Par Fériel Berraies Guigny
Elle fait parti de ces belles rencontres du métier, au grès d’un passage express à Dakar, il y a trois ans nous avons pu l’a rencontrer. Mais ce n’est que trois ans plus tard, que les langues ont pu se délier et que UFFP avec la génitrice de Biotop ont pu discuter des combats qu’il reste à faire pour préserver Mama Africa et ses enfants. Dasha Nicoué est d’origine béninoise, elle est installée au Sénégal depuis plus de 30 ans. D’abord Hôtesse de l’Air, elle tombée dans la création par « accident » et depuis n’a plus jamais lâché l’affaire. Passionnée, n’ayant pas la langue dans la poche, polémiqueuse quand il le faut, rien ne l’a décourage quand il s’agit de défendre ses valeurs eco friendly pour le pays de la Teranga. UFFP vous fait découvrir une femme de cœur au caractère bien trempé !
Entretien :
Biotop d’hier à aujourd’hui, quel bilan? je dirai que c’est un bilan mitigé parce que j’ai fait les deux éditions de biotop en 2005 et 2007 et qu’ensuite je me suis retrouvée coincée. C’était un événement biennal et il était prévu que cela se fasse en 2009 et 2011. Mais vu que j’ai eu des difficultés financières dès la première édition, bien qu’ayant enchainé une seconde édition, je me suis trouvée dans une impasse. J’ai décidé de prendre du recul par rapport à tout cela. En attendant des jours meilleurs.
Redimensionner l’événement du coup ? Oui absolument, il s’agirait de le penser autrement, mais surtout de trouver de nouveaux partenaires. J »ai crée une nouvelle Association, l’association biotop qui a donc vu le jour l’année dernière. Cette Association va finalement me permettre d’avoir des partenaires autres que des partenaires étatiques. Les deux premières expériences étaient avec l’État du Sénégal, par le biais de l’ancien président de la République. Où me suis retrouvée avec des « pseudos subventions » qui auraient été soi disant accordées, or je n’ai jamais vu la couleur de celles ci !
S’agissant de la seconde subvention j’ai même eu une attestation de subvention dument signée par le Chef de service de l’Administration générale de la Présidence, mais rien n’est jamais arrivé. 25 millions que je n’ai jamais reçu. A la limite on m’a traité de menteuse, les ragots que l’on colportait disaient que j’ aurai détourné cet argent . Mais à ce jour, je n’ai rien reçu. Mon compte bancaire n’a eu aucune trace en ce sens.
Parallèlement, vous avez eu aussi des stylistes au Sénégal qui vous ont mis des bâtons dans les roues? On pensait à tort que biotop pouvait faire de l’ombre aux Fashion Weeks sénégalaises de la place, or mon salon n’a rien à voir avec la mode événementielle ! c’est un évènement dans le durable, qui devait faire de la sensibilisation pour la préservation de l’environnement ! les gens au fond n’ont rien compris. Cela a aggravé la situation pour moi
Mais vous êtes confiante aujourd’hui? oui je me relève de tout cela, le Sénégal a aujourd’hui de nouvelles autorités qui sont des gens instruits et intelligents et qui pourront comprendre ma bataille. Le Ministre de l’écologie qui a été nommé aujourd’hui en la personne de Ali Aydar est quelqu’un profondément ancré dans la défense de l’environnement. Mon salon a les mêmes valeurs que les campagnes de sensibilisation de ce Ministère.
Vous faites tout un buzz médiatique ces temps cis et y a pas mal de vagues non ?oui mais c’est du positif. Je me suis entretenue avec beaucoup de personnes pour parler de mon concept et les retours sont favorables. Je sais que je suis sur la bonne voie.
Vous mettez la pause sur la mode pour vous consacrer plus à l’environnement? oui avec l’Association je pense qu’il faut m’impliquer plus dans cette direction. J’ai des adhérents et je suis en train de préparer les cartes de membres pour les distribuer. Pour le moment, l’adhésion est gratuite car j’ai besoin de bonnes volontés. De gens qui croient à la chose et qui sont prêts à donner du temps pour la bonne cause. Avec ces gens là, dans deux mois on aura la première réunion des membres pour mettre en route des plans d’action. Car aujourd’hui, je ne suis plus seule. Je ne déciderai plus seule mais je prendrai l’avis de tout le monde. Faire des actions mais avec une approche collégiale en tenant compte de l’avis des membres de l’Association.
Quelle politique des étapes? et quelles problématiques à gérer? saisir les autorités quant au bien fondé de nos actions et de Notre Association. Il y va de la survie de nos populations !
Quelle est la situation au Sénégal? oh la la ! c’est catastrophique et je ne sais pas par où commencer ! on a des problèmes de canalisation, de voiries, de nettoyage tout simplement!
Les déchets plastiques, votre grande préoccupation ? oui absolument, les sachets plastiques nous en sommes inondés! notre environnement est envahi, on voit les sachets plastiques voler dans les airs, on les trouve aussi au large dans la mer. Notre bétail consomme les plastiques, les plastiques sont accrochés à toutes les branches d’arbre. Les bords de route, n’en parlons pas. Que faire? les canalisations, les caniveaux en sont bouchés. C’est un cauchemard.
Que faire ? il faut que les Autorités prennent une décision, celle de limiter les sachets plastiques pour les remplacer par des sachets biodégradables. Et cela existe aussi, ou même des sacs en tissu. Il faut éduquer les gens à utiliser ces nouveaux matériaux. Il faut enrayer cet automatisme du sac plastique!
Recycler le papier est un début, on peut prendre des sacs réutilisables, il y a plein d’alternatives contre le plastique. Je ne combats par les industries mais les gens doivent réviser leur comportement et se dire que le plastique mal utilisé est hautement destructeur. Et c’est le cas au Sénégal.