Par Diane Cazelles
Ville de pèlerinage et sanctuaires foisonnants succèdent aux paysages arborés de cocotiers, aux comptoirs chargés d’épices et aux collines sacrées.
Largement ignorée des guides, la ville de Thiruvannamalai est célèbre grâce au temple Annamalaiyar dédié au dieu Shiva, la colline Arunachala qui est un lieu saint et l’ashram de Ramana Maharshi, considéré comme l’un des plus grands sages traditionnels de l’Inde du XXe siècle.
Le temple d’Arunachaleswar
Le temple d’Arunachaleswar construit du 11ème au 17ème siècle est l’un des plus sacrés de l’Inde du Sud. Dédié à Shiva et délimité aux points cardinaux par quatre grandes tours (gopurams) décorées de nombreuses sculptures, il fait l’objet d’une très grande ferveur populaire. Le site, dont la fondation remonte au VIIème siècle, abrite le lingam du feu. Après avoir retiré ses chaussures et passé les contrôles de sécurité, il faut traverser cinq enceintes et de grandes cours pour atteindre le sanctuaire central, la partie la plus ancienne du lieu.
L’animation est incroyablement dense et fervente. Familles, étudiants, écoliers, pèlerins vont et viennent entre les échoppes d’offrandes et de sandwichs. Près d’un immense bassin à degrés destiné aux ablutions, un petit temple dédié à Ganesh resplendit de couleurs. Shiva, Ganesh sur le rat, danseuses aux postures variées…
Le panthéon indien sculpté recouvre murs, toitures et piliers. Pour quelques roupies, l’éléphante du temple bénit à coup de trompe les fidèles. Surveillée par son cornac qui comptabilise les roupies, elle semble danser sur place d’un pied sur l’autre. Tous les soirs, les dieux sous la forme de leurs statues de culte juchées sur des palanquins sont promenés et exposés aux fidèles.
L’intérieur du temple noirci par la fumée des bougies et des encens est immense. Surréaliste, la pierre prend un aspect métallique et fait résonner les sons de cloche, de tambours, et de conques. Des dizaines de lingams, de statues ou de taureau nandi sont alignés derrière des allées de colonnes sculptées. Submergé par les odeurs d’encens, de bougie, d’épices, le cheminement se fait en foule et file indienne. Dernier sanctuaire, le cœur, brille d’une intense lumière. Comme dans un feu, l’odeur et les sons sont ici encore plus intenses ; et les indiens ne semblent plus être eux même. L’espace d’un instant, il n’y a plus aucun repère sauf celui de la prière et de la bénédiction. A la sortie, deux brahmanes donnent en échange de quelques roupies une petite pochette qui contient de la poudre à tilak…
L’Ashram de Sri Ramana Maharishi et la colline Arunachala
En 1896, à l’âge de seize ans, Venkataraman défia la mort au moyen d’une investigation pénétrante sur l’origine de son être. Connu plus tard sous le nom de Bhagavan Shri Ramana Maharshi, il ouvrit une voie directe à la quête du Soi et révéla à l’humanité l’immense puissance de la sacrée Colline d’Arunachala, le cœur spirituel du monde.
Fondé par Sri Ramana Maharishi, qui y vécut jusqu’à sa mort en 1950, l’Ashram accueille des fidèles dans une atmosphère sereine et recueillie. Les fidèles ou les nombreux pèlerins peuvent y être hébergés et nourris. On y voit le tombeau du fondateur. Des petits groupes de fidèles lisent des textes.
Une école forme les enfants de familles brahmaniques. Le mont Arunachala qui domine l’Ashram est un lieu sacré parsemé de temples et de sanctuaires. L’ascension est un acte de prière et de méditation. Le Maharshi considéra Arunachala comme le Cœur spirituel du monde. « Aruna », ce qui veut dire « rouge, brillant comme le feu, » ne signifie pas seulement le feu d’où vient la chaleur mais aussi « Jnanagni, le Feu de la Sagesse », qui n’est ni chaud ni froid. « Achala » signifie la colline. Ainsi, « Arunachala » veut dire « la Colline de la Sagesse. »