Par Fériel Berraies Guigny
Avec les profonds bouleversement du printemps arabe, dans certains pays la place de la femme est encore en question non seulement dans la sphère publique; mais également dans la sphère entrepreneuriale.
Ce dernier rendez vous parisien qui est le « Forum des femmes Chef d’Entreprise du Sud » tenu au siège de l’OCDE fait suite aux nombreuses rencontres qui se sont tenues depuis 2007, date à laquelle les Ministres de la région participant au programme MENA-OCDE pour l’investissement ont approuvé la Déclaration sur la promotion de l’entreprenariat des femmes dans la région MENA par laquelle ils s’engagent à poursuivre une approche de soutien ciblée et intégrée en vue d’accélérer le développement de entrepreneuriat féminin dans la région. Cet engagement a été réitéré lors de la Conférence ministérielle MENA-OCDE de 2009 dans le cadre de l’adoption du Plan d’action visant à favoriser entrepreneuriat et l’emploi des femmes dans la région MENA. Plus de 70 représentants de l’OCDE et de la région MENA issus du secteur public, du secteur privé et du milieu académique se sont concertés sur les différentes façons à travers lesquelles les économies de la région peuvent soutenir les efforts sur le développement du secteur privé par des politiques ciblées et des services de soutien aux entreprises pour les femmes entrepreneurs.
Dans son allocution de bienvenue, S.E. Mme Karen Kornbluh, Ambassadeur, représentante permanente des États-Unis auprès de l’OCDE et co-présidente du FFE, a rappelé que pour favoriser une croissance économique mondiale solide et soutenue, l’avancement du rôle de la femme est essentiel tant dans les pays de l’OCDE que dans d’autres pays. Elle a noté que les femmes dans la région MENA font cependant face à d’importants défis culturels et juridiques et que leur participation économique est la plus basse au monde. Elle a souligné le fait que le FFE est particulièrement bien placé pour faciliter l’échange de bonnes pratiques, l’élaboration des recommandations de politiques ainsi que d’arguments économiques qui illustrent le lien étroit entre la participation économique des femmes et la compétitivité nationale. Elle a suggéré qu’à l’avenir le FFE fasse plus grand usage de nouvelles technologies pour engager des échanges et diffuser les informations sur les bonnes pratiques.
S.E. M Anders Ahnlid, Ambassadeur, représentant permanent de la Suède auprès de l’OCDE, a présidé la première session, qui a mis l’accent sur le plaidoyer politique féminin dans le contexte politique actuel de la région. Il a rappelé le discours du Premier Ministre Fredrik Reinfeldt, qui avait souligné lors d’une récente Assemblée Générale de l’ONU que pour 3,5 milliards de femmes et de filles, les lacunes en termes de respect des droits de l’homme ainsi que des droits sociaux et économiques les empêchent de réaliser leur potentiel en tant que moteurs du développement économique. Bien que l’environnement dans lequel les femmes entrepreneurs sont actives soit divers dans la région MENA, les intervenants de la région ont confirmé l’importance de l’accroissement de la participation dans le marché formel du travail ainsi que dans les activités entrepreneuriales. A été souligné la nécessité pour les femmes, en période de transition politique, de jouer un rôle important dans la prise de décision politique et économique. Bien que les réformes économiques en vue d’améliorer le climat des affaires – notamment l’accès à la finance, les échanges, la fiscalité, l’emploi ou la politique des salaires – soient à aborder en priorité, l’égalité des genres ne peut être mise de côté puisque ceci a un effet indéniable sur la compétitivité d’un pays.
C’est dans ce contexte que les experts d’Algérie, de Bahreïn, de Djibouti, d’Egypte, d’Irak, de Jordanie, du Liban, du Maroc, de l’Autorité Palestinienne, d’Arabie Saoudite, de Tunisie, du Yémen, de l’Association sud-africaine des femmes entrepreneurs, du Centre of Arab Women for Training and Research (CAWTAR), de l’OIT, de la BERD et de l’OCDE ont échangé sur :
• l’amélioration de l’accès des femmes aux services de soutien non-financiers ;
• le renforcement de l’accès des femmes aux marchés et à l’information ;
• la recherche sur entrepreneuriat et la collecte de données pour élaborer des politiques efficaces et informées.
Les thèmes de la rencontre de deux jours à Paris ont donc inclut l’inventaire des politiques, des institutions et des programmes soutenant entrepreneuriat féminin dans la région MENA. Il s’agissait d’étudier les moyens d’aller de l’avant pour soutenir entrepreneuriat et l’emploi des femmes dans la région MENA. L’accent avait également été mis sur l’importance des services de soutien non-financier aux entreprises, ce que les gouvernements et le secteur privé peuvent faire pour adapter des services à une clientèle féminine; l’amélioration de la recherche et la collecte de données ventilées par sexe ainsi que l’ état d’avancement des pays de la région MENA et les domaines prioritaires à améliorer. En conclusion, la capacité à promouvoir les politiques des associations des femmes d’affaires et diverses organisations de la société civile: échange d’expériences diverses entre l’OCDE et les représentants de la région MENA
Il a été convenu que les conclusions de la réunion ainsi que les recommandations résultant des travaux du FFE seraient soumis à la prochaine réunion au comité de pilotage du programme MENA-OCDE pour l’investissement. Ceci afin d’assure que les considérations sur entrepreneuriat des femmes soient adressées dans un dialogue politique plus large.
Gabriela Ramos, Directeur de Cabinet du Secrétaire général de l’OCDE et Sherpa du G20, a souligné lors de l’allocution de clôture, que le travail du FFE est très apprécié et que l’OCDE se tient prête à soutenir le Forum 1) dans ses travaux en cours ; 2) en l’impliquant dans l’Initiative OCDE pour la parité et 3) à travers la contribution de l’OCDE au Partenariat de Deauville.