« Il n’a pas choisi Barbie comme muse, elle s’est imposée par sa propre volonté. Juste de la même façon qu’elle est entrée dans la psyché de tout un chacun, de nombreuses femmes veulent être elle, de nombreux homme la veulent. Mais qu’on l’aime ou qu’on la déteste personne n’est indifférent. Tout le monde sait qui elle est et chacun a une opinion » » (*- Ray Noble III, Eyeball Magazine, November 2004 à propos d’Albert Crudo).
Par Supa Djiles
Barbie, la dictatrice…
Il était une fois, l’une des fondatrices de Mattel, Ruth Handler, qui a donné à une poupée le nom de sa fille, Barbara. Aujourd’hui, Les ventes de Barbie rapportent plus de 1 milliard de dollars par an à l’entreprise. Plus de 1 milliard d’exemplaires ont été vendus, et aux Etats-Unis la petite fille type âgée de 3 à 11 ans possède plusieurs de ces poupées. 2 poupées sont vendues par seconde dans le monde. Barbie est devenue un des symboles de la société de consommation, poussée par Mattel qui, avec une approche marketing qui lui permet de s’adapter à toutes les modes et d’être adoptée par la mode. A 53 ans c’est une icône mondiale. Toujours en paradoxe entre le monde de l’enfance et le monde de l’adulte. Adultes d’aujourd’hui, enfants d’hier : les créateurs ont également grandis avec elle et comme tous les symboles elle est récupérée. Les artistes en usent et en abusent.
Victime de la mode…
Déjà en 1985 Andy Warhol, la peint de la même manière qu’il a peint Jane Fonda ou Marylin Monroe. Warhol a traité Barbie comme une célébrité « Pour Warhol, ce n’était pas important si vous étiez réel ou non »
Elle est également utilisée par l’architecte Robert A. M. Stern ou par le photographe Levinthal dont la valeur des polaroids est estimée aujourd’hui autour de 12 000 $ (pièce).
« On avait une styliste sur la séance photo” se rappelle Levinthal. « Le premier jour, elle est venu au studio Polaroid, a sorti un mini fer à cheveux et a commencée à faire des boucles aux cheveux de Barbie. Nous nous sommes rendus compte que nous mettions les pieds dans un tout nouveau monde ».
Et déjà, apparaissent les comparaisons avec les mannequins. « C’était le mannequin de mode idéal ! Elle ne restait pas a des fêtes toute la nuit et elle était toujours prête à 9 :00 heures».
In 1994, Mattel, le fabricant de Barbie demande au designer Craig Yoe d’organiser une collection de Barbie « artistiques » , compilées dans un livre intitulé The Art of Barbie. Pour ce livre, Yoe rassemble le travail de plus de 100 artistes reconnus. Depuis d’autres artistes ont continués dans cette veine avec notamment le travail de Chris Jordan’s « Barbie Dolls » en 2008. Mais ente Barbie et les artistes la vie n’est pas toujours si rose. Tom Forsythe un photographe américain met Barbie en scène dans des positions érotiques avec notamment …des appareils ménagers. Le 24 août 1999, Mattel l’attaque en justice pour avoir enfreint les droits à la propriété intellectuelle et la mise en scène dégradante de Barbie.
Pour l’avocate de Forsythe, Mme Hurst l’entreprise aurait porté plainte contre plus de 65 artistes, elle accusé Mattel de mener une « campagne de terreur légale » contre les artistes. Mattel perd le procès en 2011.
Plus récemment une artiste française Jocelyne Grivaud la met en scène en miroir avec des œuvres d’art célèbres (la Joconde, Le cri, La jeune fille à la perle, …).. et le créateur de chaussures Louboutin en fait des séries limitées. Le filon n’est pas tari mais l’opposition s’organise.
En mode plastique …
Comme le notait Zola : « Comment s’intéresser à ces poupées rêveuses, à ces mannequins prétentieux [de Chateaubriand], lorsque notre monde de création littéraire s’est peuplé d’une foule de personnages en chair et en os (Zola,Doc. littér., Chateaubr., 1881, p. 34).
