par Supa Djiles
photos Fredo H
Tresses en transe…
« Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires » disait Charles Baudelaire. C’est un appétit que nous donnerait volontiers Nadine Mateky. : Musique envoutante, mannequins timides, coiffes de reines. Révélation et succès le 12 Octobre à la Bellevilloise à Paris pour son premier défilé. Une salle comble, Une chorégraphie originale et une ambiance magique pour mettre en valeur ses sublimes coiffures sur le thème des reines d’Afrique.
Nadeen sculpte en transe. Une artiste du cheveu, de la tresse, de la natte ! « Quand je coiffe je suis dans un processus créatif proche de la transe. D’ailleurs souvent, je crée en musique, je ne sais pas au départ quel va être le résultat exact ». ». Une artiste inspirée par les ancêtres sans doute car ses créations rappellent celles de la civilisation Nok (Nigeria 1 000 ans av. J.-C). Les artisans/artistes Nok maîtrisaient l’esthétisme autant la coiffure que les parures dont tous les types de chignons, macarons, tresses, nattes, torsades, boucles, coques, papillotes, bandeau, couronnes, turbans, diadèmes… Jusqu’à la forme même des coiffures copie celle des calebasses retournées pour se protéger du soleil.. C’est cette qualité d’artisan et d’artiste que l’on retrouve dans ces coiffes audacieuses sublimée parfois par des touches de couleurs.
« Ça sort de ma tête… »
C’est souvent dans l’enfance que l’on acquiert ses vraies passions. C’est sans doute le Cas de Nadeen, d’origine congolaise elle arrive en France à l’âge de quatre ans et repart à 8 ans pour son pays d’origine le Congo. C’est là-bas de 8 à 13 ans qu’elle va apprendre le métier en tressant la famille, les voisines et surtout sa meilleur cliente : Sa grand-mère.
« Tu n’a pas la main dure « me disait-elle. C’était une façon de dire que j’étais douée pour coiffer. Pourtant, difficile d’en vivre. Quand Nadeen retourne en France elle enchaine les métiers alimentaires mais continue toujours à coiffer. Le déclencheur se fait, comme souvent par une rencontre : « C’est une cliente et amie, chanteuse de Dancehall « Lady sweetie » qui m’a emmenée sur un shooting. Là, j’ai rencontrée une maquilleuse qui elle m’a emmenée sur des tournages. Appels à droite, appels à gauche, J’ai commencée à travailler régulièrement, à mieux connaitre ce milieu et à coiffer toutes sortes de têtes ».
Un an et quinze têtes…
Son carnet d’adresse est fait. Pourtant il y a un an, elle décide de se poser et de reprendre les bancs de l’école à Paris pour réaffirmer les bases de sa coiffure. Plus sûre d’elle elle se lance dans son projet de défilé. « Mon objectif était de célébrer la femme, la femme reine. J’ai mis un an pour préparer ce défilé ». Grâce à des rencontres encore. Avec Sabrina Lambretin, photographe qui sait mettre en valeur ses créations puis avec Laure Courtellemont qui assurera la chorégraphie de son défilé. Tout n’était pas joué jusqu’à dernier moment : J’ai ca dans le sang mais je travaille au feeling donc je ne peux pas vraiment avoir d’assistante. Le jour du défilé j’ai coiffé de 17 à 23 heures ». Quinze têtes. Les têtes de ses cousines, amies, mannequins amateurs ou professionnelles qui se prêtent au jeu et assurent un parcours sans faute.
Un style Roots mais classieux….
Le défilé c’est fait. Maintenant ,mademoiselle Mateky pense à l’avenir. « Pour le futur : j’ai trois objectifs : Trouver un partenariat avec un fabricant/fournisseur, car in fine, je consomme énormément de cheveux et cela à un coût, développer ma visibilité sur des évènement importants comme le mondial de la coiffure pour assurer une meilleure représentation de la femme noire et enfin travailler avec de grands couturiers ».
Il est certain que la collaboration avec cette jeune femme talentueuse sera un atout pour sublimer certaines collections. Sa qualité, créer un style original avec un large éventail qui propose des formes originales et très structurées qui conviendraient aussi bien aux lignes élancées et élégantes à la Imane Ayissi qu’aux parures ethnico-chic à la Elie Kuame.
Un atout dont ne manqueront donc pas de s’emparer les créateurs « ethniques » aussi bien que « classiques » pour mettre en valeur leur collections. Nadeen Makety n’a pas la main dure mais elle semble aussi, avoir la tête bien faite.
Magnifiques coiffures