Au sud-est de la Mauritanie, Oualata se situe dans la région de Wilaya de Hadh el Chargi, à 1.200 km de la capitale, Nouakchott, plus au Nord et à 400 km de la ville mythique de Tombouctou, au Mali.
Entre le Sahara et le Sahel, dans la région de l’Hawd, sa situation géographique a fait de cette cité un point de rencontre des cultures arabes, berbères et négro-africaines durant des siècles.
Un reportage on location pour UFFP par Diane Cazelles
De notre envoyée spéciale en Mauritanie, Diane Cazelles Grand Reporter UFFP
La Porte du Désert
Adossée à un massif rocailleux, Oualata se remplit du désert tout entier, le grand désert jaune ou gris suivant le temps. C’est une des plus anciennes villes du continent africain. Construite par les Soninkés, la ville a été fondée au VII e siècle et intégrée au légendaire royaume du Ghana.
Détruite puis reconstruite, elle devient un de plus importants postes commerciales sur les routes du Sahara et atteint son apogée au XVème siècle, étant la principale rivale de Tombouctou. Sur la piste transsaharienne, les caravaniers et les lettrés la nommaient « le rivage de l’éternité ». Elle sera attribuée à la Mauritanie en 1945.
Un écrin de sable pour une perle
Comme les ksours de Ouadane, Chinguetti et Tichitt, celui de Oualata est inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996. L’homogénéité de son architecture soudanaise lui confère un statut particulier. Sa structure urbaine s’est adaptée à la topographie en gardant son identité et conserve dans ses antiques quartiers les ruelles courantes à l’abri du vent et du soleil. Un labyrinthe rougeoyant construit de maisons avec une ou plusieurs cours en dénivelé.
Mais Oualata se distingue des autres villes par les incroyables décors peints sur les maisons. Les encadrements des portes et des fenêtres sont soulignés de bandeaux blanchis ornés de motifs abstraits, d’entrelacs et de signes à la géométrie universelle. Dans les plus belles maisons, les cours et les pièces intérieures revêtent l’enduit blanchi fait de kaolin et de gomme arabique sur lequel les motifs à entrelacs rouge de terre viennent rythmer niches et colonnes.
Ce magnifique travail est réalisé exclusivement par les femmes qui se transmettent de génération en génération la technique et la connaissance des décors. Une mémoire transmise par un savoir-faire hors temps ! Simple porte d’entrée ou façades à étages, chaque famille possède son propre décor.
Le mobilier dénote un art de vivre très diffèrent de celui des nomades : des bancs, des lits sur piliers de terre cuite…. Quelques potiers fabriquent toujours selon des méthodes ancestrales.
Des bibliothèques
Si le commerce transsaharien a laissé de nombreuses traces dans cette région à l’instar des villes anciennes de l’Adrar et du Tagant, Oualata fut aussi un grand centre culturel et spirituel.
Couverture UFFP Afrique internationale photo Francine Kreiss pour UFFP on location in OUALATA MAURITANIE
Elle servit de base à l’expansion de l’islam dans toute l’Afrique de l’Ouest. Cette étape sur la route de la Mecque, rassembla de nombreux érudits dont il reste de nos jours, un riche patrimoine écrit. De nombreux manuscrits arabes, sacrés, poétiques, arithmétiques datant du XVIIe pour les plus anciens sont conservés dans la Bibliothèque Musée. Grâce à une aide financière de l’Espagne, ils ont pu être répertoriés et numérotés.
La majeure partie de ce fond est conservé par la Bibliothèque Nationale Française. Quelques grandes familles de notables possèdent également des livres précieux dans leur bibliothèque privée…
Après le 4éme Festival des villes anciennes…
Le Gouvernement Mauritanien et le Ministère de la Culture ont ouvert un programme de restauration mais aussi un projet d’équipements pour l’eau et des structures sanitaires. Oualata veut vivre et perpétuer son rôle d’étape pour les nomades et les voyageurs. . . Aujourd’hui, à trois heures de voiture 4/4 de Nema, la ville est d’un accès relativement facile. Elle compte de nombreuses maisons en ruine et le désert n’a de cesse que de la malmener.
Ce début d’année et à l’occasion du Festival des villes anciennes, Oualata a retrouvé son air de fête, avec ses ribambelles d’enfants, ses grandes familles d’intellectuels venant de Nouakchott et ses touristes. Les rues sont animées, les caravanes et les troupeaux s’installent ; et le boulanger cuit au feu de bois un pain des plus savoureux ! C’est un endroit qu’on ne peut oublier… Oualata a un secret, celui du « bien recevoir » dans ses cours et ses salons, avec générosité et convivialité… Une belle leçon de partage et d’humanité !
dossier-mauritanie
Superbes photos. Merci!