Car Barbie c’est également le symbole du faux/fake , de l’objet qui sans être propre à la civilisation occidentale a longtemps été un de ses symboles. Aujourd’hui Barbie est multi Ethnique et déclinée en plus de 100 nationalités.
Depuis quelques années après une baisse de ventes Barbie repart en force peu après son cinquantième anniversaire. En phase avec l’époque ? » Avec la chirurgie esthétique, a une société de surconsommation au bout de son modèle ? l Sexualisation exacerbée d’un jouet (Mattel sort en 2011 une poupée SM) et a l’opposé une imitation du monde Barbie , du réel et du plastique .
Les recherches ont montrée une corrélation entre l’introduction de Barbie dans la culture mainstream et une génération entière de gens obsédés par l’apparence et la consommation. Une génération de petites filles qui se projettent à travers cette image.
Une projection qu’elles n’hésitent plus à réaliser relayées par des idoles pop et rn’b qui a l’instar des Beyonce, Paris Hilton, Nicki Minaj, Rhianna qui assument sans complexe cette image, même si un second degré plane. Certaines vont jusqu’au bout de la fusion avec la poupée. Valérie Lukyanova , une jeune Ukrainienne de 21 ans a toujours rêvé de devenir l’équivalent humain d’une poupée Barbie. Grace à la chirurgie esthétique, elle a réalisé son rêve: devenir une Barbie à l’échelle humaine. Symptomatique ?
Deja la contre offensive ….
Deja est née sur internet, c’est un enfant du cyberspace. En 1999 Stephan Davidich, un sculpteur de Bonze américain d’Okland, rejoint un chat room appelé Shades of Fashion qui réunit des collectionneurs de poupées mode « Black ». Un membre propose de boycotter Mattel, le fabricant de Barbie au motif qu’il ne produit pas assez de poupées noires. L’idée semble idiote car le groupe n’est que de 200 mais un autre membre suggère de créer leur propre poupée et l’histoire démarre. Il est alors proposé que phlusieurs membres envoient une contribution pour que Stephan puisse créer un premier modèle. Le nom est adopté aux votes, ce sera « DEJA ».
Stéphane rencontre des difficultés dans la réalisation et le projet traine dans des cartons jusqu’en 2006 ou le projet est relancé par « Brendas »’ le club des Black and Beautiful Doll Club à la Barbie Convention de Los Angeles. Stephan rencontre Jim Faraone, l’auteur de « Fashion Doll Makeovers » qui produit la convention internationale des poupées de modes (IFDC). Stephan se remet au travail avec l’objectif de produire un modèle pour la convention de 2007 mais il rencontre des problèmes techniques et seules des photos sont disponible. En 2011, la page Facebook est lancée. sous le nom de Déjà Dohl.
Pour Steven : « L’industrie de la mode est extrêmement consciente de la dette qu’elle a envers Barbie. C’est elle qui “addicte” les enfants à la mode et transforme cela en vente quand ils sont devenus adultes. De nombreux modèles les ont influencés, mais dans l’histoire récente l’industrie de la mode et l’industrie des poupées ont en commun ce gout général pour cette idéal poupée grande et mince.
Ces deux mondes se nourrissent l’un de l’autre et ceci mène des jeunes filles influençable à suivre leur idoles sur ce chemin vers la beauté. Un chemin très étroit et difficile à suivre. J’ai essayé d’éviter le plus possible cette approche en créant Deja. Le but à long terme est d’assurer une meilleure production et de la lancer à l’ étranger pour l’amener dans la gamme de prix des poupées commercialisées. « Il ajoute : « Mattel est une société commerciale mais qui en définitive réponds à ses actionnaires. Ils ne feront jamais ce que nous faisons. Deja est la première de trois modèles de poupées. C’est la leader, la plus voluptueuse des trois. Les poupées noires disponibles sur le marché avaient la couleur mais rien qui représente la pure structure africaine, l’architecture du visage de la communauté black d’aujourd’hui. J’ai également été inspiré par la mode comme un moyen d’exprimer les formes et les couleurs. Quand on a demandé à Tim Gunn ce qui était le plus important pour lui dans la mode il a dit « silhouette », en tant que sculpteur c’est quelque chose que je comprends. «
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