À Uaxactún, les villageois gagnent leur vie en exploitant de manière durable le xate* dans la réserve. Traditionnellement, les femmes n’étaient que peu impliquées dans cette activité car les palmes étaient récoltées par les hommes et ensuite directement vendues à des intermédiaires. Après avoir été formées aux pratiques de gestion durables, à des méthodes de transformation à valeur ajoutée et aux affaires en général, les femmes participent maintenant à la gestion des petites et moyennes entreprises et elles sélectionnent et emballent le xate pour l’exportation.
« Grâce à cet accès à la formation, les femmes ont acquis des connaissances et des compétences techniques, et deviennent des dirigeantes, » rapporte José Román Carrera, responsable régional pour les forêts auprès de Rainforest Alliance. « Les PME les plus prospères sont celles où des femmes sont associées à leur administration. »
Avec leurs revenus, les femmes ont aussi soutenu la construction d’écoles, de centres médicaux et le paiement des salaires des professeurs.
« Nous les femmes, nous avons maintenant le sentiment d’être importantes pour la communauté parce que nous apportons une contribution financière dans nos ménages, » explique Reyna Valenzuela. « Mon fils peut aller à l’école parce que j’ai les moyens de payer les frais de scolarité avec l’argent que je gagne grâce à mon travail de sélectionneuse de xate. »
En ne coupant que les meilleures palmes et en laissant plus de feuillage sur les arbres, les exploitants de xate vendent les palmes deux fois plus chères tout en permettant aux palmiers de se régénérer plus rapidement. Rainforest Alliance a également aidé la communauté à éviter les intermédiaires en mettant les PME directement en contact avec les acheteurs en Europe et aux Etats-Unis. Cinq communautés de la réserve exportent ainsi des produits de qualité supérieure directement aux acheteurs internationaux et gagnent chaque semaine 10.000 USD. À ce jour, 180.000 hectares de la réserve ont été certifiés FSC et José Román Carrera espère que cette superficie atteindra au moins les 400.000 hectares d’ici à la fin de l’année 2012.
*un feuillage de palmier utilisé à des fins décorative
Gestionnaires forestières
Dans la région montagneuse d’Ata Verapaz au Guatemala, Rainforest Alliance travaille en partenariat avec ASILCOM – l’association forestière communautaire de Verapaces – pour former les femmes à prendre les rênes de leur communauté et leur donner les compétences pour assurer la reforestation et mener des activités de gestion forestière dans leurs villages. Des formations hebdomadaires expliquent aux femmes comment identifier les forêts locales et les plantations d’arbres et en dresser des cartes. Elles y apprennent également les cycles de vie des arbres et sont sensibilisées au rôle que ceux-ci jouent dans la conservation des sols, de l’eau et du carbone et comme habitat pour la faune.
En devenant gestionnaires forestières, les femmes aident les PME et leurs communautés à mettre en œuvre des pratiques de gestion durable, à créer de la valeur ajoutée aux produits de la forêt, à améliorer leurs compétences commerciales et administratives, et à accéder aux services financiers et aux marchés. « Nous espérons que dans quelques années, certaines de ces femmes feront partie du conseil de direction d’ASILCOM, et veilleront à la bonne gestion des ressources naturelles et à la redistribution des bénéfices des activités forestières au profit des familles », explique Ale Colom, ancien directeur de projet adjoint pour le programme ‘Entreprises forestières au Guatemala’.
Forêt et valeur ajoutée
Carrera en est convaincu : le succès de leur travail est largement dû aux politiques claires menées par le gouvernement guatémaltèque et à l’engagement des femmes. « Il faut impliquer les femmes, » dit-il, « parce qu’elles sont naturellement douées pour la gestion, et la sélection et l’emballage de produits à valeur ajoutée. Elles font un meilleur usage des ressources parce qu’elles comprennent l’importance de la sécurité alimentaire, et elles promeuvent ainsi les plantations mixtes pour réaliser une reforestation couplée avec des cultures alimentaires. Les femmes devraient également faire partie des conseils de direction de chaque coopérative pour amener sagesse et démocratie dans les processus décisionnels. » Vu le succès rencontré au Guatemala, des projets similaires ont déjà été lancés en Bolivie, au Honduras, au Pérou, au Panama et au Nicaragua, même si Carrera aimerait voir le modèle être développé plus avant et utilisé dans d’autres pays pour aider d’autres communautés à gagner de l’argent et protéger leurs forêts.
Bien que la certification et l’identification des acheteurs internationaux aient permis une augmentation des profits pour de nombreuses communautés forestières du Guatemala, cette réponse ne s’avère toutefois pas suffisante pour aider les membres de ces communautés à protéger efficacement leurs forêts contre les exploitations illégales. « Nous devons créer encore plus de valeur ajoutée dans les écosystèmes forestiers en procédant à la certification de services environnementaux, » déclare Carrera. « Nous devons faire reconnaître plus largement le rôle que les écosystèmes forestiers jouent dans l’atténuation du changement climatique en évitant la déforestation. »
Dans cette perspective, Rainforest Alliance a travaillé pendant cinq ans sur un projet REDD et espère pouvoir commencer à vendre des crédits carbone en 2012. « Payer pour des services environnementaux pourrait sauver la forêt tropicale », ajoute Carrera. « Nous devons définir un prix pour ces services de sorte que la préservation de la forêt en vaille la peine. »
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