Chaque automne et ce depuis vingt Ans, l’Association la Plume Noire fondée par Dominique Loubao, nous donne un magnifique rendez vous littéraire, hautement poétique. Un magnifique espace de créativité et de dialogue pluriculturel en mode francophile qui réunit le nec plus ultra des écrivains .
Dominique Loubao Présidente Fondatrice du salon la Plume Noire
A cette occasion, a aussi été remis le prestigieux prix Senghor, décerné tous les ans à une œuvre de littérature du monde noir ou francophile. La cérémonie s’était déroulée le mercredi 30 septembre 2015 au Centre Wallonie-Bruxelles.Réunissant Anne Lenoir directrice du Centre Wallonie -Bruxelles et Dominique Loubao. Ces dernières, ont convié le public amoureux de la littérature, à une soirée festive et littéraire axée autour de la remise du Prix Senghor 2015.
Cette distinction littéraire qui récompense un premier roman d’expression française a commencé avec une ouverture du slameur Jean-Yves Bertogal. Un slam inédit autour des identités francophones, plurielles et métissées. Des membres du jury et d’anciens lauréats comme Georgia Makhlouf, Douna Loup et Olivier Brunhes ont évoqué le le lien qu’ils continuent d’entretenir avec cette distinction. Et c’est en aparté, qu’UFFP est allée à la rencontre de Dominique Loubao fondatrice du salon littéraire pour évoquer cette passion qui l’anime depuis 20 ans, tout faisant un bilan des 20 ans de ce salon.
Entretien avec Dominique Loubao :
1 Alors quel bilan pour les dix ans du Prix Senghor et les 20 ans du Salon Plume Noire ? Le bilan est contrasté, mais je suis ravie de l’avoir fait. J’ai apporté via la Plume Noire et via le Prix Senghor ma petite pierre à ce grand édifice érigé par l’Unesco en 2008, le fameux « Dialogue interculturel ». Nous étions peut être visionnaire puisque La Plume Noire a lancé son premier salon en 1995 avec pour but de réunir en un seul espace des auteurs provenant d’horizons différents Afrique , Asie, Caraïbes, Océan Indien, Europe, Océanie, les 2 Amériques (Du sud et du Nord) et leurs éditeurs . 20 années de ma vie à instaurer lors d’un événement culturel des alcôves de discussions, d’échanges, de rires et de convivialité autour du livre. Dialoguer ensemble, c’est apprendre à se connaitre, appréhender intelligemment la différence culturelle, découvrir l’altérité, s’enrichir mutuellement. Au vu de l’actualité de ces 15 dernières années, on peut se dire que ce n’était peut-être pas inutile. Mais il y a encore énormément de choses à réaliser pour faire évoluer les mentalités des uns et des autres. La culture est une arme pacifique et redoutable dans ce type de combat. C’est à la nouvelle génération de poursuivre cette lutte. Le repliement identitaire est une plaie dans un monde globalisé. Internet a ouvert des perspectives infinies. A nous de nous en servir à bon escient.
2 Vingt ans de combat, quelle est la place de la culture aujourd’hui dans le Monde et la Francophonie ? Difficile de répondre à une telle question, jen ‘ai pas les statistiques de ce qui se fait ailleurs au niveau culturel, juste quelques échos. Vive Internet !!! Mais comme je vous le disais plus haut, nous avons tous un rôle à jouer dans notre vie, quelque chose à apporter à la société dans l’laquelle nous évoluons. Décider d’élire la culture (Arts vivants, Arts plastiques, littératures..) comme moyen d’expression ou outils de dissuasion face à l’intolérance est déjà en soi un grand pas vers la civilisation de l’universel, chère au président-poète et académicien Léopold Sédar Senghor. Un monde métissé où les barrières de races et de suprématie d’une civilisation par rapport à une autre seraient abolies. Le monde est désormais métissé physiologiquement, les frontières sont effacées virtuellement à cause du village globale crée par inforoutes, internet, mais les barrières demeurent dans le cœur de l’Homme. La méconnaissance ou l’ignorance de l’histoire ou la culture de l’Autre amènent des incompréhensions qui peuvent conduire par effet d’escalade à des conflits. C’est un peu schématisé je le reconnais. En résumé La culture devrait être érigée cause nationale dans tous les pays. C’est un outil de paix, de découverte et d’enchantement. Malheureusement certains gouvernements, y compris en France refusent de doter leurs ministères de financements nécessaires pour créer des poumons de culture sur tout le territoire. Je ne veux pas prêcher pour ma paroisse, mais les subventions et les aides institutionnelles sont de plus en plus inexistantes pour les petites structures associatives qui faisaient un travail extraordinaire sur le territoire. Aujourd’hui l’argent est donné à de grosses structures qui se comptent plus comme des entreprises que des interlocuteurs professionnels. Heureusement que les financements solidaires et privés prennent le relais et permettent de contourner tous ces obstacles (Crowfunding, sponsoring..)
