Prix Terre de Femmes de la Fondation Yves Rocher en 2002, journaliste, écologiste, auteur, Yolaine de la Bigne est sur tous les fronts pour une » Néoplanète » meilleure, en ardente défenderesse de la biodiversité, elle pose un regard engagé et plein d’amour, pour la nature, la terre et les hommes. Yolaine de La Bigne est la fondatrice et rédactrice en chef du tri médias Néoplanète.
UFFP est allée à la rencontre d’une personnalité très attachante, pour échanger sur les défis de nos sociétés et de notre matrice.
Par Fériel Berraies Guigny
Yolaine de La Bigne fondatrice et rédactrice en chef du tri médias Néoplanète. Copyright Géraldine Le Guyader
Entretien coup de coeur avec Yolaine de la Bigne :
Yolaine de la Bigne parlez nous de votre parcours?
Il est assez varié car j’ai travaillé dans de nombreux secteurs, presse écrite, télévision, radio, écriture de livres, commentaire off de reportage, organisation d’évènements etc
J’ai toujours aimé découvrir des univers nouveaux, avec en fil conducteur, une grande passion pour mon époque, ses enjeux les plus importants (l’écologie, la solidarité) et ceux qui la créent, tous ces gens incroyables qui au quotidien remuent ciel et terre pour que l’homme continue de progresser. C’était le sujet de base de « Quelle époque épique » sur France-Info et ça l’est aujourd’hui pour la Bonne Nouvelle sur Europe 1
Vous avez beaucoup travaillé aux côtés d’USHUAIA et donc de Nicolas Hulot, parlez nous de cette aventure, ce que vous en avez tiré?
Je ne faisais pas partie de l’équipe de reporters donc je ne voyageais pas mais je travaillais sur les commentaires à Paris. Nicolas Hulot a fait partie des personnalités attachantes que j’ai rencontré mais à l’époque, il n’était pas encore devenu l’écologiste convaincu qu’il est aujourd’hui. C’était un journaliste « aventurier » et ce sont ses voyages à travers le monde qui lui ont justement fait rendre conscience de la précarité de notre planète face aux destructions humaines .
Quand avez vous lancé NEOPLANETE ? Quel a été l’élément catalyseur? Écrire Green, c’est aussi une volonté de faire réfléchir les lecteurs, mais aussi d’alerter sur les dangers et les défis pour notre monde?
Ma prise de conscience réelle est arrivée quand je suis retournée vivre en Bretagne dans ma maison de famille, je n’ai plus retrouvé la nature de mon enfance, les animaux avaient disparu, les oiseaux ne chantaient plus… ça a été un choc! J’ai tout d’abord créé la Fêt Nat’, une fête de la nature, gratuite, joyeuse, ouverte aux petits et grands pour leur donner conscience sans les culpabiliser pour autant, des drames qui se jouent sans qu’on le sache toujours. Je pense que les messages même les plus graves passent toujours mieux dans la séduction et la joie que dans le discours moralisateur et la punition. Avec des associations et des bonnes volontés, nous avons organisé durant 3 ans à Paris cette fête avec défilé de mode éthique, clowns, pièces de théâtre dans la nature, ateliers de jeu, poésie etc
Le concept a été imité et donc au bout de 3 ans, j’ai pensé qu’il fallait aller plus loin et surtout expliquer aux gens ce qu’est l’écologie car c’est extrêmement complexe, d’où les débats, les contradictions etc que l’on ne comprends pas toujours. Les valeurs de Néoplanète sont les mêmes que ceux de la Fêt Nat’: gratuité (pour une démocratie du savoir, que tous puissent avoir accès à cette information), diversité (l’écologie touche notre quotidien, mode, alimentation, people, transports…. c’est notre vie toute entière qui est concernée) et positivité (loin d’être un sujet ennuyeux, l’écologie est surtout une dynamique formidable, une économie pour demain, un secteur qui crée des emplois et un autre regard plus respectueux que l’on pose sur la planète, sur les autres et sur soi)
Quels sont vos défis au quotidien? presse papier face à la crise des médias et en plus engagée, c’est pas un peu lourd face à la presse jetable au consommer jetable?
La situation est très compliquée car nous subissons 3 crises, la crise économique, la crise de la presse papier qui est en train de mourir (d’où mon choix aussi pour la presse gratuite qui pourrait avoir plus d’avenir, mais notre problème est l’effondrement de la publicité qui s’est tournée vers d’autres supports comme le web sans pour autant que nous puissions en vivre!) et enfin la crise de l’écologie avec des Verts qui donnent une image désastreuse de l’écologie. Et un gouvernement qui ne s’y intéresse pas du tout mais se plie sans cesse devant les lobbies en ne prenant pas de décisions et pire, en optant pour des solutions scandaleuses qui annulent les efforts fait précédemment (ex: l’autorisation récente de l’épandage des pesticides par hélicoptère pour faire plaisir aux céréaliers alors que c’est un drame pour la nature et la santé humaine)
On a l’impression qu’en France le Green; l’éthique, le durable font peur ? Pourquoi?
