Nous avons rencontré Fatimata MBaye à Paris, lors de sa remise du Prix Goralska, et nous avons pu deviser quelques instants avec elle, dans les coulisses de sa nomination.

C’est dans le salon Pompadour de l’hôtel parisien Le Meurice, que Fatimata Mbaye, avocate mauritanienne engagée pour les droits de l’homme dans son pays, a été primée pour ses engagements humanistes orientés depuis de longues années pour le respect de la dignité humaine.
Le Prix de la femme Goralska 2016, nouvelle initiative lancée par la créatrice en orfèvrerie Corinne Evens, vise à récompenser une femme d’exception, engagée pour améliorer les modes de vie de sa communauté et de son milieu professionnel, social et politique.
Et bien, c ‘est une africaine qui a été choisie pour ce prix en consécration pour ses combats.
C’est la danseuse étoile et chorégraphe Marie-Agnès Gillot, qui a remis son prix à Fatimata Mbaye.
Le jury était , exclusivement féminin est présidé par Monique Canto Sperber.
Fatimata MBaye est une avocate mauritanienne, la première dans son pays a avoir pu s’imposer par rapport à des « dossiers » cuisants relatifs à des sujets encore tabous et pourtant endémiques ( l’esclavage,l’excision, la maltraitance des femmes ) un combat qui l’a mise en danger à maintes reprises et la fit connaitre l’univers carcéral trois fois de suite et la torture, mais c’est sans connaitre l’engagement et le courage de cette femme africaine.
Maître Mbaye est la première du Continent africain à avoir obtenu le prix international des droits de l’homme de Nuremberg, en 1999, et aprés avoir divorcé d’un mariage forcé (elle avait 12 ans, lui 45) elle poursuivra ses études de droit et deviendra la première femme inscrite au barreau de Nouakchott. Ses combats pour le droit des femmes et contre la discrimination dont sont victimes les Noirs mauritaniens l’ont conduite en prison en 1986.Torturée, elle en est ressortie cinq ans plus tard, plus déterminée que jamais à poursuivre la lutte. Présidente de l’Association mauritanienne des droits de l’homme (AMDH), elle a reçu en 2012 des mains de Hillary Clinton le prix américain Trafficking in Persons Report, qui récompense les héros de la lutte contre le trafic d’êtres humains.
L’avocate, militante mauritanienne et ex-vice-présidente de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) est plus que jamais engagée dans cette lutte contre la maltraitance à l’égard des femmes et des enfants, des catégories vulnérables qui sont malheureusement encore aujourdhui, les premières cibles des représailles.
C’est durant l’année 1989, qu’un banal incident qui oppose des paysans à la frontière des deux pays mène la Mauritanie et le Sénégal au bord de l’affrontement. Prises de panique, les autorités rapatrient leurs ressortissants de part et d’autre après des journées d’horreur. Me Fatimata Mbaye, propos alors ses services et se mettra à la disposition des rescapés et prendra en charge le «Comité des veuves», constitué des femmes de militaires et de civils tués entre 1989 et 1994.
«On n’a pas le droit de se taire face aux injustices. Tout citoyen a le devoir de dénoncer les manquements de sa société. Dans mon cas, je me considérerais comme n’assistant pas une personne en danger, si je devais rester inactive et me taire face à une injustice. William Burke disait que le mal ne triomphe que par l’inaction des gens de bien; j’approuve totalement cette idée» explique Fatimata M’Baye, qui déplore l’apathie d’une forme de conscience citoyenne en Mauritanie.
Un combat de longue durée, qu’UFFP soutient !