Balade en pays berbère dans le Haut Atlas marocain !
De notre envoyée spéciale Diane Cazelles
TEXTES et PHOTOS DR UNITED FASHION FOR PEACE
Il y a le ciel, et encore le ciel ! La terre émerge au-dessous comme de grosses vagues figées dans leur élan, et s’élance en furieuses montagnes.
Éclatés en rochers et cailloux, parsemés de genévriers luttant contre le vide, les massifs forment de formidables murailles, renvoyant la lumière et la chaleur du soleil. Il n’y a que le vent, l’hiver et l’eau qui semblent pouvoir ici faire quelque chose. Dans ce paysage, L’homme parait infiniment petit et ne semble que de passage. Il s’achemine sans relâche du village aux champs, passant des terrasses en raccourcis escarpés.
Fillettes
Depuis des centaines d’années, il construit ses maisons avec la terre colorée des pentes abruptes. Dans les vallées étroites, il dirige les sources et cultive à la main pour nourrir sa famille et son troupeau. Au printemps, les orchidées envahissent les marécages. Entre les vergers en fleurs, les cultures d’orge, de blé et de mil dessinent un fascinant patchwork dans tous les tons de vert.
De lourds ballots d’herbes fraiches se déplacent doucement portés comme de gros enfants sur le dos des femmes. Ces dernières remontent sans cesse l’eau, le fourrage et leurs petits… suivies par des ânes ou des mulets chargés comme elles. Sur leur visage tatoué, elles se laissent aller au plus aimable sourire sans lâcher pour autant le poids de leur fardeau. Au bord des canaux, elles frottent encore et lavent vêtements ou tapis qu’elles abandonnent sur les murs de broussailles pour les faire sécher. Plus loin, de petits groupes d’enfants de tous les âges sur la route rejoignent leur école. Il faudra pour certains marcher plus de trois heures pour aller étudier.
Les vallées…
Aux premiers abords, rien de la modernité ou presque n’est arrivé jusque-là ! Des petits bus et d’antiques camions chargés « à ras bord » grimpent péniblement les pistes croisant les mulets et quelques mobylettes. C’est jour de marché à Tabant ! Depuis l’arrivée des premiers camelots, chacun s’affairent à exposer ses marchandises ; au sol sur des bâches, sur des tables improvisées, s’empilent les légumes, les fruits, les épices, les dattes et les figues séchées, plus loin, les plats à tajines, la quincaillerie et les vaisselles plastiques pour la plupart chinoises. De gros stands de fripes attirent les passants. Tout est de « second hand » venant d’Europe mais fort intéressant. Les bouchers tranchent et le dentiste arrache les dents. Ce sont essentiellement les hommes qui font les emplettes. Dans les échoppes ou les petits restaurants, Ils s’assoient entre eux pour partager les dernières nouvelles du pays en buvant le thé ou pour manger les galettes et le tajine.
Les légumes et les épices cuisinés dans les plats en terre combinent de merveilleuses saveurs. Indispensable, le pain accompagne tous les plats et se prépare dans chaque maison avec la farine d’orge. Les graines de la précieuse céréale sont encore concassées dans les moulins à eau du village d’Aît Imi. Les ressources céréalières ont toujours été d’une importance capitale pour les habitants de cette haute contrée. Chaque village possède son grenier ou tous venaient déposer la majeure partie de sa récolte. Aujourd’hui, ils sont abandonnés ou presque. Comme une forteresse, le majestueux grenier de Tabant ne conserve plus que ses souvenirs et les reliques du grand Sidi Moussa réputé pour ses miracles. Son vieux gardien permet la visite en échange de quelques dirhams. Ici, la vue est imprenable sur les vallées au pied du sommet enneigé de l’ighil M’Goun (4071 m).
Artisanat ….
.Dans la vallée des Aït Bowli, Brahim, le potier, modèle toutes sortes de pièces sur son tour. Proche de son petit atelier, les foyers de cuisson sont creusés dans la terre. Le vieil artisan, qui travaille aussi sur commande, produit des canaris pour l’eau, des plats, des cruches de formes traditionnelles. Après lui, personne ne semble plus s’intéresser à ce savoir-faire ! Sur l’autre versant d’Igleouane, Houssine a inventé un système ingénieux pour entrainer son tour à bois. Dans ses mains expertes, le bois des noyers de la vallée se transforme en grand plat ou assiette, qu’il rehausse de motifs avec la terre colorée avant de les immerger dans un bain d’huile. Recherchées, ces productions artisanales s’achètent aussi tous les samedis sur le marché d’Abachkou. Réservé aux femmes, le tissage est pratiqué dans beaucoup de village et beaucoup de maison. Assises devant le métier de haute lisse, elles manient la laine et confectionnent des couvertures et des tapis. Les moutons, les chèvres aussi fournissent l’essentiel de la matière première. Des couleurs naturelles aux teintes rouges ou plus « flashies », ces femmes de tous les âges connaissent par cœur le répertoire des motifs qu’elles composent magnifiquement en jours passés.
Rien ne se perd, les chiffons ou vieux reliquats de tissus sont aussi noués pour faire de jolis tapis.
Les Nomades….
Au-dessus de la vallée des Aït Bougmez, à quelques heures de marche, les crêtes conduisent sur de hauts plateaux. A plus de 2500m d’altitude, c’est l’Aït Atta. Les nomades du sud et leurs troupeaux viennent investir ce paysage de rocaille de mai à octobre. Des familles entières vivent sous de larges tentes en laine « au milieu de nulle part ». Leurs immenses troupeaux font le va et vient en se régalant d’herbes et de fleurs sauvages. Tout près de là, le lac d’Izourar s’est asséché laissant à la terre ses empreintes craquelées. Vertige esthétique et grandiose, c’est un moment que vous n’oublierez pas !
Mode d’emploi
Pour découvrir cette fabuleuse région, équipez-vous de bonnes chaussures et d’un coupe-vent, et suivez Saïd Maghadi et son acolyte Ahmed. Pour les rencontrer ? Rien de plus facile. Le rendez-vous est à Touda, un magnifique écolodge dans la vallée des Aït Bougmez. La maison traditionnelle et très confortable, conçue pour recevoir au maximum d’une quinzaine de personnes est un lieu d’exception. Les hôtes locaux y partagent leur culture et leur savoir avec une incroyable amabilité. En famille, seul et pour tous les âges, les balades se concoctent pour vous ! A pied ou à mulets… Pour venir jusqu’ici… De Marrakech, le trajet est de trois bonnes heures pour atteindre Azilal, la porte du Haut Atlas, puis une heure et demi pour rejoindre le spot de Touda. Le paradis, cela se mérite !
Said MARGHADI, info@touda.fr
Chemin de Montfollet, 38530 Chapareillan, Tél. : 09 54 75 35 76 ou 06 83 61 79 91
Au Maroc : 00212 (0) 6 62 14 42 85 ou 00212 (0) 6 62 14 41 51
http://www.touda.fr/Maroc_pratiques.a_79
Beau reportage, ça donne envie. Inchallah j’irai un jour j’espère!;)