Une tragédie humanitaire intolérable est en train de se profiler dans la région de Goma. Une nouvelle fois, les cibles et les dommages collatéraux fragilisent les populations civiles , réfugiées depuis des années du fait des conflits fraticides régionaux. La MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RD du Congo) se cantonnant au seul rôle d’observateur, semble apathique face au désarroi des populations victimes depuis seize ans d’une guerre qui a fait près de huit millions de morts. Et chaque minute qui passe, près de mille cinq cent femmes et enfants sont violés et mutilés. Un génocide en bonne et due forme, perpétré dans l’indifférence totale et le silence complice de la communauté internationale. UFFP voudrait alerter ses lecteurs et également une certaine morale internationale, pour que cesse encore une fois, les massacres géopolitiques des gouvernances africaines cupides. Des massacres qui prennent encore une fois comme otage les peuples et les catégories vulnérables !
Par Fériel Berraies Guigny
Entretien avec la Présidente de l’Association Etoile d’Afrique, Marylin Yav :
En RDC, les populations réfugiées dans les camps improvisés aux alentours de Goma sont une nouvelle fois rattrapées par les violences qui rongent le Nord-Kivu, quel est votre sentiment ?
Je te remercie très chère Fériel de m’accorder cette interview qui me permet de lancer mon cri du coeur par le biais des pages du magazine UFFP. En effet, étant originaire de la RDC, où la situation de la guerre fait des échos dans tous les médias.
J’ai un sentiment d’injustice et surtout de révolte, car ce qui arrive était prévisible étant donné que cela a été planifié par depuis très longtemps. J’ai l’impression de revivre la guerre du Zaïre en 1996 lorsque l’AFDL (l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre), à cette époque, j’étais consultante à l’UNICEF-ZAÏRE, où j’ai aussi assumé le rôle d’Ambassadrice, en présidant le Comité de Fundraising pour le cinquantenaire de l’UNICEF, qui avait un réel besoin de fonds, à cause de la grosse crise humanitaire qui sévissait à Goma, qui abritait le plus grand camp de réfugiés du monde, après le génocide du Rwanda, en 1994.
Aujourd’hui, je revois les mêmes signes précurseurs de chaos, le même schéma, la même technique d’agression, avec les mêmes acteurs (Rwanda, Ouganda, Burundi) et les mêmes objectifs :
– Prendre le contrôle de la RD Congo
– Y installer à sa tête un dirigeant qui sera sous les ordres du Président Rwandais Paul Kagamé
– Procéder à la balkanisation de la RD Congo pour mieux piller ses richesses sans tenir compte de la population qui est la première victime de cette guerre dont les enjeux sont économico-financiers.
Rien n’a changé, ce qui a de plus scandaleux c’est que la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RDCongo) ne fait rien pour la population vulnérable, qui est la première victime de cette guerre qui dure depuis seize ans, et a fait près de huit millions de morts, où chaque minute près de mille cinq cent femmes et enfants se font violées et mutilées,…Un génocide perpétrer dans l’indifférence totale et le silence complice de la communauté internationale.
Aujourd’hui, je suis arrivée à me poser la question existentielle suivante :
« Nous peuple de la République Démocratique du Congo, que sommes-nous aux yeux des dirigeants de la planète, sommes-nous une nouvelle espèce qui n’a pas de nom ni de qualificatif et que l’on va tous nous exterminer dans un silence total car nous n’avons aucun statut qui nous définit et que nous n’avons rien à faire dans l’histoire de l’Humanité ? »
C’est très difficile d’accepter cette situation, car elle se perpétue depuis l’ère coloniale que nos parents et grands-parents ont vécu durant l’époque de l’Etat Indépendant du Congo qui fut la propriété privée du roi Belge Léopold II, qu’on appelait aussi jadis « Le pays des mains coupées », dont il reste encore des stigmates indélébiles dans l’esprit des congolais, car il y a encore des témoins qui ont vécu à cette époque.
Que pensez vous des anciennes puissances coloniales ?
En Belgique, on commercialise ironiquement avec cynisme, des petites « mains noires coupées » en chocolat noir ou en biscuit, qu’on appelle communément « les petites mains d’Anvers ». Serait-ce pour rendre hommage aux bienfaits de la colonisation belge, honorer et commémorer les crimes du roi Léopold II à la gloire de la Belgique, tel qu’on le fait pour la cérémonie des » Oscars » ? Pour nous les congolais, ça nous rappelle la période glorieuse de ce « Roi humaniste qui apporta la civilisation au Congo ».
A cette époque, au nom de la civilisation, 80% de la population congolaise fut exterminée, pour exploiter ses richesses, hévéa (caoutchouc), or, cuivre, diamant, ect…
Un scénario qui se répète malheureusement car on a rien appris des peuples ?
Aujourd’hui, au nom de la démocratie, on extermine 8 millions de congolais pour exploiter ses richesses au risque de créer non seulement le plus grand crime humanitaire de l’histoire humaine, mais de créer aussi un crime écologique, car cette guerre déstabilise l’écosystème du Bassin du Congo et sa biodiversité, pire encore, elle est menée pour exploiter le gaz du lac Kivu, qui est au pied du volcan le plus imprévisible et le plus dangereux de la planète, le Nyiragongo. N’oublions pas la tragédie du lac Nyos au Cameroun, c’est ce qui risque de nous arriver au Lac Kivu.
Vraiment très peinée par toutes ces atrocités, je prie que tout s’estompe pour le bon vivre des populations qui n’ont que trop souffert !!