Artisan artiste un rêveur de la toile
The princess from Accra
Fantaisiste, passionné, atypique, rêveur, entier il s’appelle Supa Djiles. Au début de notre rencontre, un court moment d’embarras, car on s’attendait à voir un « africain » en face de nous. Mais l’Art a confondu l’ artiste, artisan comme il aime se définir, atypique fou et créatif délirant . Supa Djiles, c’est une mixture des cultures, un globe trotter, un avide de l’autre, un amoureux des différences qu’il finit par rendre familières par le beau.
« Tout à commencé à cause de ce satané postier de Cotonou (bénin). J’écrivais régulièrement voire quotidiennement à ma fiancée et future épouse béninoise. Pour agrémenter mes courriers je faisais des collages et peintures sur les enveloppes. Un jour, le responsable de la poste a demandé à voir ma fiancée pour savoir qui envoyait ces enveloppes. Il lui a dit « c’est trop beau ! » . C’est ainsi que j’ai eu ma première confirmation que ce que je faisait pouvais avoir un intérêt pour les autres » une vocation est née pour cet amoureux du Continent qui n’a de cesse de le sublimer et d’en sublimer ses femmes.
Un art …postal
Un artiste peintre non mais plutôt un artiste tout court qui travaille inlassablement le « Mail Art ». Une technique d’ enveloppes kraft grand format peintes comme des tableaux et prêtes à être envoyées par la poste. Un mode artistique inspiré par l’œuvre du britannique Nick Bantock, que l’on connait surtout de par une pièce emblématique, son chef d’’oeuvre «Sabine et Griffon » un échange épistolaire, imagé et imaginaire entre deux graphistes. L’un britannique créateur de cartes postales, l’autre, créatrice de timbres installée aux iles Salomon. Un mariage improbable des styles et des personnalités, mais un échange artistique au résultat saisissant.
Rien de spectaculaire, plutôt un amour du détail , des enveloppes petits formats (21×30) forcément minimalistes que l’on découvre avec ravissement, tels ces petites boites de pandore où l’on est toujours surpris du résultat.
The little princess of Granpopo
« L’échange épistolaire conduit souvent à une considération intelligente sur le monde car elle nécessite du recul mais également un mode posé et subtil de narration. Mon inspiration vient de la peinture mais également, du cinéma, de la littérature, de la BD ou de la photographie mais maintenant les bijoux, la mode, l’art plastique.
Je conçois mes peintures comme des « covers ». A l’origine je travaillais sur des photocopies de photos recoloriées puis, naturellement je me suis orienté vers la peinture. C’est une manière d’illustrer mon sentiment en image et de le faire partager. Le portrait est venu naturellement et le coté ethnique, au sens de pratique culturelle, s’est imposé par l’inspiration liée aux costumes traditionnels et parures. Se parer pour une cérémonie c’est mettre ce que l’on a de plus beau« et c’est ce je cherche pour mes personnages. A l’opposé, il peuvent aussi être dénudés ce qui est une autre forme de beauté et de tradition ». Compliqué de suivre, mais qu’importe, cette vision subjective d’un univers créatif, quand le travail transpire l’amour, la vie et la sensualité !
Le regard change la vision de soi et des autres
Pour cet artisan peintre, la peinture a changé au sens propre le regard sur les choses « A force d’essayer des rendus de lumière, je regarde en permanence comment elle se pose, illumine ou assombrit les choses. Il m’arrive de rester fixé a regarder une personne. Cette approche m’ouvre aussi considérablement intellectuellement car je suis en permanence à la recherche de nouvelles images mais j’essaie également de comprendre des œuvres plastiques et la manière dont elles sont réalisées. Autodidacte, J’ai appris mes techniques dans les bibliothèques mais j’essaie de plus en plus de travailler le détail de mes images, le rendu des tissus. Si je devais retenir un commentaire à propos de mes œuvres ce serait celui de Azman Othman un peintre Malais qui l’a exprimé ainsi : « Vos peintures sont imaginatives et provocativement intelligentes » qu’ajouter de plus ?
Supa Djiles l’expo
A l’occasion de son exposition commune, le 14 juin au Ministère des finances avec Dtone un autre artiste plasticien. Supa Djiles a présenté une partie de sa série « princesses du monde ».
Des femmes africaines au regard fier, des dos nus provocants, des regards perdus ou défiants, des princes et des princesses. Les œuvres de Supa Djiles sont essentiellement des portraits « ethniques » d’homme de femmes d’Afrique et d’Asie Des portraits très colorées et agrémentées de peintures métalliques ou de paillettes puis vernies.
Un artiste qui fait fi de la technique et des conventions, un artiste libre et sans frontiéres, amoureux de son Art, généreux et fidéle à sa vision idéalisée du Monde.