De nos envoyées spéciales à Gorée. Texte Fériel Berraies Guigny. Photos Diane Cazelles
Elles sont des dizaines de« vendeuses » bana bana, à la sauvette ou dans des baraques en taule et bois, à vous proposer le joli petit souvenir de Gorée. Je dirai même que ces vendeuses sont si bien organisées « qu’elle vous repère » dés que vous mettez le pied dans le ferry navette qui vous porte de Dakar à Gorée. C’est leur pain quotidien, le touriste de passage « le toubab ou le nar » qui se fera délester de quelques francs CFA en échange de ces colliers fantaisie en perles, cories ou verre recyclé. Pour ceux qui ne sont pas « avertis » se faire accoster tous les deux mètres par les vendeuses ambulantes, peu paraître amusant voire faire parti du folklore local.
Mais elles sont également des « femmes d’affaires averties » et redoutables qui peuvent également rendre votre promenade, un peu laborieuse. Mais c’est de bonne guerre, car ces petits métiers que seules exercent les femmes sénégalaises, permettent de faire vivre parfois toute une famille. Ce qui est dommage aussi, c’est que la production reste la même et donc la concurrence n’est pas facile, car tout finit par se ressembler. Alors pourquoi achetez chez l’une et pas l’autre ? tout un dilemme me direz vous !
La seule difficulté sera donc pour vous de choisir « chez qui acheter » sans faire de « jalouses » et pour cela, il y a tout un art diplomatique !
Nous avons rencontré Aicha, petite vendeuse de collier mais elle, elle avait quelque chose en plus : c’est une artiste multi facettes, qui danse, chante, voyage dans la sous région et qui a hérité des vertus artistiques de sa maman. Vendre des colliers qu’elle fait elle même à la main, c ‘est de l’alimentaire. Astou Ndaye de son vrai nom, est Aicha de son nom d’artiste
UFFP vous la raconte :
Parle-nous de toi ? Mon nom artistique est Aicha. Je suis à la base une chanteuse, danseuse et je crée des colliers aussi. J’organise aussi les majorettes de Gorée.
Comment trouves tu le temps pour tout ça ? Je le trouve car je suis une artiste et j’aime ce que je fais. Je suis dans le tradicontemporain, je chante des chants traditionnels. Je tiens cet amour de mes parents. Ma maman était danseuse et mon père était dans la musique. J’ai eu ça au biberon !
As-tu intégré la troupe de Germaine Acogny ? En fait j’ai dansé là bas, j’ai fait trois semaines, mais je n’y suis pas restée, car je trouvais la discipline rigoureuse. Moi je suis une femme fière et libre et je n’écoute personne, je n’écoute que mes passions. J’ai aussi la chance d’avoir des parents qui me soutiennent !
Qu’est ce qui te guide aujourd’hui ? mes envies, mes rêves et la danse. Je reviens d’ailleurs d’ un périple dans la sous région. J’ai été danser au Togo, Mali, Bénin et au Burkina Faso.
Alors quand tu es dans une période creuse et calme, tu te remets à confectionner les colliers ? oui je suis revenue sur l’Ile depuis le mois de mai dernier.
Cela fait quinze ans que je suis à Gorée mais j ‘aime voyager car je puise là toute ma culture. Je suis partie pour apprendre. Je suis dans le recyclage coquillage, pate de verre, la terre cuite qui vient du Mali. J’aime tout ce que j’ai fait !
Nous sur l’Ile on montre l’Art sous toutes ses formes. Ici on a de tout, on fait de la récup, de la peinture. Il y a de la place pour tout le Monde !
Comment confectionnes-tu tes colliers ? Je fais tout à la main moi même. Mes perles viennent du Mali, du Ghana et du Sénégal. J’aime faire les choses de façon artisanale, j’utilise des matériaux de chez nous pour valoriser nos savoir faire. J’aime le verre recyclé que je mélange aux perles et aux cories de chez nous
Alors le développement durable, ça te parle ? Oui c’est important de préserver notre travail, on essaye de pas perdre nos techniques, malgré la concurrence du plastique et de l’industriel. Et puis ya la Chine qui copie mal nos colliers. J’aime proposer des colliers de Gorée avec les pâtes de verre bleue de Gorée avec la terre cuite aussi.
Si vous voulez rencontrer l’artiste Aicha, vous pourrez la trouver dans l’Allée des Baobabs sur l’Ile de Gorée.