Lamiae BENMAKHLOUF est Directeur Général de « MOROCCAN INFORMATION TECHNOPARK COMPANY » MITC S.A, société gestionnaire des Technoparks de Casablanca, Rabat et Tanger
Titulaire d’un DESA en finance de l’université Mohamed V de Rabat (2001) et d’un Exécutif MBA de l’université AL AKHAWAYN (2013). Elle est aussi lauréate du programme TECHWOMEN 2016, programme américain dédié aux femmes leaders de la région MENA, Afrique et Asie Centrale.
Lamiae est Administrateur à « Maroc Numeric Fund » (fonds d’amorçage dédié aux NTIC), membre du Conseil d’Administration de Réseau Entreprendre Maroc (trésorière), Membre du Conseil d’Administration de Wimen (réseau international de femmes dirigeantes) et Vice-Présidente de ESTEM Morocco (Environmental Science, Technology, Engineering & Mathematics) une NGO marocaine dont la mission est d’encourager les jeunes filles à entreprendre dans des filières scientifiques et technologiques.
Au niveau international, Lamiae est membre du Conseil d’Administration de l’IASP (l’Association Internationale des Parcs Scientifiques et Technologique) et est présidente de la région WANA de cette association.
UFFP s’est entretenue avec elle, suite à la signature de son partenariat avec le réseau WIMEN le 24 janvier dernier.
Découvrez cette femme leadeur de la nouvelle génération au féminin au Maroc.
Lamiae Benmakhlouf Directrice Générale du Technopark de Casablanca. Maroc
Entretien avec UFFP
Parlez-nous de votre Parcours
J’ai obtenu mon DESA de l’Université Mohamed V de Rabat En finance des marchés mais mon destin m’a conduit aux technologies de l’information. En effet ma première expérience a démarré au Technopark en 2002 où j’ai occupé le poste de Directeur administratif et financier. Ma curiosité, ma persévérance et mon sens de l’engagement ont fait de moi une « touche à tout » : la finance, les RH, les SI et l’organisation interne de l’entreprise. Ces différentes fonctions m’ont permis d’avoir une maitrise globale sur le fonctionnement de l’entreprise gestionnaire des Technoparks mais également d’être impliquée dans les décisions stratégiques de cette entité. Parallèlement à mes innombrables fonctions et engagements associatifs, la formation et l’apprentissage m’ont accompagnée tout au long de mon parcours : un Exécutif MBA à l’Université AL Akhawayn en 2012, Un cycle en coaching de gestion auprès de l’ICF en 2015 (international coaching Federation), Programme Techwomen à la Sillicon Valey en 2016…(programme visant à renforcer le leadership des femmes opérant dans l’IT).
Quelles sont vos fonctions au Technopark ?
J’ai été nommée Directrice Générale du Technopark en 2016 après y avoir occupé plusieurs postes de responsabilité entre 2002 et 2015. Je suis fière d’être la 1ère femme nommée à ce poste depuis la création du Technopark en 2001.Le Technopark Maroc se positionne en tant que facilitateur, accélérateur et catalyseur du développement économique et social en mettant à la disposition de ses entreprises une panoplie de services allant de l’hébergement au coaching, formation, accompagnement et l’aide au financement.
Accompagner les start up et les aider à réussir est ma principale mission. Le Technopark est le premier et plus grand incubateur d’entreprises technologiques au Maroc, implanté aujourd’hui dans 4 villes avec une ambition de couvrir la majorité des régions afin de donner la chance à tout citoyen de se lancer dans l’entrepreneuriat innovant.
Durant le lancement de WIMEN vous avez signé un partenariat ?
Le Technopark compte 300 entreprises dont 15% seulement sont dirigées par des femmes. Notre ambition est d’encourager les femmes à entreprendre et à diriger des institutions à travers le renforcement de leur leadership. C’est dans ce cadre que s’inscrit le partenariat avec le réseau WIMEN : un réseau international constituée de brillantes femmes dirigeantes dont les parcours sont plus que marquants.
Wimen dispensera des programmes de mentorat spécifiques au profit de la communauté féminine du Technopark : des auto entrepreneurs, des cadres d’entreprises, des femmes porteurs de projets innovants….
Aussi, des événements de networking seront co-organisés par le Technopark et Wimen afin d’étoffer le réseau de femmes dirigeantes au niveau national mais aussi international. Le partage et les échanges de best practices sont toujours source d’inspiration et d’enrichissement.
Les femmes sont-elles assez présentes au sein de vos structures ?
Le Technopark compte une communauté de 2000 salariés qualifiés dont 38% sont des femmes. Ces dernières opèrent dans un secteur porteur et créateur de valeur ajoutée pour notre pays : Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.
Sur les 300 entreprises incubées, seule une quarantaine sont fondées par des femmes. Cette représentativité parait faible (15%) mais reste largement supérieur à la moyenne nationale qui n’atteint pas 10%.
Concernant la société de gestion des Technoparks, que je dirige, la parité est parfaite. Mon équipe est constituée de 36 personnes dont 18 sont des femmes. Personnellement, je favorise la mixité avec l’égalité des chances dans la promotion aux postes de managers. La diversité est source d’enrichissement et de créativité et favorise la collaboration et la productivité.
La politique de recrutement est fondée d’abord sur les compétences techniques et aussi personnelles, et ce qu’il faut souligner c’est que les femmes marocaines regorgent de potentiel et méritent d’être boostées dans leurs carrières professionnelles.
Pour vous que signifie le leadership féminin ?
Personnellement je ne fais aucune distinction entre le leadership féminin ou masculin. Un bon leader doit être visionnaire, capable de fédérer, motiver, communiquer et inspirer.
En revanche, il y a certainement des qualités ou valeurs dites féminines comme l’empathie, la bienveillance, la collaboration…qui aident les femmes à appuyer leur leadership.
En ce qui me concerne, mes prédécesseurs ont tous été des hommes, et je n’ai eu aucun mal à crever le plafond de verre et prendre le pari de diriger le Technopark. Deux qualités m’ont aidé à asseoir mon leadership : la crédibilité et la résilience.
Malheureusement, dans les pays en développement, on a encore du mal à croire en le leadership des femmes et leur rôle déterminant dans la reconstruction et le développement de nos économies.
Il est temps de mettre fin à ces fausses croyances et de prouver de manière formelle (par des chiffres et des statistique) l’impact positif de la mixité, de l’égalité des chances, de l’inclusion des femmes dans les postes de décision et leur implication dans le développement socio-économique.
Que faudrait-il pour encourager le leadership chez les femmes ?
– Il faut faire un travail en profondeur au niveau de l’éducation des générations présentes et futures pour éradiquer toute discrimination qui commence déjà au foyer, à l’école…et se répand dans les sociétés.
– Enseigner les soft skills dans les lycées et universités : le développement personnel, la confiance en soi, l’autonomie, la prise de risque….
– Multiplier les programmes de mentorat féminin et les dispenser à tous les niveaux : choix des orientations au Lycée (vers des filières à forte valeur ajoutée), sessions de sensibilisation dans les universités, Accompagnement des jeunes femmes entrepreneurs, Partage des expériences et des parcours par des rôles modèles ; valorisation et médiatisation des femmes à succès …
– Développer le networking et le réseau de femmes dirigeantes afin de renforcer le lobbying et défendre davantage la mixité et l’égalité des chances au niveau des hautes instances.
– Continuer à se battre et ne pas lâcher prise
Merci Lamiae Benmakhlouf !