un même combat pour les droits au pluriel !
Par Fériel Berraies Guigny
Les Femmes Africaines sont plurielles : diversité ethnique, culturelle, religieuse. Mais elles se ressemblent quand il s’agit de leurs droits, elles sont unies dans un même combat : l’Afrique de la relève, l’Afrique de l’émancipation et de la parité. Une bataille longue et laborieuse, une bataille nécessaire qui nous demande toutes de la faire en rang uni aujourd’hui alors que nous fêtons les cinquantenaires des indépendances.
Quelques faits
Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), le nombre insuffisant d’emplois décents créés dans la région et la pauvreté largement répandue pèsent lourdement sur les femmes africaines. Or le financement de l’égalité des sexes est crucial et les femmes africaines sont véritablement un moyen efficace de « réduire la pauvreté, d’augmenter la croissance économique et accélérer la réalisation de tous les OMD (objectifs du millénaire pour le développement) »
Les inégalités persistantes entre les sexes et les violences contre les femmes constituent aussi des freins à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement.
Quelques chiffres sur les discriminations sur les femmes africaines
Les seuls pays qui garantissent l’égalité entre hommes et femmes dans la loi sont le Cap-Vert, l’Afrique du sud, le Bénin.
Mutilation génitales féminines(MGF)
Guinée-Conakry – 96% des femmes ont subi une forme de MGF (2005)
Djibouti – 93% des femmes ont subi une forme de MGF (2008)
Mariages précoces et forcés
Cote d’Ivoire – plus d’un tiers des femmes sont mariées avant 18 ans
Mali – 71% des femmes sont mariées avant 18 ans
Santé
Sierra Leone – plus fort taux de mortalité maternelle du monde (2 000 décès pour 100 000 naissances en 2005)
Ethiopie – seules 10% des naissances se font avec l’assistance de personnel qualifié
Zimbabwe – taux de prévalence du SIDA chez les femmes entre 15 et 24 ans: 11,25%
Education
Tchad – seules 5% de jeunes filles dans l’éducation secondaire
Représentation politique:
Rwanda – 56.3% de femmes au parlement (rang mondial: 1)
South Africa – 44.5% de femmes au parlement (rang mondial: 3)Congo Brazzaville – 7.2% de femmes au parlement (rang mondial: 120)
Tchad – 5.8% de femmes au parlement (rang mondial: 126)
Une Campagne pour faire avancer les choses
Diverses initiatives prennent forme pour sensibiliser l’opinion publique à ce sujet. Les femmes africaines doivent cesser d’être le maillon faible de la chaine : le 8 mars 2009, avait été célébré la journée internationale de la femme et plus d’une centaine d’organisations, présentes sur tout le continent africain, ont lancé une campagne de sensibilisation et de revendication dans le but d’inciter les Etats à respecter et faire respecter les droits des femmes en Afrique. A cette occasion, dans une quarantaine de pays, ont été organisées des marches, des manifestations, des ateliers à destination des médias et des autorités, des émissions de radio et de télévision, portant ce même message. Cette campagne est très importante, elle a été lancée par la FIDH avec 5 organisations non-gouvernementales régionales l’ACDHRS, FAS, WILDAF, WLSA et WACOL*, aux côtés de leurs membres et partenaires nationaux. Cette campagne visait à obtenir des Etats africains qu’ils ratifient l’ensemble des textes internationaux et régionaux relatifs à la protection des droits des femmes – le Protocole à la Charte africaine relatif aux droits des femmes et le Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) – et qu’ils respectent leurs obligations en droit et en fait.
Les Africaines dans l’histoire à aujourd’hui
Dans l’histoire antique, les femmes Africaines ont régné. Le Soudan en l’occurrence a donné naissance à la civilisation pharaonique. Beaucoup d’ archéologues ont démontré de nombreux liens « génétiques » entre le Soudan ancien (c’est-à-dire Koush) et l’Égypte antique (c’est-à-dire Kémèt)
L’étymologie du mot « Soudan » à partir des textes hiéroglyphiques et coptes eux-mêmes signifiait dans l’Antiquité « Roi » ou « Reine » d’Égypte. Dans la Civilisation de l’Égypte antique : régnaient les pharaons noirs ». L’historien occidental les a relégués à n’être presque qu’ un accident de parcours dans une Civilisation que l’on a toujours sous entendu « blanche »
Aujourd’hui, leur situation est peu optimiste, bien que certains chiffres soient surprenants : par exemple, le Rwanda est le pays ou la proportion de femmes au sein des assemblées parlementaires est le plus élevé (plus de 55%), et la Tunisie arrive en 8ème position avec 23%, bien devant la France ou les USA.
Bien sûr, d’une Afrique à l’autre, la situation des femmes n’est pas la même :
En Afrique subsaharienne, elles subissent encore les effets de certaines coutumes (polygamie, mutilations génitales… et un conjoncture socio-économique défavorable) et malgré l’existence de textes en faveur de leur émancipation leurs droits, ne sont pas pris en charge.
A l’opposé, certains pays d’Afrique s’agissant du Maghreb comme la Tunisie où le Maroc ont a enregistré des avancées nettes sur le plan social et juridique. Dans ces pays, la femme a une place importante dans l’économie. C’est notamment le cas pour la Tunisie qui est un modèle pour l’Afrique et le Monde Arabe ; les femmes y ont obtenu des acquis grâce au code du Statut personnel en 1956 qui a donné droit et parité à la tunisienne.
