Chadlia Caïd Essebsi n’est plus, l’épouse du président tunisien Béji Caïd Essebsi, décédé le 25 juillet quelques semaines avant la fin de son mandat, ce dimanche 15 septembre, a rendu l’âme hier le jour de l’élection présidentielle anticipée
C’est un signe prémonitoire de la fin d’une ère. Chadlia Caïd Essebsi n’apparaissait que rarement en public, contrairement aux Premières dames de la Tunisie post-indépendance, Wassila Bourguiba et Leïla Ben Ali. A 83 ans, elle avait accueilli en juillet les nombreux chefs d’Etat venus rendre hommage à son mari (dont le Président Macron), disparu à l’âge de 92 ans après avoir été le premier président démocratiquement élu au suffrage universel en Tunisie.
Fériel Berraies Guigny. PDTE UFFP; photo David Dao june 2019
Une mort qui sonne la fin d’une époque démocratique
La disparition de l’ex-Première dame survient alors que sept millions d’électeurs tunisiens devaient voter, ce dimanche, pour une élection présidentielle avancée de sept semaines en raison de le mort du président Essebsi. Notre pays pionnier du Printemps arabe,s’oriente vers un avenir des plus incertains.
Comment peut on voter pour un monsieur corrompu en prison et pour l’islamisme ?
Encore une fois je suis sous le choc abasourdie par ce qui se passe dans mon pays, comme si nous n’avions toujours pas appris de nos erreurs passées, l’histoire se répète…
Continuellement rattrapée par ce destin d’être femme, en constante état de pied de guerre dans ma région. Comme des « Don Quichotte » éternelles gardiennes désespérés et non moins lucides et courageuses; sommes nous encore une fois en danger ?
Cet idéal de liberté est il si fragile pour qu ‘il soit constamment remis en question ? comment faire entendre nos voix, là où les magouilles, la cupidité, le manque d’éthique font loi ?!
Oui nous payons encore une fois les dérives véreuses de nos politicards, notre immaturité politique, notre manque de patriotisme.
Attention la Rupture peut entraîner le pire !!!
L’arrivée au second tour de la présidentielle en Tunisie de deux candidats ayant fait campagne sur des plateformes «anti-système», laisse présager de profonds bouleversements dans ma société. Nous payons inévitablement l’ abstention-sanction. Les tunisiens étaient lassés des guerres de clan, je veux bien le croire mais laisser passer soit un mafieux ou un barbu non !
Même s’il est clair que le message veut être cinglant pour exprimer un réel rejet du système et qu’il est l’expression d’un ras le bol politique.
Un corrompu au Pouvoir? vaut mieux alors BEN ALI !!! mais pas de barbu SURTOUT PAS CE SPECTRE !!
Mais que dire d’ un Candidat incarcéré pour blanchiment d’argent ? les mots me manquent et les arguments me manquent aussi pour tenter de comprendre cet éléctorat, moi la criminologue et féministe engagée, j’ai bien honte de l’image que notre jeune démocratie donne au reste du monde, mon cœur saigne pour nous femmes patriotes incorruptibles.
L’affaire n’a guère de précédent dans le monde, et en Tunisie aussi mais …. «Si ce candidat gagne, on est dans une impasse juridique», estimerait le procureur général adjoint de la Cour d’Appel de Tunis, Ibrahim Bouslah.
Bon cela ne rassure pas… D’autant qu’il semblerait que le fait d’ être condamné ne l’empêcherait pas d’être président, selon Mohamed Tlili Mansri, membre de l’instance chargée des élections: une peine de prison «ne constitue pas un empêchement pour être un candidat ou même gagnant des élections en droit tunisien», à condition que le jugement ne prévoit pas de déchéance des droits civiques et politiques.
Quelles conséquences pour le paysage politique tunisien à trois semaines des législatives?
Je prie que le Seigneur vienne en aide à ma patrie, aux femmes et aux personnes intègres de mon pays… nous avons du mal à nous projeter et il faut s’attendre à des mauvaises surprises.
Femmes tunisiennes restons mobilisées !!!
Je ne connais que trop, la nécessité pour nous « femmes africaines et maghrébines « d’être constamment mobilisées et sur le pied de guerre, auprès des institutions mais aussi auprès de la société civile, nous avons toutes notre mot à dire pour faire bouger les choses !
Il est temps de valoriser encore plus le leadership régional et continental au féminin et de se dire que beaucoup de nos sœurs nous ont montré le chemin, et que beaucoup d’entre elles vont continuer à le faire. Mais il ne faudra pas oublier l’héritage de certaines dont Gertrude Mongella que l’on appelle à juste titre « Mama Beijing » puisqu’elle fut la Presidente de la Conférence de Beijing en 1995. Mais cela peut il s’appliquer à mon pays si l’on venait à nous baillonner nous les femmes que pouvons nous faire contre l’obscurantisme et la corruption endémique ???!!!
Ce qui est déplorable c’est qu’encore une fois quand il y a des femmes qui briguent la magistrature suprême on les massacre !!!
Aujourdhui, l’heure est grave pour mon pays, aujourd’hui, plus qu’hier, nous savons que le voyage sera long et semé d’obstacles, mais il ne faudra jamais renoncer qu’importe les retards, les contretemps, le prix.
Nous devons arrêter nous les femmes, d’être des prétextes, des alibis, des instruments pour affaiblir ou anesthésier une société voire une Nation. Nous devons arrêter la mise à sac de notre patrie, nous devons laisser la méritocratie gagner, l’éthique !
Encore une fois, que le Seigneur vienne en aide à mon pays la Tunisie, aux femmes et aux hommes propres, intègres et de bonne volonté car le pire de nos cauchemars est en train de se réaliser si nous ne mesurons pas encore les conséquences terribles de notre désengagement civique. Et si nous cautionnons les rêves de grandeur de nos corrompus.
Feriel Berraies Guigny