaKa signifie?
KuMBhaKa est un mot qui vient du Sanskrit et qui est utilisé dans la pratique du Yoga. Il est le temps de pause entre l’inspiration et l’expiration. « KuMBhaKa » ou « La pause du souffle » est nécessaire pour redistribuer l’énergie dans le corps et renaître par le souffle…. Il parait que c’est le moment où l’esprit et le corps sont le plus en harmonie… 😉
Quel est le catharsis qui t a amène à créer du bijou?
La RESILIENCE, qui consiste en gros, à sublimer un traumatisme…
Pour moi : L’annonce d’une maladie génétique et incurable dans ma famille. Je me suis dit « Si il ne me reste que 15ans à vivre, qu’est-ce que j’ai envie d’en faire ? » Avant « ça » j’étais une personne plutôt terre à terre… L’idée de me lancer dans un métier comme le mien, sans la sécurité d’un travail salarié (congés payés, salaire identique qui tombe tous les mois, retraite,….) était complètement inenvisageable avec 2 enfants à charge… La prise de conscience de mon statut de mortelle a permis un virage à 180°… Après 7 ans à réaliser et concevoir des bijoux pour le plaisir, j’ai décidé d’en faire mon métier à plein temps. Ma sœur a toujours cru en moi et c’est l’une des premières personnes à m’avoir « poussée » à me lancer en tant que professionnelle, avant même cette histoire de maladie génétique… Je lui répondais que c’était une idée délirante et que ça ne marcherait pas… 😉 J’ai de la chance d’avoir un entourage qui m’accompagne et me soutien dans ce changement de profession. Quelques soient les risquent, ma famille m’a toujours encouragée à suivre mes rêves et à écouter mes envies. J’ai beaucoup de chance et j’espère réussir à faire la même chose pour mes enfants.
Donc après l’annonce de cette maladie, je me suis lancée dans un dépistage génétique, je me suis fait tatouer cette phrase: « J’ai été invitée à la fête de la vie et j’ai dansé tant que j’ai pu », j’ai fondé KuMBhaKa et pris un nouveau souffle pour un nouveau départ…
Les cultures du monde t’ inspire?
Oui, depuis toujours. Toute petite déjà, je me souviens avoir supplié mes parents de déménager à l’étranger. Je rêvais de vivre « ailleurs », je regardais des documentaires sur la vie d’enfants qui vivaient dans la brousse en Afrique ou en Amérique du Sud, je voulais être archéologue comme Indiana Jones ou vétérinaire pour les animaux sauvages…. J’ai aussi toujours été fasciné par l’Afrique noire. Une amie de ma maman était mariée à un sénégalais et partait là-bas tous les étés. Elle ramenait de merveilleux coupons de wax et ma mère nous en faisait de jolie robes ou des petits sarouels que j’arborais fièrement. J’adorais aller chez des amis de mes parents qui avaient beaucoup voyagé et les écouter parler des différents pays explorés. Je rêvais devant les bijoux indiens exposés dans leur salle de bain… Je jalousais mon grand-père qui partait en voyage chaque année et rapportait de beaux objets aux senteurs d’ailleurs….
En grandissant, j’ai choisi d’étudier à l’Ecole des Beaux-Arts et le thème du voyage a toujours été présent dans mes réalisations, que ce soit de la sculpture, de la peinture, de la photo, …… Là-bas, mes professeurs me disaient que je n’avais pas ma place dans le milieu de l’art… Que je cherchais à faire du « beau » et qu’il fallait que je me dirige vers l’artisanat… Ils avaient raison !!!!
Depuis j’ai voyagé en Afrique et en Asie. Récemment j’ai fait l’expérience géniale de voyager avec mes enfants… C’est l’un de mes buts dans la vie : voyager le plus possible !!!
Chez moi tout respire le voyage. Il y a une multitude d’objets rapportés de mes propres voyages ou de cadeaux offerts. Le wax est très présent et recouvre la presque totalité des meubles de la maison. Mais si j’ai une préférence pour l’artisanat africain, j’aime aussi beaucoup les tissus du monde en général : les batiks indonésiens, les saris indiens, les imprimés amérindiens, les batiks teintés à l’indigo, les broderies d’Europe de l’est, d’Asie ou du monde Arabe….. J’aime les mappemondes, les boussoles anciennes, les vieilles valises, les gris-gris à suspendre, les rêves-indiens et leur jolies plumes, les petits objets « inutiles » posés ici et là, juste pour le plaisir des yeux….
Alors forcément, tout cela est présent dans mon travail. Le voyage et les cultures du monde sont le fil conducteur de toutes mes réalisations. Et ma collaboration avec Aurélie Pedrajas, artiste-peintre-carnetiste amoureuse des voyages***, complète à merveille mon travail. Elle réalise les visuels de chacune de mes collections et nous avons un projet d’expo tableaux-bijoux sur le thème des Femmes et des parures du Monde qui devrait voir le jour d’ici 2016…
Quelles sont les collections de ta gamme?
Seules les collections dédiées au continent Africain sont permanentes. Les wax se renouvellent régulièrement mais les modèles restent en vente tout au long de l’année.
