Les enfants soldats, un crime contre l’enfance et l’humanité, un phénomène malheureusement endémique dans certaines régions dont celle de la RDC. Ce fut le sujet de notre recherche doctorale, donc malheureusement la thématique bien que douloureuse, est rangée du ressort des faits divers. Et nous en sommes conscients en toute tristesse. Car malgre les conventions internationales censées protéger les enfants durant les conflits armés, ou encore les nombreux programmes de dés embrigadement des diverses institutions onusiennes, le fléau est toujours là. Car les politiques font la sourde oreille et que l’impunité fait loi. Face au silence assourdissant de la Communauté Internationale, l’incapacité des Institutions de Bretton Woods et des Nations Unies de trouver une solution, tout ce qui reste, c’est le courage de la société civile, qui tente tant bien que mal de trouver des réponses ponctuelles au problème. UFFP voudrait vous faire découvrir, un homme courageux Murhabazi Namegabe, Directeur du BVES, asbl Bukavu, Sud-Kivu, RD Congo
photo: Mann
Entretien avec UFFP
Des chiffres en RDC?
Alors qu’il était un problème national, il y a plus de 10 ans, le problème d’enfants soldats reste actuellement concentré dans la partie Est de la RD Congo (en Ituri, dans la partie-Est de la Province du Katanga et dans les Kivu(Nord et Sud-Kivu) où des dizaines des groupes armés combattant l’armée officielle et exploitant les ressources naturelles pullulent! Ils seraient encore estimés à près de 3000, alors que plus de 40000 ont été libérés dans le cadre du Programme National de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (PN DDR), lancé depuis 2004 (à l’époque ils étaient estimés à plus de 30000!!).
Quels sont les mécanismes d’embrigadement ?
Par la force (enlèvement) et par la ruse des adultes combattants en les sensibilisant à plus d’avantages économiques ou sociaux (participation à la défense de l’ethnie contre celle ennemie ou des envahisseurs étrangers contre les richesses de la RDC!).
Les rites sont cruels. Filles et garçons est ce le même type de maltraitance?
Les filles sont bien déshumanisées par l’esclavage sexuel de forme expérimentale afin de les rendre plus « actives » comme les garçons (par exemple, déshabillées momentanément pour circuler parmi les hommes et échanges sexuels entre différents combattants dans les camps militaires des groupes armés). Pour les garçons, c’est la torture, l’initiation à la toxicomanie et la cruauté sauvage.
Le drame à Goma a t-il contribué à amplifier le phénomène? Pour vous sont-ils victimes ou coupables quand ils commettent des atrocités? Comment votre initiative s’inscrit pour les désembrigader?
Elle s’inscrit dans le cadre juridique de protection des enfants adopté par la RDC, depuis le 20 novembre 1989 lors de l’adoption par l’Assemblée Générale de l’ONU de la Convention relative aux Droits de l’Enfant et sa ratification par la RD Congo, en août 1990. En 1994, nous avons utilisé ce Traité pour obtenir la séparation des enfants rwandais réfugiés ayant été utilisés dans le génocide du Rwanda et réfugiés dans les Camps des ex. FAR (Forces Armées Rwandaises) à l’Est de la RD Congo. Et depuis 1996, avec le début des guerres successives jusqu’à présent! C’est ce Traité qui a modifié la législation interne, depuis le début de la Transition politique en 2003, et surtout depuis janvier 2009 avec une loi portant protection de l’enfant; nous trouvons également des arguments positifs tirés des traditions congolaises quant à la protection des enfants en situation des conflits armés afin de convaincre les seigneurs de guerre à protéger les enfants au lieu de les utiliser…Ce n’est toujours pas facile, mais nous restons fermement engagés et y croyons profondément!
Comment faire pour les réinsérer face à leur dangerosité?
A travers un programme d’accompagnement psycho-social , de prise en charge humanitaire et surtout un soutien à leur réinsertion scolaire et professionnelle très actif dans nos Centres de Transit pendant 3 mois exécutés par un personnel pluridisciplinaire formé, motivé et engagé, en coopération étroite avec les structures étatiques, les agences de l’ONU(UNICEF, PAM), la MONUSCO, des ONG internationales de défense des droits humains, d’autres Amis internationaux des enfants et surtout l’implication active des communautés de base d’où sont issus ces enfants soldats!
Quel appel faire à la Communauté internationale et aux politiques, vu que les conventions juridiques sur l’enfance ne sont pas respectées
La recommandation est toujours la même: Arrêter le recrutement et l’utilisation des enfants dans la guerre en RDC! Nous sommes persuadés que la Communauté internationale suit cette situation chaque année avec plus d’attention que jamais, à travers les enquêtes, les rapports, les résolutions, le soutien financier aux Programmes, la couverture médiatique, la pression diplomatique contre les parties en conflit et l’attention par la CPI! Nous croyons fermement que très bientôt, la Communauté internationale parviendra à déclarer une victoire finale conte ce crime de guerre en RD Congo et ailleurs dans le monde! C’est la raison pour laquelle, nous y restons engagés au BVES, notre Organisation!