De Yasmina Lahlou, envoyée spéciale en Mauritanie
La troisième édition du festival international« Traversées Mauritanides »s’est clôturée avec succès le 19 décembre dernier, après une semaine où les villes de Nouakchott et Kaédi ont célébré la littérature francophone d’Afrique.
La troisième édition des rencontres littéraires internationales « Traversées Mauritanides »s’est tenue du 9 au 14 décembre dernier à Nouakchott, puis s’est poursuivie les 18 et 19 décembre dans la ville de Kaédi. Au programme : spectacles de théâtre, projections de film,débats, tables-rondes, ateliers d’écriture, rencontres avec le jeune public dans les lycées et les universités, musique, slam et poésie…
Une pléiade d’écrivains portant haut les couleurs du continent ont fait le déplacement, à l’instardes Sénégalais Ken Bugul et Felwine Sarr, du Togolais Sami Tchak (grand prix littéraire d’Afrique noire en 2004), du Tchadien Noël Ndjékéry ou encore de la Belge Geneviève Damas (prix des Cinq continents de la Francophonie 2012). Sans oublier, bien sûr, des auteurs Mauritaniens tels que le doyen Djibril Sall, Abdoul Ali War, Harouna Rachid Ly ou le célèbre romancier Mbarekould Beyrouk.
Soutenue entre autres par l’Organisation internationale de la francophonie, l’ambassade de France, l’Institut français et le ministère de la Culture mauritanien, cette édition était placée sous le thème Écrits et cris : « Le cri n’est pas une polémique du style. Mais ce qui donne à lire, et entendre, un texte qui ne veut plus rester dans le murmure. Si le texte est d’encre muette, silencieux donc, la lecture le sort de l’innocence. Les muets seront entendus ! », précise Bios Diallo, directeur des Traversées Mauritanides et auteur du roman « Une vie de sébile » (éd. L’Harmattan).
Pour la soirée officielle d’ouverture, le 09 décembre dernier, l’Institut Français a accueilli la comédienne française Marie Ruggeri qui a présenté son spectacle «Louise Michel – écrits et cris », qui rend hommage à la célèbre révolutionnaire du XIXe siècle Louise Michel.
L’espace culturel Diadié Camara a abrité le 11 décembre une table-ronde autour de la thématique : » le cri ou la reconstruction de l’espoir « . Les écrivains réunis à cette occasion ont pu partager leur expérience littéraire avec un public nombreux, de tous âges et avide de partage.
« Mon cri vient de la souffrance de mon enfance. Aujourd’hui, j’écris pour évacuer cette douleur, cette peine qui est en moi « , confiait l’écrivaine sénégalaise Ken Bugul Ken Bugul. Pour sa part, l’écrivain mauritanien Abdoul Ali War lui donne une autre portée : » Mon cri est celui que j’ai lancé à partir de la France pour dénoncer les terribles évènements de 1989 en Mauritanie « . En écho, l’écrivain Rachid Ly, ancien gendarme victime de ces événements, s’insurge : » Je crie parce que je n’arrive pas à comprendre que dans un pays comme la Mauritanie, riche de ses différentes communautés et de sa diversité culturelle, il ait pu se produire le drame sanglant de 1989 « .
Parmi les autres temps forts de cette manifestation, une table –ronde consacrée à l’écriture en arabe et en dialectes arabes. Ainsi qu’une rencontre dédiée à l’édition et intitulée « Du manuscrit au livre : quels chemins jusqu’à l’édition ? », qu’animaient Bernard Magnier, critique littéraire et directeur de collection aux éditions Actes Sud, et l’écrivain Sami Tchak.
Avant de poursuivre leur route vers Kaédi, les Traversées Mauritanides se sont clôturées à Nouakchott au soir du 14 décembre par un spectacle de poésie, musique et slam organisé au Village de la biodiversité.Djibril Sall, Diakité Seck, Sidi Emjadse succédèrent sur la scène, suivis desslameursBoukharyBounass, Dominique Bernard et bien d’autres artistes talentueux. Toute la diversité culturelle mauritanienne y était à l’honneur à travers des poèmes et chansons en arabe classique, hassaniya (arabe maure), français, poular, soninké ou wolof.
« C’est toujours un plaisir de vivre des moments pareils qui permettent aux peuples de se rencontrer, aux voyageurs de différents mondes de se retrouver, d’échanger », déclaraitdans son discours de clôture Bios Diallo, le directeur du festival. Une conclusion pleine depromesses pour l’édition 2013…
Enfin, direction Kaédi, ultime étape de cette édition 2012 où les écrivains Abdoul Ali War, MahjoubBoye, Mamoudou Lamine Kane et Jemal Oumar ont animé les 18 et 19 décembre des tables-rondes consacrées aux écrivains du Gorgol.
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