Crédits photo :Youri Lenquette
Volker Goetze est né et a grandi dans un environnement propice à la musique. Très tôt il s’initie au piano et fera ses premières compositions à tout juste treize ans. C’est à cette époque qu’il se consacre à la trompette… et au jazz après avoir vu sur scène le Prime Time d’Ornette Coleman. Il est aussi un grand fan de Don Cherry, l’alter ego d’Ornette. Comme son aîné, nomade dans l’âme qui partit à la rencontre du monde de la musique avec sa trompette, Volker Goetze éprouvera bientôt ce désir d’Afrique. Après une formation de Markus Stockhausen au Conservatoire de Cologne, le musicien allemand va multiplier les sessions et séances, avec Nana Vasconcelos et Steve Lacy, avec Peter Kowald et Craig Handy. Des maîtres du jazz qui lui apprennent eux aussi à lire entre les lignes. Ce qui l’interpelle, c’est avant tout, la relation au monde, le rôle de l’artiste dans la société des hommes. Volker va alors chercher des histoires qui éveillent les sens, comme celles des griots auxquels il consacre désormais un documentaire. C’est ainsi, qu’il va rencontrer, son alter ego musical : Ablaye Cissoko au festival de jazz de Saint-Louis, la grande ville du Nord du Sénégal.
De son vrai nom Kimitang Mohamadou Cissoko, le natif de Kolda a lui aussi été élevé dans la musique, descendant d’une famille griotte dont les origines remonteraient au XVIème siècle. C’est à 8 ans que le jeune garçon commence à jouer avec la kora, dont il ne tarde pas à apprivoiser chacune des 21 cordes. Moins de quatre ans plus tard, il donne son premier Récital. Le jeune homme que l’on surnomme « Ablaye » s’inscrit donc au conservatoire de Dakar, monte un groupe de 10 choristes avec ses frères et soeurs, mais aussi Ninki-Nanka, une formation fondée à Saint-Louis, devenue sa ville d’adoption. C’est le début d’une carrière internationale pour celui qui, tout en imposant son chant et en approfondissant sa maîtrise des arcanes de la tradition, va développer une sensibilité proche du jazz : au tournant du millénaire, il participe à l’aventure African Project du saxophoniste Phillipe Sélam et du guitariste Gille Renne, puis intègre le groupe eurafricain dirigé par François Jeanneau. C’est là qu’il croise en 2001 la route de Volker Goetze. L’année suivante, ils se retrouvent au sein de l’African European Jazz Orchestra, qui ouvre pour l’icône du pays, Youssou N’Dour. C’est le début d’une intime collaboration entre ces deux musiciens qui ont en commun un goût pour la direction d’orchestre et la composition, mais aussi et surtout l’envie d’aller par-delà les frontières établies.
Ce disque en duo, est l’aboutissement d’un dialogue construit au fil des années et instruit au gré des écoutes mutuelles. Car ces deux-là s’écoutent, cela s’entend. “J’apprends de lui comme il apprend de moi. La musique est simplement, naturellement, le terrain propice pour développer cette connexion spirituelle.”, résume le trompettiste qui a dû apprendre les rudiments de la kora pour suggérer de nouvelles pistes à ce répertoire séculier.
L’Album “Sira”, du nom de la soeur cadette d’Ablaye Cissoko, est une vision du monde ouverte à l’autre, des rythmes élaborés à l’ombre des centenaires baobabs.
Une premier album tout en beauté et engagement puisqu’une partie des bénéfices de “Sira” sera reversée à TOSTAN, une ONG basée en Afrique de l’Ouest qui travaille sur la question des droits de l’Homme.
Obliq Sound est la maison de disque qui les distribue. Un album magnifique, un véritable collector !