Bisrat Negassi est née en Erythrée, un pays qu’elle a fui car pris dans la tourmente de la guerre. Elle a grandi en Allemagne et a suivi ses études à la Fashion Academy JAK à hambourg. Après avoir pensé à une carrière médicale, puis architecturale, le hasard de la vie, a fait que Bisrat Negassi, s’est tout naturellement orientée vers une passion qui allait être sa vocation : la création de mode. C’est la rencontre avec un grand de la mode africaine « Xuly Bet » qui s’est bien intégrée dans les mœurs parisiennes, qui allait décider de son destin. Aujourd’hui, Bisrat a lancé sa marque, Negassi.
Negassi est une mode transculturelle, un langage universel qui représente un design à la fois moderne et classique d’influences africaines et japonaises, avec une approche conceptuelle allemande. La collection 2013/ 2014 negassi promet un retour en beauté de la designer qui s’est absentée quelque temps. La créatrice comme de coutume, privilégie la noblesse des tissus et le confort des matières. Ceci dans des tons de beiges sépia, des noirs de jais et reflets, des marrons et des gris qui se croisent. Des couleurs qui sous-entendent l’allure décidée de la femme qui s’assume.
photos : Bjorn
model : Debra Shaw
La nouvelle collection traduit pleinement une affirmation de soi, sans jamais se départir de la touche de coquetterie, du charme et de l’audace qui caractérise la griffe.
Voici trois images, de la nouvelle collection, en attendant de pouvoir vous en dire davantage, chers UFFPiens.
Entretien avec Bisrat Negassi :
Qui est Bisrat Negassi ? Je suis d’Erythrée, j’ai quitté mon pays très jeune à l’âge de cinq ans moi et ma famille. Nous étions sur la liste des personnes que l’on recherchait. Le pays était en guerre et on courrait alors un grave danger. Une nuit, mon père nous a dit de prendre ce que l’on pouvait pour quitter le pays et aller voir ma grand mère. C’était en fait, un subterfuge, nous ne sommes jamais allés voir ma grand mère, il fallait pas que notre départ se sache. Pendant deux ans, nous fumes séparés et sans nouvelles de mon père. Nous sommes allées au Soudan avec ma mère. Notre père qui avait quitté le pays par bateau, s’est rendu en Italie puis en Allemagne. Une fois que les choses furent stables pour nous, notre père nous a appelé pour le rejoindre. Je me rappelle de mon enfance et de mon adolescence en Allemagne, et à l’école, ce fut une période très dure pour moi. Je ne parlais pas la langue, ne supportais pas le climat ni les mentalités. Et Moi je me posais toujours la question de savoir « où était ma grand mère » ? Quand nous sommes à arrivés à Hanovre, la droite politique était très présente. Les mouvements des skin heads étaient très présents et avoir la peau noire à l’époque, n’était pas facile. Je détestais à l’époque être noire.
Quand avez vous su que vous étiez faite pour la mode ? Ce fut un cheminement assez long. Je ne savais pas encore qu’elle était moi voie. Je me disais que j’étais une privilégiée d’être en Allemagne, que je vivais en sécurité et que c’était une grande chance pour moi qu’il ne fallait pas gâcher. J’ai d’abord pensé que je voulais faire de la médecine mais à mon premier stage en milieu hospitalier j’ai été révulsé par la vue du sang et l’odeur. Ensuite, j’ai pensé à l’architecture mais tout le monde disait que je n’étais pas faite pour cela, que j’étais trop créative et on me voyait plus dans la mode. Le déclic est venu un jour, en rencontrant le créateur africain Xuly Bet dans un salon
Parlez nous de la collection vertigo in heaven c’est une rencontre de parallèles, de lumières et de purismes, de tendances, d’envies et d’inconnus. Elle est constituée de plusieurs composantes vestimentaires, cela peut être une étincelle de foulards, une robe, des tailleurs, des tuniques comme les pièces intitulées : Butterfly, Tulipe, Jackie, Asmara. Je voulais essentiellement créer quelque chose que je porterai moi-même. C’est la raison pour laquelle dans cette ligne, il y avait cette sensation « du vertige de porter » je voulais toute une série de vestes, jupes, pantalons à foison sur les portants, dans les vitrines, au dessus des armoires et bien évidemment sur soi.
Qui est la femme Negassi ? C’est une femme sophistiquée et raffinée, la ligne Negassi dévoile une femme sûre d’elle et qui apprécie les belles matières. Une femme à l’écoute de ses envies et de ses caprices. Je crée du prêt-à-porter de luxe. J’ai une ligne womans wear dédiée à toutes les femmes. Elle est féminine, active faite pour des femmes qui aiment le changement. J’ai également des modèles tendances flirtant avec les classiques, des basiques aux allures de l’air du temps.
Parlez nous de vos incontournables s’agissant des hauts et des jupes, on retrouve là les incontournables dont aucune femme ne peut se passer à chaque saison. Blouses, chemises et jupes sont une tradition de nos années 40 et 50 qui font la préférence de générations jeunes et contemporaines. Les couleurs et les textiles à découvrir sans modération.
Des accessoires ? Oui j’ai une ligne de maroquinerie qui fait essentiellement des sacs. C’est un peu la touche finale que j’apporte au total look en totale indépendance. Mes sacs se déclinent dans toutes les couleurs, peausseries et matériaux uniques. Ils ont un esprit et une identité propre, ils reflètent mon tempérament à la rêveur, et définitivement curieux.
Parlez nous de fashion meets music Je voulais créer la rencontre entre ces deux univers qui peuvent être complémentaires, après un défile j’aime donner la voix aux artistes. C’est ainsi que beaucoup d’entre eux se sont produits, comme Ayo, Patrice, Badié, toutes des voix africaines.