Lauréate Harubuntu, catégorie Coup de Cœur Rwanda
Actrice du développement de sa communauté, dans une démarche de women empowerment comme UFFP les aime, Florida Mukarubuga est une ardente défenderesse des femmes et de l’environnement. En créant un procédé qui consiste à recycler les déchets biocombustibles, elle a valorisé la compétence humaine en respectant sa terre. Et plus que cela, elle a redonné une place de citoyenne à part égale, à ses sœurs rwandaises. A Butare où l’insalubrité et la crise économique sont à son comble, l’Association Amizero qui signifie « Espoir » œuvre pour le recyclage des déchets biocombustibles tout en valorisant les compétences des femmes dans la précarité « nous valorisons la compétence féminine pour lui rendre son autonomie » explique Florida Mukarubuga.
Reportage de Fériel Berraies Guigny, photo Diane Cazelles pour UFFP
Amakaramizero quand le recyclage bio génère l’emploi
Assistante sociale, Florida encadre les femmes en précarité depuis treize ans. Son projet, valorise les compétences féminines et leur amène une certaine autonomie financière dans un cadre plus formel.
Entretien coup de cœur :
1) Parlez nous de votre travail auprès des femmes ? mon activité consiste à créer des projets générateurs de revenus afin d’aider les femmes en précarité à s’en sortir.
2) Vous valorisez les compétences en quelque sorte ? oui on met en avant les compétences et nous avançons des petits fonds par le biais de financements solidaires. En créant ces petits projets, les femmes accèdent à un emploi permanent qui les arrache de la misère.
3) Le ramassage des déchets, une évidence ? en fait le problème de la saleté se faisait sentir beaucoup plus en ville. La plupart des femmes n’étaient pas alphabétisées et elles ne pouvaient que vendre dans la rue des fruits et légumes. Cette activité a cependant été prohibée en 2002 car cela faisait concurrence à l’économie formelle.
4) Espoir, le nom de l’Association ? oui, nous voulions regrouper toutes ces femmes en coopérative et leur démontrer qu’au travers de l’Association, si elles acceptaient de travailler ensemble, on pouvait monter des petits projets. Contre tout ce que l’on fait sans « moi » est « contre moi » !
5) Vous vouliez créer une participation plus solidaire ? oui nous voulions véritablement construire cette dynamique du partage. En 2000 c’était très difficile, mais en 2013, c’était très facile.
6) Ne commencer de rien pour arriver à une Usine ? oui absolument, ces femmes sont parties de rien mais avec le recyclage des déchets on a réussi à financer la construction d’une usine.
7) Les déchets verts en priorité ? oui c’est une matière première formidable, que du vert que l’on va trie, ensuite sécher et ensuite broyer. Qualité par qualité, ensuite on prend une quantité déterminée pour cela on a un expert en combustibles ( Francis Dubois, un expert de Wallonie) les bananes à part, le manioc, les pommes de terre aussi. A la fin, c’est ce mélange bien composé qui fournira le charbon vert.
8) Ce Charbon vert, sert à donner de l’emploi permanent aux femmes ? oui elles en bénéficient du début jusqu’à la fin de la filière : à la production, ramassage, jusqu’à la vente. Cette activité redonne la dignité à ces femmes, qui auparavant étaient pourchassées dans la rue quand elles vendaient à la sauvette. Elles étaient frappées avec leurs enfants.
9) La reconstruction se fera avec les femmes, une pensée pour celles qui se battent dans le monde ( Sahel, Monde arabe) ? nous on dit que pour les femmes rien ne se perd, tout se transforme et même la paix ! les femmes sont les artisanes de la paix, ce sont les hommes qui font la guerre.
10) Les femmes ensemble, sont les artisanes de la paix ? oui au Rwanda on a compris enfin cela, l’unité fait la force, aujourd’hui, au Parlement les femmes sont à 62% mais on leur demande aussi des comptes. Il faut qu’elles soient à la hauteur de nos attentes, qu’elles nous représentent dignement.
11) La culture pour la paix, le cœur d’action d’UFFP vous en pensez quoi ? j’y crois vraiment mais tout dépendra aussi des politiciens qui doivent faire le nécessaire en restant à l’écoute des besoins véritables des populations. C’est seulement ainsi, que l’on pourra installer durablement la paix dans notre région.