C’est un combat de tous les jours que de plaider pour la promotion de l’égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes en Afrique et dans le monde. Pourtant, c’était le thème en 2016 de la Journée: « Planète 50-50 d’ici 2030 : franchissons le pas pour l’égalité des sexes » Les Nations unies imaginaient un monde en 2030 où toutes les femmes disposeraient d’opportunités et de droits équivalents à ceux des hommes. Pour atteindre cet ambitieux objectif, il était demandé aux gouvernements de prendre des engagements nationaux destinés à combler les inégalités entre les sexes, notamment en prenant des mesures législatives, en élaborant des politiques ad’hoc et surtout en investissant massivement.
Directrice de la publication et Pte UFFP. Fériel Berraies Guigny
crédit photo TAO PARIS novembre 2018
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Les ODD (objectifs du développement durable) ne sont pas prêts d’être atteints ; l’égalité des sexes n’est toujours pas mise en pratique bien que votée par de très nombreux pays. L’Agenda 2030 pour le développement durable récemment adopté aux Nations Unies était une victoire pour les défenseurs de l’égalité des sexes. Avec le Programme d’action d’Addis-Abeba (sur le financement du développement), l’Agenda 2030 positionnait l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes comme un des moteurs essentiels et incontournables du développement durable. Malheureusement, le constat est que la majorité des personnes vivant dans la pauvreté sont des femmes. Elles ont peu de ressources et, de ce fait, ne peuvent décider de leur destin. Elles sont les catégories vulnérables du nouveau millénaire comme elles l’étaient déjà hier. L’objectif est de réaliser l’égalité des sexes et d’autonomiser toutes les femmes et les filles et de surmonter les nombreux obstacles à l’inégalité persistante. Malgré quelques progrès accomplis ces dernières décennies pour promouvoir l’égalité des sexes, notamment par des accords historiques tels que la Déclaration et le Programme d’action de Beijing de 1995 et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), largement ratifiée y compris en Afrique, le constat est quelque peu décourageant. Les droits des femmes et leur autonomisation sont un euphémisme dans la plupart des pays. Ces lenteurs viennent de la persistance des normes discriminatoires et des lois coutumières. Les nouvelles lois adoptées ne font aucun poids face à la pratique et la tradition l’emporte sur les changements législatifs. Rien ne change, ni les mentalités ni les volontés politiques, ni les sociétés.
L’écart de rémunération entre les sexes est universel; globalement, les femmes sont payées 24% de moins que les hommes; et elles font deux fois plus de tâches non rémunérées et de travail domestique que les hommes. De plus elles continuent d’être regroupées dans des types de travail vulnérables et informels (CDD, travail au noir…).
• Un nécessaire leadership: même si les femmes ont souvent contribué à des mouvements de paix et guidé le relèvement communautaire après un conflit, elles sont presque complètement absentes des négociations de paix. Entre 1990 et 2010, seulement 11% des accords de paix ont mentionné les femmes ou les questions de genre. Elles continuent d’être exclues de la prise de décision à tous les niveaux. Au rythme actuel, il faudra 50 ans avant de voir la représentation égale des femmes et des hommes en politique. À ce jour, seuls 19 pays ont des femmes à la tête de l’État ou du gouvernement, seulement 17% des ministres et 22% de tous les parlementaires nationaux sont des femmes. Pourtant, dans les pays où les femmes sont reconnues en tant que leaders politiques, une plus grande attention est accordée à des questions comme la santé, l’éducation, les infrastructures, la violence sexuelle et la qualité de vie. Dans le secteur privé, les femmes chefs d’entreprise au sein de la direction des sociétés Fortune 500 ne sont que 22 soit mois de 5%. Et pourtant les études montrent que plus de femmes dans les conseils d’administration et dans l’entreprise génèrent plus de profits.
Qu’est-ce que concrètement les ODD représentent pour l’égalité des genres ?
Cela signifie que les dirigeants mondiaux se sont engagés à inclure les catégories marginalisées c’est à dire les femmes et les filles. Faire de cet objectif une réalité nécessite beaucoup: des cadres politiques déterminés, la mobilisation de budgets et ressources pour traduire les politiques en acquis concrets et de solides organisations pour surveiller les politiques de droits des femmes, leur mise en œuvre et le niveau d’atteinte des résultats. Si dans les pays développés, les conditions de base essentielles à l’affirmation de l’égalité des droits ont été franchies, il n’en est pas de même en Afrique et le constat est que la condition de la femme est en contradiction évidente avec les engagements internationaux souscrits par leurs États. Plus que des difficultés d’ordre économique, il y a surtout également un manque de volonté politique pour faire évoluer le statut et la condition de la femme sur les plans juridique, politique, socio économique et culturel. Aujourd’hui, il faut constituer un suivi normalisé et indépendant pour mesurer l’avancement. C’est uniquement ainsi, que nous pourrons faire pression et peut être atteindre les objectifs. Il faut rappeler aux gouvernants leur responsabilité.
Alors oui nous revenons du Sommet Triennal Panafricain Africités 8 à Marrakech et nous avons pu aller à la rencontre de tous ces ateliers, ces conférences, ces lancements de campagne pour protéger l’Enfance des Rues, ces autres panels sur la violence faite sur les femmes, et leur nécessaire autonomisation économique.
Mais l’ancienne diplomate tunisienne démissionnaire d’un régime corrompu, ne peut s’empêcher de grincer des dents, de se dire que de tous ces discours, la question du genre et la protection de l’enfance et de la jeunesse, est et restera encore des « discours d’alcôves » car il est clair que du Nord au Sud, que ce soit pour la révolte des gilets jaunes en France, et ou la profonde crise que le Sahel et le monde arabe traversent, l’humain n’est certainement pas la priorité et ne le sera jamais.
Oui mon pays la Tunisie souffre mais il a donné une claque magistrale à l’Occident et au monde arabomusulman.Il reste un role model et une référence malgré la crise politico sociale que nous traversons, avec cette magnifique Constitution que nous avons aujourd’hui, avec la pleine égalité des citoyennes tunisiennes et avec cette nouvelle loi qui nous permet d’épouser un non musulman et même la problématique de l’héritage qui prend une assez belle tournure à venir…
Oui nous sommes à genoux économiquement et socialement ( contexte sécuritaire peu aidant) c’est aussi un peu la sinistrose actuelle qui perdure ( luttes politiques internes intestines et mesquines) mais simplement et uniquement parceque nous les civils, nous subissons encore et toujours la politique véreuse de certains.
Mais la Tunisie reste grande par ces femmes et pour ces femmes!
proud to be TOUNISYA !!!!!
alors oui pour autant, gardons la lucidité de nos moyens à venir, tant que le REAL POLITIK business, les accords avec des puissances occultes prévaudront, l’humain les femmes, les enfants, ne seront pas la priorité.
Alors pour l’altermondialiste que je suis, le combat n’est que plus âpre et pour autant la lutte doit continuer, car le changement se fera par la société civile, par ces femmes , ces jeunes, ces enfants et idéalement ses hommes avertis, qui comprendront qu’au-delà des discours ronflants, des traités signés et non appliqués sur le terrain, la société durable de demain, sera une société au féminin pluriel pour les hommes ET non CONTRE LES HOMMES !
Fériel Berraies Guigny
Présidente UFFP