FONDATION FRANÇOIS SCHNEIDER,
Par Diane Cazelles
Suite au concours Talents Contemporains organisé par la Fondation François Schneider, l’exposition des œuvres des lauréats primées en 2012 se tient du 4 octobre au 28 décembre 2014 au centre d’art de Wattwiller.
Sous le commissariat de Viktoria Von der Brüggen et la muséographie de Jean-Claude Goep, huit jeunes artistes s’expriment avec différents médiums sur le thème de l’eau. Aujourd’hui, ce nouveau et magnifique espace met en scène les travaux de Nour Awada, Hicham Berrada, Jessie Brennan, Claire Chesnier, Valère Costes, Rahshia Linendoll- Sawyer et Mehdi Meddaci.

Catégorie DESSIN avec Jessie Brennan (1982)
The Cut, 2011, crayon sur papier, 29,7 x 504 cm : The Cut fait référence à l’histoire du canal de la rivière Léa dans l’Est de Londres, appelé Hackney Cut. Dans son dessin méticuleusement détaillé, Jessie Brennan interprète les informations recueillies sur le lieu. Nourrie par des témoignages de personnes vivant ou travaillant le long du canal, son œuvre s’inspire également des bouleversements urbanistiques de ce quartier, liés à la préparation des jeux olympiques de 2012.Autre œuvre ; Medway, 2013, graphite sur papier (triptyque), 145 x 360 cm.

Catégorie PEINTURE avec Claire Chesnier(1986)
Diptyque CCIX – CCVIII, 2012, encre sur papier, 134 x 120 cm et 137 x 117 cm : Claire Chesnier a élaboré un processus de création selon un procédé pictural précis. Fragment d’une étendue débordant virtuellement le cadre, cette œuvre composée de deux encres sur papier, rend compte de deux visions. La première détermine une forme circonscrite dont les contours incisifs taillent dans l’étendue d’une couleur nuancée et diaphane. Dans un second temps et à l’intérieur de ce cadre, se révèle une profondeur de surface ancrée dans la couleur et le traitement des pigments. Autres œuvres ; CCXXXII, 2013, encre sur papier, 144 x 132 cm et CCLIX, 2013, encre sur papier, 149 x 131,5 cm.

Catégorie SCULPTURE avec Valère Costes (1974)
Dark Rain, 2012, aluminium, moteurs, bacs en silicone, eau, 118 x 36 x 86 cm : ValèreCostes renverse le processus et créer un dispositif artificiel pour recréer les effets de la nature. Ses installations seraient des simulacres de simulations, comme Dark Rain, qui produit l’effet d’une mousson miniaturisée avec son et lumière, produite par 144 tiges verticales dans un bac sombre. Cependant, nulle pluie ne tombe du ciel, l’artiste inversant ici la spatialité habituelle. Du parallélisme rigoureux de leurs trajectoires (sorte de figuration graphique de la pluie) résulte pourtant l’apparition aléatoire des gouttes. Cette pluie est déclenchée à l’approche du spectateur curieux venu chercher son reflet dans l’eau sombre.Autres œuvres ; Karstic story, 2007, plâtre, eau, sable, entonnoirs, moteurs, tubes, dimensions variable2007 et The Build, 2012, vidéo, 23 mini-vidéo.

Catégorie INSTALLATION avec Hicham Berrada (1986)
Arche de Miller-Urey, 2012, aquarium, acier, eau, nucléotides, 120 x 70 x 20 cm : Hicham Berrada explore dans ses œuvres des protocoles scientifiques qui imitent au plus près différents processus naturels et conditions climatiques. Ces paysages éphémères que l’artiste considère comme de véritables créations picturales donnent à réfléchir sur les notions de création. Cette œuvre reproduit les conditions élémentaires nécessaires à l’apparition de la vie et invite le spectateur à découvrir un monde en attente d’existence.Autre œuvre ; Tranche, présage, 2013, 3 paysages chimiques en évolution ralentie dans cuve en verre, éléments chimiques, chacun mesurant 28 x 37 x 5 cm.

Catégorie PHOTOGRAPHIE avec Rahshia Linendoll-Sawyer(1976)
We are not made of wood, 2012, ensemble de 3 épreuves, série de trois photographies numériques sur dibond, 60 x 40 cm et 40 x 60 cm : La photographe américaine Rahshia Linendoll-Sawyer propose à travers le motif d’une figure flottant dans des environnements liquides, une réflexion sur l’acte de mourir. Le spectateur y est confronté à un corps sans visage dans un lieu abstrait. L’eau et les mouvements souples de ce corps enveloppé dans un drap blanc symbolisent cet état en suspens, entre la vie et la mort. Les séries photographiques de l’artistequestionne la condition humaine et son ambiguïté. Autre œuvre ; Untitled Place, 2011, série de trois photographies, 50 x 76 cm.

