Obésité, surcharge pondérale, malbouffe, régime yoyos et détresse psychologique sont des fléaux récurrents de nos sociétés contemporaines. Beaucoup d’hommes, de femmes, voire des enfants, sont en proie à ces démons et aux désordres alimentaires. Avec une société de consommation extrêmement marketing, les tentations ne sont jamais bien loin. Maigrir, se réconcilier avec soi, changer nos habitudes alimentaires, c’est une sinécure.
UFFP s’est entretenue avec Fabrice Bonnerot, Coach Alimentaire, qui va nous expliquer comment « maigrir durablement » pour rester en bonne santé.
Les régimes yoyos et leurs effets néfastes sont très présents, si on avait à faire un bilan de ce qui est proposé autour de nous, que diriez vous ?
En novembre 2010, l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) a publié un rapport dénonçant les effets néfastes des 15 régimes les plus connus (Dukan, Atkins, Montignac, soupe au chou). Ce rapport démontre que ceux-ci accentuent l’effet yoyo (perte puis reprise de poids) et induisent souvent des troubles sur le plan du métabolisme et du psychisme.
A l’époque, les médias ont dans l’ensemble relayé l’information mais depuis je constate une véritable cacophonie médiatique sur la problématique du surpoids. Sur internet par exemple, on trouve souvent sur un même site : des régimes dénoncés par le rapport, des produits « miracles » type substitut de repas, des brûleurs de graisse… et, perdus dans tout ça, des articles plus crédibles décrivant l’approche sans régime ou le rôle des émotions dans les compulsions…
Vous êtes coach alimentaire, expliquez nous? Parlez nous de votre méthode Meer ?
Ah ah ah et bien non je ne suis pas coach alimentaire, je suis coach neuro-comportementaliste en nutrition. Je ne dis pas à mes clients ce qu’il faut ou ne faut pas manger à chaque repas. Je leur indique comment s’alimenter selon leur instinct. Cela passe notamment par retrouver les sensations de faim, de satiété, de rassasiement. Je les aide aussi à réduire leur stress, à mieux gérer les émotions et leurs comportements. La Méthode Meer a pour credo : « Mincir c’est dans la tête, pas dans l’assiette ». Nathalie Meer, sa fondatrice, considère que le surpoids est la conséquence de troubles plus profonds qui dépassent amplement le champ de la nutrition. L’objectif de sa méthode est de traiter ces causes en considérant la personne de manière holistique, dans son entièreté, en l’aidant sur ses composantes corporelles, émotionnelles, et comportementales.
Mincir et le rester durablement, quelle est votre recette ?
Plus qu’une recette je pense qu’il s’agit d’une philosophie de vie qui prône l’harmonie entre le corps et l’esprit pour être plus maître de notre devenir. Cela commence par (ré)apprendre à vraiment écouter, au jour le jour, les besoins de notre corps qui se manifeste par des sensations physiques (pause, repos). Nos émotions sont aussi trop souvent niées ou refoulées, porter plus attention à nos ressentis et nos émotions m’apparait donc comme une reconquête nécessaire. Enfin nombres de nos comportements sont formatés par notre héritage familiale, culturel, social et nos traumatismes de l’enfance. Nous agissons souvent aux évènements de notre vie en réaction de manière automatique et parfois aliénante. La Méthode Meer permet de se libérer de ses schémas enfermants pour vivre en pleine conscience et en création.
Quelques statistiques en France ? À qui peut on attribuer la cause ?
Le nombre de personnes en surpoids est en hausse de manière toujours plus alarmante, 46 % de la population française en 2014. Les causes sont multiples, des articles, des reportages fleurissent dans les médias sur le rôle du stress au travail, du manque de sommeil, de la malbouffe, de la sédentarité, de l’industrie agro-alimentaire.
Personnellement je crois qu’il appartient à chacun qui y est confronté de sortir du déni, d’assumer la responsabilité de son état et de se prendre en main. Du moment où vous vous dîtes : « Ok je me trouve trop grosse, ce n’est ni de la faute de ma dernière rupture, ni de celle des publicités, c’est moi à 100 % qui ai tout à gagner à changer mon rapport à la nourriture. » Alors là je crois que le changement profond peut commencer.
Il y a une grosse part de psyché dans l’histoire ? Quelles sont les dérives à éviter ?
Oui effectivement l’état psychologique joue un rôle majeur dans les comportements alimentaires et même dans le métabolisme d’une personne en surpoids. Une personne stressée aura tendance à manger en dehors et au delà de sa faim des aliments gras et sucrés, à stocker plus de graisses et d’eau, c’est un mécanisme de survie dicter par l’inconscient du mental.
Les dérives à éviter sont d’enchainer régime strict et laisser-aller total, ou encore d’utiliser la nourriture pour se calmer après une colère ou se réconforter en cas de tristesses. Pour cela faut-il au moins savoir distinguer la vraie faim de l’envie de manger.
En cela la Méthode Meer est particulièrement novatrice, elle permet de démonter ces mécanismes et de s’en libérer durablement.
Donnez un ex de régime type ? Quels aliments à éviter? Quels aliments à recommander ?
Je conseille d’oublier pour toujours le mot régime sauf si vous êtes un acteur qui doit se transformer pour un rôle ! J’entends par là de ne plus classer les aliments en deux catégories : ceux qui font grossir et ceux qui ne font pas grossir voir qui ferait maigrir. Une bonne tartiflette riche en savoureux fromage fondu ne fait pas grossir si on la mange au bon moment et à hauteur de sa faim.
Pour les aliments à éviter, je vous invite à vous faire votre propre opinion en utilisant… votre palais, si le goût vous semble chimique, bizarre, pas naturel, méfiance ! Personnellement je bannis les édulcorants comme l’aspartame, les produits light ou allégés, les substituts de repas du type barres et shakers protéinés, les plats préparés très riches en additifs, en mauvaises graisses et en sel, nous vallons mieux que ça !
Je recommande les vrais produits naturels avec du goût ! Redécouvrez et savourez de la vraie crème normande, les compotes sans sucre ajouté, les légumes des maraichers locaux et des AMAP, le fait maison comme une quiche lorraine ou un moelleux au chocolat, hum miam miam.
Les enfants sont aussi des victimes en devenir, comment prévenir et les accompagner ?
Selon moi ce sont aux parents de prendre leur responsabilité en faisant de la pédagogie sur le rôle premier de l’alimentation, en définissant des limites et des règles sur les produits sucrés. Les enfants sont la cible marketing parfaite, ils ont peu d’esprit critique face aux publicités et veulent succomber à chaque tentation. Je crois qu’il incombe à chaque parent de jouer le garde fou en leurs apprenant à accepter la frustration : « un œuf en chocolat d’accord mais un seul et au moment du goûter ».