Passionnée dès l’enfance par les étoiles, Martine Pinard, actuelle Présidente de l’Association » Détours du Monde » ( elle avait 10 ans lors du premier pas sur la Lune), se prit de passion pour les mathématiques comme on s’enivre de poésie et poursuivit ses études jusqu’à un Doctorat en mécanique céleste à Paris VI.
Mais un travail probablement trop solitaire au Bureau des Longitudes à Paris, l’a fait fait basculer vers l’enseignement et la recherche de contacts et d’échanges avec des étudiants.
Elle avait alors, la possibilité d’un poste de maître de conférence en mathématiques à l’Université d’Abidjan ; mais Martine se marie à la même époque et son mari ne pouvant pas partir de France,elle ne connaîtra pas l’Afrique dont elle commençait à rêver.
Ce fut donc plusieurs années d’enseignement des mathématiques à Paris, pour des étudiants, années intéressantes pour préparer des jeunes à des concours, mais lassitude au bout d’une bonne dizaine d’année.
Elle réduit le nombre de ses cours et reprit parallèlement le chemin de la Fac en passant successivement Licence, Maîtrise et DEA de Philosophie à Paris IV.
A partir de ce moment les murs de son bureau devenus trop petits, elle donne sa démission en 2005 afin d’ouvrir un espace Ethno-Objets-Cultures du Mondes et tenter le concours d’entrée à l’Ecole du Louvre afin d’apprendre les arts « premiers ».
Elle n’ouvrira jamais un espace-galerie(un stage de 3 mois dans une librairie la convainquit que cela serait une grosse erreur) mais elle fit tout un cursus Ecole du Louvre avec pour spécialités Arts d’Afrique et Arts d’Océanie.
C’est au début de cet apprentissage qu’elle créera le Blog dans l’idée d’apprendre et de transmettre.La création de l’association est née, après la fin de ces études, de l’insatisfaction de ne pas rencontrer les lecteurs du Blog et du constat qu’aucune structure existait alors, réalisant à la fois une bonne vulgarisation autour des arts classiques africains et océaniens et à la fois réunissant les passionnés des cultures du monde. Les objets constituant de merveilleux ambassadeurs pour aborder des sociétés différentes « ils permettent de comprendre l’Autre dans le sens le plus large » explique telle.
Martine Pinard préside l’association depuis 2009 , réalise quelques une des conférences, se charge de l’organisation du programme (conférences et visites), des blogs, de la maquette de la revue …
UFFP a rencontré Martine Pinard Présidente de » Détours des Mondes » lors d’un voyage de presse et vous la fait découvrir:
Détours des Mondes, un beau projet aujourd’hui une réalité ?
À l’origine fin 2005, Détours des Mondes est un blog, lieu de rencontres et d’échanges « virtuels » qui s’est matérialisé afin de devenir un espace de culture et de convivialité autour des arts « premiers », une association qui grandit chaque année !
La ligne directrice des conférences qu’elle propose , c’est de faire intervenir des personnalités d’horizons et de formations les plus divers et/ou de traiter de thèmes qui ne se retrouvent pas dans un cursus classique d’enseignement des arts extra-occidentaux car ils mêlent soit l’interdisciplinarité, soit l’innovation… soit simplement parce qu’ils seront des éveilleurs de curiosité…
Une mathématicienne, une scientifique qui fait ensuite un virage dans les Beaux Arts et les Arts primitifs ? Quels liens ?
Pas une scientifique ! Une matheuse plus séduite par l’abstraction que par le concret et qui voyait dans l’écriture mathématique une forme de poésie.
Devant une belle démonstration, on peut ressentir un plaisir esthétique !
Les « Beaux Arts » je les ai rencontrés en passant par l’étape « Philo ». 4 ans à la Sorbonne par la suite en enseignant toujours les mathématiques.
On découvre une autre forme de questionnement, cette fois-ci sur le monde et l’existence ; et plus encore, que ce qui ne peut être dit avec les mots, l’art le dévoile !
La passion pour les arts « primitifs » est née de ce questionnement du monde, de la curiosité que l’apprentissage de la philosophie suscite.
Beaucoup plus tard, l’Ecole du Louvre m’a permis d’acquérir des bases d’histoire de l’art.
L’Art et la culture de formidables « ambassadeurs » des différences vous dites ?
Vous voulez dire pour l’acceptation des différences ? Oui bien sûr.
Et plus spécifiquement pour les œuvres d’art classique africain ou océanien. Plus que les autres encore, car en toile de fond de cette question elles soulèvent de manière très actuelle le problème de leur restitution à leur pays d’origine. On sait que les solutions sont difficiles et diverses. Mais je crois sincèrement que ces œuvres, en étant exposées dans des musées du monde entier, constituent de remarquables messagères pour aborder des sociétés différentes des nôtres et permettre de comprendre l’Autre dans le sens le plus large.