Tous les ans une collection en série limitée me permet d’aller à la découverte d’un nouveau peuple, d’un nouveau continent, d’une nouvelle ethnie. L’idée est de faire le tour du monde en bijoux textiles.
- AFRIQUE : « MASSAÏ » et « AKINA » : Collections Permanentes
- EUROPE DE L’EST : « BOHEME-FOLK » : Collection 2012
- AMERIQUE DU NORD : « INDIAN VOICES » : Collection 2013
- AMERIQUE DU SUD : « PERù –TERRA ANDINA-» : Collection 2014
- ASIE : « HMONG – Hill Tribe #1 » et « AKHA – Hill Tribe#2 » : Collections 2015
Tes matériaux de prédilection
Les textiles du Monde !!!! Associés à de la corde d’escalade –une idée de mon conjoint, moniteur d’escalade et canyoning- Une fois mes cordons de tissus réalisés, je brode dessus des perles, des pierres, des coquillages et autres petits éléments de décorations….. J’aime aussi beaucoup les plumes, les grelots, les pompons, les pièces gravées… En gros, lorsque je choisis la destination ou le peuple qui va être mis à l’honneur pour ma prochaine collection, je pars à la recherche des tissus « coup de cœur ». Une fois trouvés, je regarde les matières premières utilisées dans l’artisanat du pays ou de l’ethnie concernée. (les pierres en Amérique du sud, les plumes chez les Amérindiens, les cauris chez les Massaï, les pompons chez les Hmong,…..)
J’ai me suis récemment formée à la soutache, art de broderie venant d’Europe de l’Est qui consiste à sertir des cabochons à l’aide de petits galons de passementerie… J’aime le mélange et le métissage. Et surtout je suis en recherche constante de nouvelles matières et techniques. D’une part car je suis de nature curieuse et je déteste m’engluer et stagner dans mes acquis et d’autre part car je suis contrainte de garder une longueur d’avance sur la concurrence qui s’installe ces dernières années…. Les bijoux en corde et tissus (notamment en wax) ont le vent en poupe ces derniers temps et sont en train de devenir « tendance »…. ! 😉 Mais c’est très bien, tout cela permet de devoir se renouveler sans cesse. Et plus je créé, plus les idées se bousculent dans ma tête….
Où peut on t acheter? des salons?
Vous pouvez retrouver toutes mes collections sur mon site en ligne : www.kumbhakacreations.com
Un choix arrêté de ma part, car je souhaite pouvoir garder des tarifs accessibles à tout le monde. Mes gammes de prix sont très larges et peuvent correspondre à tous types de porte-monnaie… De plus, avec internet maintenant, il est possible d’acheter un « article coup de cœur » à toutes heures du jour ou de la nuit et aux 4 coins du Monde… Privilégier la vente en direct, me permet de ne pas devoir inclure de pourcentages boutiques et de proposer un prix équitable et juste à ma clientèle. C’était l’une des valeurs principales lorsque j’ai fondé KuMbhaKa et je souhaite la conserver aussi longtemps que possible…
Tu as choisis de rester dans l artisanat et le traditionnel?
OUI !!!!! J’ai récemment refusé une proposition qui aurait permis à KuMBhaKa d’évoluer de façon radicale…. Mais tout cela nécessitait que mes tarifs soient triplés, que mes bijoux soient confectionnés par d’autres personnes que moi, que je devienne plus « Femme d’affaire » que « Artisan-créateur »…. Et même si la proposition était alléchante en termes de pérennisation financière, de possibilité de voyager pour aller chercher mes matières premières, de notoriété et de « réussite sociale », les changements énormes que cela me demandaient étaient trop importants et trop loin de mes valeurs de base… Je suis peut-être passée à côté de « la chance de ma vie » comme dirait certaines personnes, mais moi je suis surtout sereine dans cette prise de décision. Je souhaite garder le caractère artisanal et petite série de mon travail pour le moment. Je suis une personne trèèès perfectionniste et l’idée de déléguer mon travail est compliqué pour moi… Et puis j’ai confiance en la fidélité de ma clientèle et le bouche à oreille qui m’ont permis jusqu’à présent de gagner ma vie en faisant ce que j’aime le plus au monde ! 😉
Je ne suis pas contre une évolution de mon entreprise, mais elle doit se faire progressivement et doit respecter mes valeurs. C’est-à-dire, des bijoux de qualités, aux finitions impeccables, qu’on ne retrouve pas à tous les coins de rue mais qui restent accessibles à tout le monde et non réservés à une élite… Il est facile de se rendre à l’étranger et de faire fabriquer pour 50cts de l’heure des bijoux qui seront revendus 10 ou 20 x le prix en France dans de grandes enseignes mais ce n’est pas comme ça que je conçois mon métier. Alors je me laisse le temps de trouver les solutions qui me conviennent avant de voir plus « LOIN » ou plus « HAUT »…
Des news pour la rentrée?
La sortie de mes collections dédiées à l’ASIE, les « HMONG », peuples de Thaïlande du Nord et les « AKHA », en Birmanie du Sud…. Ainsi que de nouveaux modèles en soutache et cabochons de wax, de la collection « AKINA ». 😉
***http://globecroqueuse.canalblog.com/