Depuis plusieurs années des écoles marocaines et belges expérimentent des outils du Vivre Ensemble.
Ces animations sont le fruit des avancées scientifiques en psychologie cognitives, en psychologie sociale et en approche neuro-cognitive et comportementale. Elles se basent sur une approche favorisant une intégration de compétences de manière ludique. In fine, l’objectif est de travailler sur l’amélioration du Vivre Ensemble dans le cadre scolaire et donc sur l’amélioration du bien-être des enfants via, notamment, la diminution des éventuelles discriminations dont ils feraient l’objet de la part d’adultes mais aussi des éventuelles discriminations dont ils feraient l’objet de la part d’autres enfants. Il touche plus particulièrement les enfants âgées de 9 à 12 ans. Le projet se déroule en quatre étapes au niveau des écoles : diagnostic, formation, suivi et évaluation.
Les résultats déjà enregistrés de ce projet ont montré une évolution du comportement et des attitudes des adultes ainsi que de celles des enfants qui enregistrent des gains significatifs sur la question du genre (garçon-fille), de l’origine, de l’affirmation de l’opinion personnelle et enfin du métissage relationnelle en lieu et place de l’exclusion.
Nous sommes allée sur Africités 8 Marrakech, à la rencontre de l’ONG et avons pu converser avec Wivine Henderik sur le programme et ses enjeux à venir.
Wivine Hynderick
Bio Expresse:
Wivine Hynderick est responsable de projet au sein de l’ONG Echos Communication. Diplômée en Sciences Politiques et Relations Internationales. Elle a 13 ans d’expériences dans la coopération au développement. Elle travaille actuellement en Belgique sur des parcours d’accompagnement des jeunes, notamment issus de l’immigration, en collaboration avec les communes et maisons de jeunes afin qu’ils mobilisent leurs talents, leurs histoires au service de changements collectifs.
Entretien avec UFFP
Parlez-nous du concept « l’Ecole du vivre ensemble » ? C’est un travail d’accompagnement des écoles qui permet de cibler certains enjeux du mieux vivre ensemble.
Concrètement cela se passe comment Wivine ? on a en fait une mallette pédagogique où on propose des outils et surtout un parcours d’accompagnement qui permet aux enfants d’entrevoir « le Vivre ensemble » comme un village que l’on visiterait.
Il y aurait des lieux à visiter ? oui on peut par ex aller sur « la galerie des masques » et là c’est le lieu où l’on prend conscience de nos préjugés. On a aussi par ex le « palais des glaces « et là on prend conscience de nos différences et de nos ressemblances.
Ce parcours en fait transmet un message ? oui celui d’aller à la rencontre d’un vrai village humain et au-delà de ça, derrière chaque lieu ou maison que l’on visite, on fait vivre une activité à l’enfant.
Cette activité éveille quoi exactement chez l’enfant ? en fait on essaye de développer les compétences de l’enfant et cela lui permet de mieux appréhender le vivre ensemble dans l’école.
Qu’en est-il des enseignants ? en fait nous avons les outils que nous leur proposons au travers du programme, mais l’idée c’est aussi de partir sur la compétence des enseignants qui connaissent bien sur leur métier, les enjeux du quotidien à l’école et la connaissance des enfants. En fait on les amène à se positionner de sorte qu’ils prennent conscience de l’objectif et qu’in fine ils s’approprient le programme.
Un programme exportable ? absolument nous pouvons accompagner les écoles aussi au Maroc au Sénégal etc. mais on fait toujours ce travail d’appropriation de la démarche en se posant la question sur ce qui pourrait changer pour améliorer les perspectives. On doit toujours contextualiser le programme afin qu’il soit approprié au terrain.
Quel est l’âge cible de ce programme ? cela concerne les enfants entre 9 et 14 ans.
Vous travaillez avec toutes les écoles ? oui on va cibler réellement les directions des écoles, on va faire des journées de formation avec les professeurs essentiellement. On veut accompagner les professeurs afin d’avoir les bons outils.
En Belgique premier terrain ? oui en Belgique il y a eu des ateliers mais également au Maroc dont Oujda la région du Grand Oriental.
Diversité à Oujda ? oui aujourd’hui dans les écoles, on retrouve des petits oujdis mais aussi des petits sénégalais ou ivoiriens, des français et des belges aussi, et ce programme permet justement le vivre ensemble.
Comment réagissent les jeunes en général ? c’est en fait une opportunité de pouvoir valoriser leurs racines, mais également de faire prendre conscience aux enfants ce qu’ils ont en commun, ce qu’ils partagent. On veut amener l’enfant à travailler en résonnance avec les autres, qu’il finisse par se dire « qu’est-ce que j’ai en commun » plutôt que ce qui me différencie de l’autre. L’enfant est ainsi amené à se dire « qu’est ce qu’il faut que je développer pour un meilleur vivre ensemble » !
S’insérer dans le tissu social ? oui car quand il s’agit de certaines catégories sociales non privilégiées par ex en Belgique, il m’est arrivé d’entendre en retour quand j’ai demandé aux gamins « le regard que l’on avait sur eux » ils m’ont répondu « voleur, terroriste, racaille » !
C’est quoi l’impact de ce regard justement ? dans les quartiers défavorisés on entend souvent ce type de discours, et les enfants nous disent quand on leur demande ce qu’ils ressentent à savoir, l’impact de cette image sur eux, ils nous répondent « colère, perte de valorisation, honte, on baisse la tête, suicide !
Mais je leur demande ce qu’ils sont au-delà de ces « étiquettes » qui ils sont au-delà de ça ? notre travail ici est important, car nous insistons sur le fait et sur la nécessité de ne pas se laisser enfermer par ce regard stigmatisant. Et cette phrase me parle beaucoup « si tu me regardes avec misère je deviens misérable » !
Travailler et déconstruire les préjugés in fine ?
Je veux que les enfants prennent conscience que le regard que l’on pose sur eux finit par être assimilé, et quand il est faux c’est dangereux.
Merci Wivine !