Catégorie VIDEO avec Nour Awad (1985)
Les Ruisselantes, 2012, vidéo HD, 16’47 min : Cette vidéo met en scène un corps féminin convulsant dans un champ sous un rideau de pluie glacée. Ce n’est qu’en s’approchant de l’écran que le spectateur s’aperçoit de la souffrance du corps exposée à cette épreuve physique. Il devient témoin, voyeur et otage d’un tableau vivant d’une étrange brutalité. S’articulant autour du rêve, du sacré et de sa profanation, les sculptures et vidéos de Nour Awad offrent un répertoire de formes et d’images sensuelles et étranges, détournant des mythes, des fragments de lieu de culte ou de mémoire dans lesquelles répulsion et toucher, l’inversion des genres féminin-masculin et la mise à l’épreuve du corps deviennent des enjeux. Autres œuvres ; Glory Hole II, 2012, plâtre polyester, peinture acrylique, bois, 90 x 90 cm ; La Suspendue, 2012, faïence, acier, 80 x 45 x 45 cm.

TALENT D’EAU avec Mehdi Meddaci (1980)
Murs, 2011, installation vidéo, 44 min, dimensions variables : Cette installation-paysage vidéo-sonore conçus en cinq écrans,séquence à la façon d’un documentaire, le voyage en exil.Ancrées dans un décor et un contexte sociopolitique fort, les personnages décrivent une errance profonde. Murs est un long mouvement séquencé en plan fixe, de Paris au Port de Marseille, à Alger par bateau… Pose poétique ou instant hors temps, des images abstraites coupent et se juxtaposent au fil de l’histoire. En fragilisant ainsi le réel, la vision de l’artiste décrit d’une façon très émouvante la trajectoire inversée d’un exil sur l’image d’Alger. A l’avant des écrans, les luminaires au sol éclaire une séquence de dialogue inspirée par Mahmoud Darwich.Autre œuvre ; Sans titre, 2013, tirage Lambda Duratrans, dimensions variables.
La Fondation François Schneider et Le Concours « TALENTS CONTEMPORAINS »
Créée en décembre 2000, la Fondation François Schneider soutient par les vœux de son fondateur, la création contemporaine à travers le concours international « Talents contemporains » et un programme d’expositions pluridisciplinaires dédié au thème de l’eau et présentées dans son centre d’art à Wattwiller.
Proposé chaque année, le concours « Talents contemporains » invite les artistes à porter un regard singulier et sensible sur le thème de l’eau. Après un premier passage devant 4 comités d’experts, 40 finalistes sont présentés au Grand Jury International comprenant des personnalités reconnues du monde des arts, et sous la présidence de Jean-Noël Jeanneney. 6 lauréats (Talents contemporains et Talent d’Eau) sont primés et leurs œuvres seront acquises par la Fondation. Les artistes bénéficient ainsi d’une visibilité nationale et internationale. Chaque année, la dotation globale des Talents contemporains s’élève à 300 000 €.
« À toutes les époques, sans l’intervention du mécénat, rares seraient les artistes qui auraient réussi à traverser les siècles ». À la mesure de ses moyens, François Schneider s’inscrit dans cette tradition en venant en aide aux artistes contemporains qui ont besoin d’être soutenus aujourd’hui pour, peut-être, être reconnus demain. La situation et l’architecture du centre d’art permet d’exposer les œuvres à l’intérieur, de manière temporaire ou permanente, et à l’extérieur, dans un jardin de sculptures. L’eau, sujet commun à toutes les œuvres exposées, est le fil d’Ariane qui unit les différentes visions artistiques et guide le visiteur. Cette programmation constitue également un lien évident avec le village de Wattwiller (WasserWiller, le village de l’eau).
Chaque année, la Fondation François Schneider organise dans son centre d’art contemporain trois grandes expositions sur le thème de l’eau. La première est consacrée aux lauréats des « Talents Contemporains ». Les deux autres sont dédiées soit à un artiste, soit à un thème en relation avec l’eau et ayant inspiré des multiples artistes, comme celle consacrée cette année au mythe de Narcisse.L’une des principalesmissionsde la Fondation est de développer les activités pédagogiques à travers un programme d’initiation à l’art contemporain ; par l’accueil de classes et de groupes sous différentes formes, de visites accompagnées, de présentations d’une œuvre ou d’un artiste ou encore la création et l’utilisation d’outils pédagogiques toujours sur le thème de l’eau.
INFORMATIONS
Fondation François Schneider, 27 rue de la Première Armée, Wattwiller.
Tel : + 33 (0)3 89 82 10 10 info@fondationfrancoisschneider.org
www.fondationfrancoisschneider.org