Célestine Ketcha Courtès Présidente réélue au sein du REFELA est connue comme étant la spécialiste des questions de Coopération au développement en partenariat avec les Cités et gouvernements locaux unis (CGLUA) et l’État du Cameroun, elle est aussi très investie depuis notamment son investiture à la présidence du REFELA pour les questions relatives au genre et la protection de l’enfance et de la jeunesse. Réélue pour un second mandat à la tête du REFELA, UFFP l’a rencontrée lors de la 8e édition du Sommet panafricain Africités qui s’est tenu en novembre dernier sur Marrakech. Dans un climat pas toujours en faveur de la parité dans le Continent? il est important de constamment rappeler la pertinence de la question genre. Une Afrique durable serait une Afrique paritaire nullement en compétition avec les hommes. Mais pour cela, les femmes africaines doivent compter sur leurs capacités, cultiver la confiance en soi et surtout bénéficier d’une réelle volonté politique des chefs d’États et des partis.
Mais les conditions incontournables pour la parité sont avant tout l’autonomisation dans le monde du travail , la scolarisation des filles, leur adhésion dans des filières plus scientifiques et techniques, pour ne plus être réservées aux postes féminisés. Et surtout une fois mariée, renoncer à la tutelle maritale pour espérer voler de leurs propres ailes.
Célestine KETCHA COURTES Mairesse et Présidente du REFELA
Entretien avec UFFP :
Vous avez été réélue au sein du REFELA pour un second mandat ? pour moi c’est une marque de reconnaissance des efforts que nous avons faits. Pour faire bouger les lignes au niveau local pour les femmes. Que mes sœurs renouvellent leur confiance pour mes modestes efforts, c’est la preuve que nos actions n’ont pas été vaines. Nous avons travaillé plusieurs objectifs : l’autonomisation des femmes, nous avons œuvré en vue de protéger et d’encadrer les petites filles qui sont l’avenir de l’Afrique. Et nous sommes heureuses d’aussi lancer durant ce Sommet la campagne des villes africaines sans enfants de la rue. Et également celle contre la violence faite aux femmes. Mais nous travaillons surtout dans l’optique de construire un pont entre les partenaires du développement local et les femmes africaines.
Un mandat qui a tenu ses promesses ? Tout le travail du REFELA a été reconnu par les femmes et les responsables élus locaux. Un travail engagé que nous avons toutes mené nous les femmes élues locales ces trois dernières années.
Il n’y a pas eu de candidature pour ce poste étonnamment ? oui j’ai été un peu surprise, car personne ne s’était représenté en tant que candidate. Mais l’on m’a tout simplement encouragé à continuer le travail assidu que nous avons mené.
Toutes les africaines quand elles sont debout font front ? oui toutes les africaines sont des lionnes, c’est pour cela que quand on aura plus d’africaines autour d’une table de négociations, vous verrez les choses avancer plus rapidement.
Plus de représentativité en Afrique ? oui c’est un combat que nous menons au quotidien au niveau local. Quand on considère qu’en Afrique, nous sommes 52% de la population. Dans les faits et sur le terrain nous sommes peu représentées quand il s’agit des postes de responsabilité et ce, à tous les niveaux !
Nous représentons à peine 6% dans les postes sélectifs.
Depuis Beijing votre bilan ? malgré les lenteurs et les frustrations, il faut se dire que cela a fait avancer certaines choses quand même. Il y a eu la réflexion la prise de conscience des politiques. Bien sûr sur le terrain, l’application de ces résolutions de ces politiques reste aléatoire.
D’où vient le blocage selon vous ? je pense que cela vient d’abord de nous. Nous ne nous faisons pas confiance, outre le fait que l’on ne soit pas toujours unies. En 2007, je m’étais battue pour répondre aux instructions du Président de notre Parti, le Président de la République du Cameroun Paul Biya qui demandait 30 % de femmes au Conseil. Je suis allée vers une femme que je connaissais et croyais capable de « driver » d’autres femmes dans son milieu. Elle m’a répondu qu’elle allait « demander à son mari » suite à ma proposition. La femme africaine doit se libérer de la tutelle de son mari, sinon on n’y arrivera jamais.
Travail des mentalités ? oui je pense qu’il faut faire un réel travail en ce sens et d’abord auprès des femmes qui doivent apprendre à se projeter à avoir plus confiance en elles. Et les femmes doivent aussi apprendre à s’entendre avec les femmes et avoir confiance en elles.