3 Parlez nous de cette édition ? Cette année, dans le cadre du festival Cultures métissées, qui existent depuis plus de 20 ans, nous sommes accueillis par notre partenaire principal en 2015, le Centre Wallonie –Bruxelles pour fêter les 10 ans du Prix Senghor. Nous les en remercions. Merci à la directrice Annie Lenoir et à Pierre Vanderstappen , Marie-Eve, la directrice de la Librairie, et à toute l’équipe pour leur accueil et leur disponibilité pour mener à bien cette opération culturelle. Dix ans déjà ! Comme le temps passe vite. Il s’agit d’une très belle aventure, né sur un coin de table un soir d’été en compagnie d’une amie Tchisseka Lobelt. Monter un prix littéraire du premier roman francophone et francophile pour faire dialoguer la langue française en mode pluriel. La francophonie est vaste et diverse. C’est un pur enchantement, de monter un tel prix. Attention, c’est lourd et compliqué à gérer au quotidien, financièrement et humainement. Mais depuis 10 ans, éditeurs et auteurs plébiscitent ce « petit »prix qui exigent que ces membres du jury lisent réellement,les livres pré-sectionnés et sélectionnés au final. Nous découvrons ainsi et faisons découvrir des auteurs qui n’auront peut-être pas la chance ou la possibilité d’être tous lus. Bravo au jury qui donne du temps et de l’énergie au Prix Senghor, depuis tant d’années. Merci pour leur engagement et leur disponibilité. N’oublions pas qu’en septembre plus de 600 ouvragesparaissent et qu’en janvier à peu près 500 titres. Certains passent au pilon, d’autres à la trappe. Le second point était de trouver des pépites littéraires rédigés par des écrivainsissus d’horizons différents (Québec, Suisse, Maghreb, Afrique, Caraïbe, Belgique, Europe de l’est, Asie etc. ) et ont souhaité s’exprimer dans la langue de Molière. Cette édition 2015 propose 12 auteurs francophones et francophiles issus d’une liste initiale de 30 écrivains, qui vont concourir pour êtredésignéslauréat 2015. Autour de cette remise de prix, des animations littéraires sont prévues (lectures, dédicaces, récitals de poésies, slams, débat avec des anciens candidats du Prix Senghor et des membres du jury, l’actualité littéraire de nos invités. etc.)
4 Les Femmes sont à l’honneur ? Vous mettez l’accent sur la poésie ? Des ouvrages plus engagés ? Oui des femmes sont à l’honneur de manière intrinsèque : elles sont écrivaines historiennes, criminologues, poétesses, jurées. Le Prix Senghor est à l’origine un projet féminin. Mais les hommes aussi sont à l’honneur. Nous travaillons mains dans la main, ensemble, pour contribuer à la réussite de ce prix littéraire.
5 Si je vous disais la Culture pour la paix, vous répondriez quoi ? Je vous dis oui ! Mille fois oui !! C’est un formidable levier et un vecteur puissant pour arriver un jour à conquérir cette Paix au niveau international.
6 dans cette édition vous mettez les femmes à l’honneur particulièrement oui ? Tous nos invités seront à l’honneur , l’éditrice Emmanuelle Moysan qui ava animer l’espace poétique, la poétesse syrienne Fadwa Suleimane , les écrivaines Deborah-Levy Berthorat (France), Georgia Makhlouf (Liban), Douna Loup lauréat 2011 (Suisse) , et la criminologue et journaliste Fériel Berraies Guigny qui sort 2 tomes sur les enfants et la guerre ( victimes en tome I et soldats en tome II). Un sujet hélas d’actualité. Tous ces auteures femmes ainsi que nos auteurs masculins (Olivier Brunhes, Mahmoud CHOKROLLAHI, Jean-Yves Berthogal, Éric Chassefière[DL1] vous attendent pour dédicacer leurs livres.
7 Parlez nous de cette Association avec Wallonie Bruxelles ? C’est une association qui n’est pas recentrée. Nous collaborons ensemble depuis une quinzaine d’année et plus particulièrement depuis la naissance du Prix Senghor. Nous mettons en valeur dans le cadre de nos événements des auteurs francophones belges et le centre Wallonie-Bruxelles prenait en charge leur séjour en France. Le Centre Wallonie-Bruxelles nous suit depuis ces année-là, et lorsqu’il a souhaité accueillir cette relis du prix dans le cadre de son festival cultures métissées, nous avons répondu oui à l’invitation. D’autant plus que c’est un lieu magnifique et accueillant, qui bouillonnent d’activités. Je dis toujours que ce centre est l’ambassade culturelle de la Belgique francophone en France. Et je pèse mes mots. Merci encore une fois à Annie Lenoir, (une femme) pour cet accueil fait au Prix Senghor et à ses invités.
8 Rappelez nous les conditions de participations ? La soirée est ouverte au public et gratuite. Il faut juste s’inscrire au 01 53 01 96 96 ou par mail reservation@cwb.fr. Si d’aventures vous n’avez pas pu le faire, vous pourrez vous inscrire sur place. 9 Un dernier mot ? Merci à Votre magazine UFPP (United Fashion For Peace) de m’avoir accordée du temps de parole, durant cette interview et m’avoir permis de m’exprimer sur un sujet qui me passionne. Merci à vous.