photo Armand Herkipian
Aujourd’hui, dans toutes les régions du Monde on a tendance à dévaloriser les femmes au foyer, pensant qu’elles sont inactives, qu’elles ne s’enrôlent pas dans le milieu du travail par manque d’ambition et d’engagement. Des mythes en tout cas qui perdurent tant que l’on ne reconnaitra pas que la maman au foyer fait un travail non rémunèré h 24 !
Des initiatives comme celle du MMMI ( Mouvement Mondial des Mères internationales) qui est la journée du travail invisible, visent justement à déconstruire ces postulats.
UFFP a rencontré pour vous la Présidente.
Les femmes au foyer sont elles des Desperates housewives?
Anne-Claire de Liedekerke, présidente de la délégation Europe du MMMI« Il est temps de redonner au travail d’éducation, d’accompagnement et de soin, (résumé par le mot anglais CARE) sa juste place. En Europe, une évolution très positive a donné aux européennes un meilleur accès au travail rémunéré, mais nous avons délaissé l’importance du travail familial invisible qu’accomplit la majorité silencieuse des parents, en élevant les futurs citoyens européens. Nous appelons à la reconnaissance et au soutien de ce travail essentiel» explique t elle.
La grande enquête des mères réalisée en 2011 par la délégation Europe du MMMI montre que très peu de femmes sont “femme au foyer” toute leur vie. Le premier mythe à déconstruire est celui de l’opposition entre « les femmes au foyer » et “les femmes qui travaillent” Il est aujourd’hui dépassé. C’est la même femme qui selon les moments de vie est, soit « au foyer », soit engagée dans le milieu du travail. Il y a beaucoup de raisons de s’engager dans le milieu du travail à commencer par des impératifs financiers. Mais il y a aussi beaucoup de raisons de vouloir consacrer du temps à sa famille. Et selon les moments les priorités changent.
Le travail de soin familial ou « Care » dans la société anglosaxonne c’est un boulot à plein temps? Le travail de soin familial est un vrai travail. Pourquoi dit-on qu’une femme travaille si elle s’occupe d’enfants qui ne sont pas les siens et est rémunérée pour le faire et qu’elle ne travaille pas si elle s’occupe de ses propres enfants? Parce que c’est un travail « invisible » qui n’entre pas dans le calcul du PIB des pays alors qu’il a une valeur réelle.
S’occuper d’une famille prend du temps et de l’énergie, demande des compétences et des moyens pour atteindre l’objectif de rendre les enfants autonomes et responsables. C’est loin d’être de l’inactivité. C’est probablement l’activité la plus importante de notre société. C’est aussi un programme ambitieux qui demande un vrai engagement.
Alors il faut que les mentalités changent? Les femmes qui sont mères souhaitent que l’importance de ce rôle soit reconnue par nous tous, par l’opinion publique et la société. Les enfants sont une richesse pour la société et, si leurs parents en sont les premiers responsables, la société est responsable de les reconnaître dans ce rôle et d’aider les parents en leur donnant les moyens d’exercer au mieux cette responsabilité.
Quelle recette pour sortir de l’invisible? Des moyens de reconnaître le travail invisible seraient entre autres d’inclure le travail familial non rémunéré dans le calcul du PIB pour mieux prendre en compte son importance, d’inclure les interruptions de carrière à des fins familiales dans le calcul de la retraite et de continuer à oeuvrer pour des solutions de meilleure conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle pour les parents.
Ce sont les objectifs de la journée du travail invisible?
La journée du travail invisible a pour objectif d’attirer l’attention sur le rôle des parents dans la société et de le valoriser. Est aussi invisible le rôle des aidants familiaux qui s’occupent de leurs proches malades, handicapés ou en perte d’autonomie et leur apporte affection et bien être, ce qui est d’une valeur inestimable. Ces rôles sont actuellement invisibles parce qu’ils ne sont pas comptabilisés. Ils n’en sont pas moins essentiels.
A propos de la délégation Europe du MMMI
La Délégation Europe du MMMI (Mouvement Mondial des Mères International), est une ONG dont la mission est d’entendre et faire entendre la voix des mères dans la société et auprès des institutions européennes. Le MMMI a été fondé en 1947, il a le statut consultatif auprès de l’ONU depuis 1949. www.mmmeurope.org.