La Tunisie de feu Président Bourguiba et celle du Président Ben Ali a donné une vraie place à la femme. Le code du statut personnel a été le code libérateur de la femme tunisienne, acquis aux lendemains de l’indépendance en 56 et mis en pratique en 57: il s’agit d’une série de lois progressistes et inédites en Afrique et dans le monde arabe. Il instaure l’égalité, abolit la polygamie, crée une procédure judiciaire pour le divorce et n’autorise le mariage qu’avec consentement mutuel des deux conjoints. L’avortement et la contraception sont également légalisées. Toutes ces mesures avant-gardistes s’inscrivent dans une volonté de modernisation du pays, ce n’est donc pas du féminisme pur et dur ! Et malgré les pressions islamistes de certaines mouvances conservatrices vers les années 80, l’actuel Président Ben Ali a veillé à non seulement pérenniser mais à faire les amendements nécessaires. Le principe de l’égalité sexuelle et sociale est le fer de lance de la politique benaliste. Les femmes constituent près d’1/4 de la population active : présentes dans toutes les sphères : public, associatif, politique. Au niveau de l’éducation, prés de 88% des filles sont scolarisées. La femme tunisienne, est une actrice de premier plan dans le tissu socioéconomique tunisien.
Au Maroc : le processus a été plus long, mais il connaît aujourd’hui un grand essor grâce à la volonté politique du nouveau souverain Mohamed VI et la « Moudawana » qui consacre le droit des marocaines. La société civile est de plus en plus propice à l’émergence de ce qu’on pourrait appeler une pensée féminine et on compte sa présence à plusieurs niveaux : législatif, politique, et culturel. C’est surtout dans les domaines de la création culturelle qu’elle soit artistique ou littéraire que l’on mesure l’importance de la femme marocaine, l’artiste peintre Chaibia, les universitaires Fatima Mernissi, Ghita El Khayat, Aziza Bennani et bien d’autres. Tout comme la tunisienne avant elle, la femme marocaine contribue activement à la construction son pays.
Deux modèles mais qui sont en décalage avec le reste des pays du Continent, notamment pour l’Afrique noire.
Les disparités en Afrique Subsaharienne, on les retrouve principalement dans le droit à l’éducation et à la formation, le droit à la santé, à la justice des femmes.
La Campagne de sensibilisation du FIDH
Diverses initiatives prennent forme justement pour sensibiliser l’opinion publique à ce sujet : le 8 mars 2009, on a célébré la journée internationale de la femme et plus d’une centaine d’organisations, présentes sur tout le continent africain, ont lancé une campagne de sensibilisation et de revendication dans le but d’inciter les Etats à respecter et faire respecter les droits des femmes en Afrique. A cette occasion, dans une quarantaine de pays, ont été organisées des marches, des manifestations, des ateliers à destination des médias et des autorités, des émissions de radio et de télévision, portant ce même message qui vise à obtenir des Etats africains qu’ils ratifient l’ensemble des textes internationaux et régionaux relatifs à la protection des droits des femmes – le Protocole à la Charte africaine relatif aux droits des femmes et le Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) – et qu’ils respectent leurs obligations en droit et en fait.
Aujourd’hui le FIDH et plusieurs autres ONGS féminines fêtent le premier anniversaire du lancement de cette campagne, qui a débouché sur quelques acquis: la ratification par la Guinée Bissau du Protocole facultatif à la CEDAW, l’adoption d’une loi sur le quota de représentation des femmes sur les listes électorales au Burkina Faso, l’entrée en vigueur d’une loi sur les mutilations génitales féminines en Ouganda et la nomination d’une représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies sur les violences sexuelles dans les conflits armés. Cette première année de campagne a été particulièrement active et annonce une mobilisation tout aussi prometteuse pour les années à venir.
Conclusion : La lutte des femmes africaines à l’heure actuelle, doit déboucher sur la reconnaissance de leurs droits politiques et des principes d’égalité des sexes. Au lendemain des indépendances, les textes constitutionnels affirmant ces principes étaient nombreux mais entre le discours et le terrain, il y a un gros travail à faire. Aujourd’hui, le constat est que les textes internationaux et les multiples conférences internationales à ce sujet ne peuvent avoir un effet que s’il y a une réelle volonté politique. Le problème des droits des femmes en général est avant tout un problème de développement. Les textes législatifs nationaux ne suffisent pas et il faut une réelle prise en charge de leurs besoins.
La question que l’on doit se poser c’est : comment les africaines peuvent-elles prendre part de manière plus efficace à la gestion des affaires publiques si leur premier objectif est la survie ? Chaque fois que les femmes ont pu se faire entendre, c’est parce qu’elles étaient indépendantes économiquement. La question des droits politiques des africaines ne peut être séparée des autres droits et libertés permettant une amélioration de leurs conditions de vie en général. Il y a véritablement une corrélation entre l’échec du développement et l’exclusion des femmes. Les femmes doivent avoir la possibilité d’être présentes là où les décisions d’impact général sont prises. Aujourd’hui, ce combat mené par les instances internationales et les ONGS, se doit d’être relayé par les Médias. L’Afrique des droits des femmes est une réalité à construire et il nous incombe à nous de redevenir « Reines d’Afrique » Des femmes comme la feu prix Nobel du Kenya en 2004 Wangari Maathai ou encore la première femme président Africaine, Ellen Johnson Sirleaf ou encore Graca Machel sont des modèles à suivre, des « rôle models » qui peuvent aider nos sœurs africaines à se battre et à défendre leurs droits.