De nombreuses espèces végétales et animales sont menacées d’extinction en Namibie, main mise de l’homme, pollution, urbanisation galopante. Surexploitées, elles sont en voie de disparition et leur patrimoine génétique reste peu connu. La Namibie est aujourd’hui, un laboratoire bioscientifique pour la région et l’Université de la Namibie pourrait à juste titre, être considérée comme un centre de recherche de qualité pour la sous région.
Gladys Kahaka, est Docteur en sciences du végétal, en Namibie (Biotechnologie/ Biochimie) à la Faculté de Chimie et Biochimie de l’ Université de Namibie. Elle prévoit d’intégrer suite à la bourse de la Fondation l’Oréal, le Département des Sciences des Plantes, de l’Université de Nottingham au Royaume Uni.
Gladys envisage d’exploiter les récentes avancées dans le domaine de la transcriptomie ( puces à ADN) par l’étude de trois espèces animales et végétales en danger. La première, le ximénia est une plante économiquement très importante pour les populations locales qui s’en servent pour le bois, comme fruit comestible et huile. La seconde, appelée griffe du diable, est employée en phytothérapie et représente une source de revenu non négligeable pour la population locale. La troisième appartient au règne animal, il s’agit du guépard. Ce dernier, est menacé d’extinction.
L’étude du génome d’une seule espèce, pourrait contribuer à fournir les données nécessaires, à l’amélioration de processus tels que la germination et la reproduction. Pour permettre la sauvegarde et l’exploitation durable d’espèces menacées.
Entretien:
La recherche scientifique vous sentiez que c’était votre voie? oui c’est de famille je dirai. Très jeune j’ai appris à administrer les médicaments au bétail malade. Mais il est vrai qu’au départ, je me suis posée la question de savoir, s’il n’était pas préférable de m’intéresser à traiter les humains en faisant plutôt de la médecine. Mais mes visites dans les hôpitaux m’ont vite fait changer d’avis. Je sentais que ce n’était pas moi.
Donc du monde médical, vous passez au monde végétal? à l’Université j’ai jeté mon dévolu, sur la chimie et la biochimie. Et depuis lors, j’ai toujours tenté de trouver le croisement entre ces deux sciences.
Vous vous êtes spécialisée dans la génétique moléculaire pourquoi? oui cela a été mon orientation depuis le Masters et le Doctorat. En tant qu’enseignante à l’Université, j’enseigne les sciences de la génétique moléculaire. Pour montrer par ex aux étudiants comment appliquer la génétique moléculaire dans les différents aspects de la vie, comme la recherche d’ADN dans les scènes de crime.
Les femmes scientifiques dans votre pays, sont elles encouragées à faire votre métier? il est vrai qu’en général on pense qu’une femme devrait être à la cuisine ! c’est une croyance générale, mais en Namibie c’est différent. Depuis notre indépendance, l’éducation en général est encouragée pour tout le monde. C’est un défi, bien sur car au niveau de la parité il y a encore beaucoup de choses à faire. Mais il y a cependant une volonté politique pour faire avancer les choses. L’éducation de base est importante et s’agissant du cycle supérieur, notamment pour les sciences. Des bourses sont proposées aux hommes comme aux femmes. C’est une volonté cependant assez récente.
Depuis la fin de la guerre et l’indépendance, il y a donc beaucoup d’efforts? oui j’ai vraiment senti cela quand je suis retournée au pays, mais tous les namibiens sont encouragés même à quitter le pays pour se spécialiser. J’ai fait ma licence au pays et ensuite on m’a intégrée à l’Université. Par la suite, on m’a envoyée à l’international compléter ma formation. Il y a réellement un suivi du gouvernement, qui nous garanti que notre poste est en attente pour nous, jusqu’à notre retour. C’est vraiment encourageant et cela permet au pays de ne pas perdre sa matière grise.
Quand est il de la parité en Namibie, s’agissant de l’emploi dans les sciences? les opportunités d’emploi sont c’est vrai limitées et ce pour tout le monde, le marché est assez petit. La Namibie est un pays qui est très peu industrialisé. Nous avons du tourisme, de l’écologie, mais cela ne génère pas d’emploi réel pour nous.
Vous vous intéressez à la préservation de certaines espèces en voie de disparition? oui en fait, mon étude tente d’exploiter les récentes avancées des biotechnologies génomiques qui nous permettraient d’identifier les gènes les plus importants d’une espèce en les comparant avec une partie des génomes connus d’autres espèces. Il est crucial de protéger la biodiversité de mon pays, car certaines espèces sont importantes pour notre environnement, tout comme notre économie et font aussi vivre aussi une partie de notre population.
Que voudriez vous dire à votre jeunes sœurs qui seraient tentées de suivre vos pas d ans la Science? il faut y croire, et pour les métiers de la Science, il faut avoir de la passion et de l’engagement. Les femmes peuvent y arriver, il leur suffit d’y croire et de ne jamais lâcher prise !
Le Mentoring de l’Oréal et l’expérience à Paris? je n’arrive pas à trouver les mots, car pour moi c’est un rêve devenu réalité! ce prix m’a donné les bases et les fondations pour persévérer et être le meilleur de soi même. Cet appui financier va pouvoir me permettre d’approfondir mes investigations. Mais c’est surtout la reconnaissance internationale que me confère ce prix, de l’anonymat international à la reconnaissance internationale. J’ai rencontre des personnages incroyables, et le réseautage aussi est très important pour ma carrière. Oui cela va changer ma vie.