L’exposition « Je suis un Poisson, Man Jên laa, I am a fish » de l’artiste peintre Manel Ndoye se tient à la Galerie Arte de Dakar du 18 avril au 30 mai 2015.
Par Joelle Lebussy
Manel est un jeune artiste sénégalais, sorti major de sa promotion en 2010 de l’Ecole des Beaux-Arts de Dakar. Il est désormais un peintre reconnu et a ses lettres de noblesse dans l’Art Africain Contemporain. En 2012, exposant à la Galerie Arte pour la Biennale des Arts, il a été le lauréat de la Fondation Blachère. Depuis, il expose régulièrement en France et au Sénégal.
Manel appartient à l’ethnie Lébou dont le berceau est la région de Dakar. Les Lébous sont essentiellement des pêcheurs et tout leur univers culturel, social et imaginaire est fortement marqué par cette activité. Manel a grandi à Djender, village lébou voisin de Cayar qui est le premier port de pêche artisanal du Sénégal. Toute sa peinture relate ses souvenirs d’enfance, il peint les femmes de son village, sa mère, ses tantes, aux boubous majestueux et colorés. Ces femmes, dans un bon nombre de ses tableaux, dansent et chantent le Ndawrabine pour demander aux cieux de protéger les pêcheurs, de rendre la pêche prospère ou d’apporter la pluie en temps de sécheresse. L’accent pictural est aussi souvent porté sur des portraits de ces femmes, dansantes et souriantes.
La peinture de Manel est d’un style expressionniste qui ressemble un peu aux sérigraphies de Andy Warhol Cela dit, sa technique est la représentation d’images uniquement à travers sa mémoire, ses émotions ; il peint ses sujets à la peinture acrylique avec de larges aplats. Comme on pourrait quelquefois le croire à tort, il n’utilise pas la méthode de projection photographique pour réaliser ses toiles mais tout jaillit spontanément de son esprit. De là est la particularité de son talent. Les couleurs sont gaies car il ressent son univers au bord de la mer avec des vibrations positives où la joie et l’espoir rythment les danses, les expressions des visages de ses personnages. Il s’identifie ici à l’essence vibratoire du poisson d’où il tire le titre de son exposition.
Il capte des instants de vie en utilisant le contraste entre la lumière et les ombres profondes pour modeler les formes. Cela donne donc une certaine abstraction à sa peinture qu’il aime qualifier , ainsi qu’un groupe de quelques jeunes peintres de sa promotion, de « figuro-abstro ».
Peut-être une nouvelle école de peinture est-elle en train de naître, laissant de côté l’abstraction pure, comme c’est souvent le cas dans la peinture au Sénégal ?