Ces sujets font peur parce qu’on en parle mal, le milieu de l’écologie ne sait pas trouver les bons mots (Développement durable, biodiversité, RSE…. personne ne comprends!), les Verts politisent le discours alors que l’écologie ne doit être ni de gauche ni de droite mais au-dessus de tous les partis et enfin quelques gourous qui passent leur temps à « porter la bonne parole » en culpabilisant tout le monde. Du coup, les gens sont à la fois angoissés (avec raison car les problèmes sont réels) et exaspérés, intéressés et indifférents.Il faut donc leur expliquer les choses simplement et leur donner de l’espoir
Comment écrire sur ces sujets sans culpabiliser et être alarmiste?
En montrant le travail formidable de la société civile, de toutes ces associations qui se battent, ces entreprises qui innovent, ces gens qui aident les autres. Il se passe beaucoup de choses en ce moment qui donnent de l’espoir, nous vivons un bouleversement profond et passionnant, les mœurs évoluent, tant mieux!
Aujourdhui, NEOPLANETE se joint au groupe du Nouvel Obs? quel lien?
Nous sommes distribués à 100 000ex dans Paris avec le Nouvel Obs ce qui nous donne une belle visibilité
Quels sont les combats qui touchent, les personnalités qui touchent NEOPLANETE?
Tous les combats nous touchent car nous abordons tous les sujets, avec une prédilection pour les animaux, premières victimes de la cupidité humaine. De nombreuses races disparaissent par pur intérêt financier (notamment avec le trafic d’animaux sauvages), les autres souffrent le martyre dans les stabulations pour que les consommateurs puissent engouffrer deux fois par jour une mauvaise viande qui les rend malades et obèses, quand d’autres animaux, chiens et chats, deviennent des poupées pour satisfaire notre égo. Nous défendons un animal qui vit une vie d’animal tout simplement. Nous aimons aussi les sujets qui aident nos lecteurs dans leur quotidien, l’alimentation, les éco-gestes etc et nous privilégions les People pour donner une image glamour à l’engagement et inciter les lecteurs à changer progressivement.
Avez vous suivi ce qui se passe en Tunisie, le combat des femmes, la nouvelle Constitution, tous ces indignés du Monde, pensez vous que le changement viendra des populations civiles?
Oui, en féministe que je suis, je m’intéresse beaucoup à ce qui se passe dans les pays où les femmes sont maltraitées, voilées, excisées, mariées de force etc . La Tunisie était justement un pays qui respectait plus les femmes même si c’était une dictature. Le combat dans la rue est admirable car dangereux et les femmes y ont joué un beau rôle (pas toujours reconnu d’ailleurs), j’espère vraiment que la population obtiendra sur le long terme ce pour quoi elle s’est tant battue. C’est bien parti mais il faut rester vigilant.
Bio de Yolaine de la Bigne :
Journaliste de presse écrite et de radio, auteur de plusieurs livres, Yolaine est une amoureuse de la nature. C’est grâce à ses diverses collaborations avec Nicolas Hulot (émission Ushuaïa) et Allain Bougrain Dubourg et à son installation à la campagne, qu’elle a pris conscience de l’urgence dâ’agir. Yolaine a replanté des kilomètres de haies bocagères avec son mari l’architecte-paysagiste Régis Guignard (ce qui lui a valu en 2002 le prix Terre de Femme de la Fondation Yves Rocher), a tenu la page « Ecolo-J » dans le magazine Jonas (2001), a écrit des chroniques radio « les bonnes nouvelles de l’environnement » pour Nature et Découvertes diffusées sur une centaine de radio-locales (2006), a créé en 2006 la Fêt Nat, la fête de la nature et de l’écologie sur Paris (un évènement qui lui vaut d’être la première Femme en Or Environnement 2007). Forte de ces initiatives, Yolaine se donne pour autre défi de créer le premier gratuit sur l’environnement, Néoplanète , un magazine grand public sur la green attitude diffusé dans toute la France, qui propose une vision pédagogique, glamour positive et variée sur les différentes facettes du développement durable. En septembre 2009, elle crée la première web radio sur le developpement durable et l’écologie au contenu riche et innovant au travers d’entretiens, de chroniques, de débats, de revues de presse. En 2012, après Paris, la province (avec Lyon, Rennes et Marseille). Yolaine «délocalise la web radio » pour aller à la rencontre des acteurs locaux qui s’engagent dans le développement durable et leur donner la parole. En octobre 2013, elle fait de sa web radio, la première web radio 24H/24 avec une programmation musicale, des flash-infos, des interviews de Vip, des chroniques d’experts. D’ici la fin janvier 2014, Toulouse viendra compléter « le développement » en local. En prévisions également, Bordeaux.