Le Blog, puis l’Association, aujourd’hui des conférences et des rencontres, qu’est ce qui motive une amoureuse de l’Afrique qui n’est jamais allée en Afrique ?
Si ! Je suis allée en Afrique de nombreuses fois. Mais surtout dans le Sahara. Pendant une dizaine d’années, j’ai arpenté le désert « par petits bouts » !
L’Afrique Noire, malheureusement je connais très peu. La déception de n’avoir pu accepter un poste à l’université Abidjan dans les années 80, pour des raisons personnelles, m’a peut être rendue plus nostalgique par rapport à ce continent.
Mais je ne suis pas seulement amoureuse de l’Afrique mais quelqu’un qui s’émerveille devant la diversité des cultures. Curieuse, je suis avide de connaître, de comprendre si je peux…
Aujourd’hui, les identités, les séquelles du colonialisme, continuent parfois de peser dans les consciences populaires, dans le cadre de votre travail, vos initiatives qui tissent des ponts, quelles sont vos frustrations et vos défis ?
Si je considère le devoir de mémoire primordial, je souffre de ce que beaucoup s’autocensurent notamment sur tout ce qui touche à l’Afrique car nous avons été des esclavagistes, des colonialistes. Je déplore que cela nous bloque et nous empêche d’avancer dans nos relations avec les Africains. Naturellement je me suis posée la question de ma légitimité à parler des arts de ces cultures qui n’étaient pas les miennes. Très vite j’ai trouvé des réponses à travers les remerciements de lecteurs auxquels je parlais de leurs traditions qu’ils ignoraient. Lorsqu’on est une jeune nation, on ne veut plus entendre parler de « vieilleries » ; plus tard on s’aperçoit que cela est précieux, c’est son Patrimoine.
Quand on a demandé à Winston Churchill de couper dans le budget des arts pour l’effort de guerre, il a répondu : « Alors pourquoi nous battons-nous ? » Voilà un beau défi !
Les Arts primitifs qu’ils soient d’Afrique ou d’Océanie, quels sont les objets qui vous touchent le plus ?
Ce qui m’émeut dans un objet n’est pas tant le travail accompli dans la matière que le fait qu’on ait su faire, que quelqu’un précisément ait su déployer intelligence, énergie, création pour sculpter une telle œuvre.
L’objet alors même modeste devient l’ambassadeur de notre humanité, témoin des mêmes questions des hommes, des sempiternelles interpellations de nos angoisses métaphysiques : Qui suis-je ? D’où viens-je ? où vais-je ? aux interrogations du lendemain : la récolte sera-t-elle bonne ? Mon enfant grandira-t-il ? Serai-je en bonne santé ? … Simples prières quotidiennes pour des jours meilleurs … et déjà une question fondamentale : Que puis-je espérer ?
J’aime l’objet dont on ne sait dire de quel continent il provient, ni de quelle époque. Il devient alors intemporel, universel mais à jamais la marque de l’homme, de son inventivité, de sa créativité.
Parlez nous de votre calendrier et de votre actualité ?
C’est la fin de l’année !Nous suivons le calendrier universitaire.
Pour démarrer la rentrée, nous avons invité François Neyt, Membre de l’Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer en Belgique, qui a publié plusieurs ouvrages et articles sur les arts de l’Afrique noire, pour une conférence exceptionnelle le 10 septembre, c’est-à-dire lors du prochain Parcours des Mondes à Saint-Germain-des-Prés (Salon international des arts premiers). Nous organisons un déjeuner pour que nos membres se retrouvent à cette occasion.
Il y a aussi un court voyage pour Berlin prévu fin septembre. 3 jours pour découvrir le fabuleux musée d’ethnographie de Dalhem !
Les premières conférences démarrent le 6 octobre.
Comment participer à vos événements ?
La conférence de François Neyt est ouverte à tous, vous êtes les bienvenus ! Il nous parlera des arts de la Côte-d’Ivoire ! (RDV le 10 septembre à 10h30 – 4 rue de l’Oratoire – Paris 1er)
Pour les autres conférences on peut être membre ou non-membre mais une participation est demandée.
Mon blog http://detoursdesmondes.typepad.com/ et blog plus spécialisé sur le marché des arts premiers, que je développe, sont accessible à tous http://detoursdesmondes.typepad.com/tribalconnoisseurs/
Pour les voyages, les visites, notre revue mensuelle … et les autres activités ou invitations, ils sont réservés à nos membres. L’adhésion est 40 euros l’année et 25 euros pour les étudiants ou les personnes résidant à l’étranger.
Vous trouverez toutes les informations sur le Blog : http://detoursdesmondes.typepad.com/
Ou en nous écrivant detoursdesmondes@gmail.com