Le SHE for SHE c’est crucial ?! et comment, 52% de la population sont des femmes, imaginez si nous votons pour les femmes nous serons 50% au moins. Il faut que les femmes apprennent à faire confiance à leurs sœurs.
Des contraintes pas uniquement vis-à-vis des mentalités mais aussi économiques ? il est vrai qu’il faut avoir de l’argent, pour ma part je suis femme d’affaires et je sais ce que cela me coute. Pour cela il est crucial que les partenaires au développement qui croient aux femmes les pousse à aller en politique, leur donne les moyens de leurs objectifs. Et qu’en même il les accompagner pour leur autonomisation économique.
Il faut apprendre à chercher de l’argent ? oui il ne faut pas les assister « au biberon » il faut les aider à devenir autonome et financer les campagnes pour elles-mêmes ou les autres. Oui, il y a un ensemble d’éléments qui fait que la femme africaine ne décolle pas.
Le REFELA peut contribuer au rêve de la parité ? oui nous devons nous battre pour qu’en 2030, les femmes soient à parité et que nos petites filles en 2030 assurent la relève.
L’éducation, la santé sont aussi des incontournables ? oui, ce n’est pas acquis et il y a encore du chemin à faire, mais nous sommes en cours.
Votre bilan D’Africités ? cela a été réussite, nous avons eu beaucoup de sessions qui ont parlé de la gouvernance et du leadership au féminin. Les campagnes de lutte contre les violences faites aux femmes, de la préservation de l’enfance, il y a eu de tout dans cette édition. Tout cela va contribuer à renforcer les compétences et le mouvement municipal. Nous avons eu la chance de voir les partenaires qui financent les projets des femmes et ils se sont engagés à financer au-delà des communes au niveau africain.
REFELA : un réseau de femmes élues locales né sous l’impulsion du CGLUA
Créé à l’issue du Premier Forum des Femmes Elues Locales d’Afrique, tenu à Tanger (Maroc) du 08 au 11 mars 2011, le Réseau des Femmes Elues Locales d’Afrique (REFELA) est aujourd’hui partie intégrante de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique). Il représente les Femmes Elues Locales d’Afrique au sein de la Commission des Femmes de l’Organisation Mondiale des Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU).
Le REFELA réunit toutes les femmes exerçant une fonction élective au sein des collectivités locales. Il est composé des femmes élues locales des 5 régions d’Afrique : Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest, Afrique de l’Est, Afrique Centrale et Afrique Australe.
Au fil des années la dynamique a surtout été axée sur les moyens à cultiver en vue de faciliter la promotion du leadership féminin au sein des collectivités locales où le nombre de femmes occupant des postes de responsabilité au niveau politique et administratif demeure encore très faible : Le leadership des femmes dans la collectivité locale, et la lutte pour la protection des femmes contre toutes formes de violence, sont en effet les axes de réflexion les plus importants.
Célestine Ketcha Courtès reconduite à la présidence du REFELA durant la 8é édition d’Africités Marrakech
La maire de Bangangté a contribué grandement durant son premier mandat en faveur du développement et du renforcement de REFELA. Ce réseau qui fédère les voix au féminin et la force au féminin du Continent est aussi un medium qui a permis d’influer en vue d’améliorer les conditions de vie et la sécurité des femmes, mais également des enfants et de la jeunesse dans les collectivités locales africaines.
REFELA en bref
La structure de gouvernance du Refela est organisée sur le même modèle que la gouvernance de CGLU-Afrique, avec dans chaque pays membre, un Refela-national, dans les régions africaines un Refela Régional, et au niveau continental le Refela.
Le bureau est constitué de 15 membres à raison de 3 représentantes par région africaine. A la présidence, Célestine Ketcha courtès assistée de 04 vice-présidentes issues des autres régions : (1ère VPte Mme Fatna El Khiel du Maroc ; 2ème V.pdte Mme Macoura Dao de la Côte d’Ivoire ; 3ème V.pte Mme Katrina Shimbulu, de la Namibie ; 4ème V.pdte Mme Irma Juliandresn, de Madagascar).
Lancement par le REFELA de la campagne officielle des villes africaines sans enfants des rues
C’est sous la présidence de son Altesse Royale Lella Meryem, que la campagne a été lancée aux côtés du REFELA et de l’ONDE le jour de la clôture du Sommet panafricain sur Marrakech.
Merci Célestine Ketcha Courtés !