Par Fériel Berraies Guigny
Abdelwahab Amich est un artiste amoureux inconditionnel de la Tunisie des années 30. Peintre et graveur, issu de l’ Ecole des Beaux-Arts de Tunis, nourri et ayant côtoyé les anciens de Gorgi à Mekki, Abdelwahab Amich, il a quitté très jeune sa mère patrie, commençant par un premier séjour européen à Madrid avec une bourse, pour finir par s’établir ensuite à Paris où il réside depuis 1964.Près de quarante ans loin de ses racines et toujours le même regard pour la Tunisie de son enfance.
Une Tunisie des années 30, 40 et 50 où les bruits, les couleurs, les odeurs sont revisitées à travers cet art qui est le sien. Figuration et configuration géométrique ou une certaine manière d’interpréter l’espace et la forme. Les formes géométriques viennent se mêler à des thématiques pourtant restées de chez nous, subtil mélange de deux « écoles » qui se sont superposées à sa création artistique.
En 1978 et en 1986, il fera de grandes expositions en Tunisie sur les artisans tunisiens, connaissance de la Médina mise en exergue. Thématique du travail des paysans et des ouvriers ; des peintures sur l’artisanat tunisien. Autant de toiles symboliques comme «Les Brodeuses», «Les trois tapissières», «La Dentellière», «La Bergère. La femme dans toute sa noblesse et son quotidien.
En 2003, exposition à la Galerie El Ghalli « Calica » à Menzah 6, et grand retour en Tunisie ce 17 octobre 2007, toujours dans cette galerie, avec la thématique de la musique traditionnelle et la Rachidia.
Près de quarante ans loin de ses racines et toujours le même regard pour la Tunisie de son enfance. Fils de la Médina , ses peintures sont autant de langages qui n’ont jamais perdu leur flamme, des souvenirs enfouis ravivés par la pointe de ses pinceaux, des images en carte postales du vieux Tunis, une vision des entrailles de la Médina, un regard sans cesse novateur, merveilleux hommage à nos plus beaux métiers traditionnels.
Les années 30, 40 et 50 sont à l’honneur dans ses peintures, et de ce vieux Tunis aux mille activités foisonnantes, toute une vie intérieure aux milles couleurs nous est contée. Les bruits, les couleurs, les odeurs transpirent de ses toiles. Tisserands, brodeurs, graveurs, pêcheurs, bijoutiers, chawachiya… Le bel ouvrage manuel par excellence est revisité. Avec cet art qui est le sien, où figuration devient configuration géométrique ou une certaine manière d’interpréter l’image. Les formes géométriques viennent se mêler à des thématiques pourtant restées de chez nous, subtil mélange de deux « écoles » qui se sont superposées à sa création artistique.
Une peinture où la composition reste maîtresse, entre le figuratif et l’abstraction. Abstraction toujours aidée par la figure géométrique «si le …spectateur parvient à voir ce que je vois, alors je considère que j’ai réussi ma peinture » nous a il expliqué.
Une formation qui réunit l’ Ecole de Paris venue se superposer à l’ Ecole tunisienne qui est à la base de sa création artistique, presque de façon inconsciente. Quelques influences de Buffet à Picasso, et il ajoute par rapport à ce dernier « … il nous a libéré pour aller au-delà du visible correct» !
Amich a une prédilection pour le travail en « couple ou en communauté » et l’on retrouve cela dans ces tableaux : «Couple aux champs», «La Pêche au thon», «Les Bijoutiers de Djerba»… comme s’il était à la recherche d’une certaine idée de complémentarité, harmonie humaine ou quête absolue vers l’autre qui n’est plus. On ne peut nier l’humanité et l’amour que l’on ressent en regardant sa peinture et, pour nous, apatrides, loin de nos racines, c’est un langage empreint d’une douce et amère nostalgie. Comme si « El Ghorba » pouvait également nous offrir l’Art de sublimer ce qui n’est plus à notre portée.
L’homme et la femme, unis par leur destin de labeur. Le passé est nourricier pour Amich, et les thématiques de ces expositions sont des histoires de vécu.
En 1978 et en 1986, grandes expositions sur les artisans tunisiens, connaissance de la Médina mise en exergue. Thématique du travail des paysans et des ouvriers ; des peintures sur l’artisanat tunisien. Autant de toiles symboliques comme «Les Brodeuses», «Les trois tapissières», «La Dentellière», «La Bergère». La femme dans toute sa noblesse et son quotidien.
Parmi ses toiles de prédilection: « Le couple au champ », «Les fleuristes de Mannouba », autant de figurations qui ont marqué son répertoire. En 1987, feu le ministre français des Finances Bérégovoy lui achètera un tableau, il s’agit des «Fleuristes» ; il siégera longtemps dans son bureau, aujourd’hui installé au CNRS.
En 2003, exposition à la Galerie El Ghalli « kelica » à Menzah 6, et grand retour en Tunisie ce mois d’octobre 2007 avec la thématique de la musique traditionnelle et la Rachidia.
Une tunisianité une nouvelle fois revendiquée dans ses sujets avec des graphismes rehaussés, sur des musiciens d’autrefois jouant du Malouf. Un jeu de puzzle et de découpages bicolores, sur des musiciens. Du luthiste au cithariste, au “rebabiste”. Une démarche toujours aussi authentique, avec ce culte du beau et cette griffe imparable du mélange des genres.
Amich a fait plusieurs salons à Paris, à Versailles en 2005 et en province, il a également exposé cinq fois en Tunisie. Aujourd’hui le ministère de la Culture tunisien compte plusieurs de ses toiles, fidèles ambassadrices d’une Tunisie plurielle qui s’ouvre à l’universel.
Abdelwahab Amich a obtenu plusieurs distinctions, dont la dernière en date pour le tableau “Les Brodeuses”, qui a obtenu la médaille de bronze au Salon parisien«Art en Capital» en 2003.
Un parcours sans faute, solitaire, qui a marqué par son talent, des articles journalistiques élogieux, une reconnaissance de ses pairs en France, mais avec le seul regret pour Amich de ne pas avoir eu la juste reconnaissance dans son pays d’origine. Comme si, par le seul fait de vivre en France, cet artiste n’était pas considéré comme faisant parti du patrimoine artistique tunisien.
«On ne parle pas des peintres tunisiens, hors de Tunis »!
A l’heure actuelle, Amich, range ses pinceaux pour un temps pour embrasser un nouveau projet, celui de faire des illustrations pour des poèmes et des auteurs prestigieux.
Un artiste biculturel intemporel.