En France, on estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie (Source : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé). En entreprise, 3,2 millions d’actifs français présenteraient un risque élevé de burn-out, selon une étude du cabinet Technologia. Prendre des mesures pour lutter contre le mal-être permettrait non seulement d’améliorer les rapports entre collègue mais aussi de faire des économies : le coût du mal-être au travail atteint 12 600€ par salarié et par an en France (1).
Alors, comment redresser le moral des salariés ? Quels sont les outils mis à disposition des managers pour améliorer significativement la qualité de vie au travail ? Voilà tout l’enjeu de HappyTech qui compte à son bord des start-ups qui proposent des solutions innovantes aux salariés afin d’améliorer leur bien-être au travail et de les fédérer autour d’une solide culture d’entreprise. Car un employé heureux est moins absent et donc plus fidèle et plus productif.
Angelika Mlezczko : Porte-parole de la HappyTech, fondatrice de L’Étincelle CHO – Chief Happiness Officer
A l’origine, experte dans le tourisme international, cette globe-trotteuse impliquée dans le monde associatif et humanitaire a accom- pagné pendant 20 ans les entreprises Grands Comptes sur des projets de cohésion d’équipes, d’intégration de nouvelles recrues, decommunication interne et transmission de valeurs, au travers de séminaires, voyages incentive et team-buildings récurrents. Adepte d’un management collaboratif et bienveillant, son tempérament l’amène naturellement à déployer son éner-gie à la recherche de nouvelles méthodes de travail par l’expérimentation pour remettre l’humain au cœur de l’entreprise, et ce, en étant ambassadrice du métier de Chief Happiness Officer. « L’usage des nouvelles technologies est inhérent à notre société et c’est une opportunité ! Elles ne doivent pas nous déshumaniser, mais bien au contraire servir une ambition collective et défendre le vivre ensemble ».
Entretien avec UFFP
- Parlez-nous des chiffres en France et dans le monde s’agissant de la dépression au Travail?
3,2 millions d’actifs français présenteraient un risque élevé de burn-out, selon une étude du cabinet Technologia agréée par le Ministère du Travail. Le coût du mal-être au travail atteint les 12 600 euros par salarié et par an en France dans le secteur privé selon une étude 2016 de l’indice IBET de Mozart Consulting et Groupe Apicil.
- Quelles sont les conséquences?
En France, seulement 5 % des français se disent pleinement satisfaits et impliqués dans leur entreprise. Selon une étude Ipsos publié en février 2016. Un chiffre alarmant surtout lorsqu’on sait que des employés heureux sont jusqu‘à 30% plus productifs.
- Quels sont les signes avant-coureurs?
Absentéisme, démotivation, turn-over, arrêts maladies importants au sein de l’entreprise, difficulté de recruter et fidéliser les talents.
La qualité de vie au travail, un concept creux? Retisser des liens forts avec les collaborateurs et collaboratrices pourrait en effet diviser par deux l’absentéisme, baisser le taux de turnover et augmenter la productivité des salarié·es. D’après une estimation réalisée par Comeet, unedes startups de la HappyTech (article Linkedin, “Connaissez-vous sa majesté le ROI du Bonheur au travail ?”), une démarche outillée et structurée de bien-être au travail permettrait à une entreprise de 500 salarié·es d’économiser près d’un million d’euros. Prendre soin de ces dernier·res n’est pas seulement bienveillant, c’est également un indicateur de bonne gouvernance financière.
- qu’est ce qui stresse au travail? et quels sont les progressions dans les états de souffrance?
La question est vaste : le temps de trajet domicile / bureau, la mauvaise ambiance au travail entre collaborateurs, l’aménagement des bureaux pas adapté, le télétravail si pas encadré, un manager autoritaire et dans le contrôle, un salarié non accueilli à son arrivée dans l’entreprise, la surcharge de travail, le déjeuner devant son PC, le déséquilibre entre vie pro et vie perso, le manque de sens au travail, etc.
La progression bienveillante en entreprise serait d’être à l’écoute de tous les acteurs de l’entreprise sur leurs besoins … et d’en tenir compte, avant de mettre en place des actions bien-être et une politique QVT. Un accompagnement du top management en coaching serait également recommandé pour mieux appréhender les changements.
- Faut-il repenser tout le management?
Il est certain que la transformation en entreprise avec l’arrivée du digital oblige le management à revoir sa copie, et de nombreuses initiatives sont mises en place avec des Comités de Direction de membres de moins de 30 ans, ou encore un management sur le modèle d’une entreprise libérée ou l’Holacracie, sans hiérarchie.
- Management responsable ou chief happiness officer ou happy Tech c’est pas surfer sur la tendance sans réellement amener de changements?
Aujourd’hui, 65% de métiers de demain n’hésitent pas encore pour les élèves au collège. Au vue des nombreux enjeux en entreprise, dont le recrutement des talents, le métier de CHO permet de créer du lien entre collaborateurs, d’être disponible et à l’écoute de tous, d’améliorer les conditions de travail (environnement, formations, outils digitaux, événements festifs, aménagement des bureaux).
C’est un facilitateur en entreprise, un atout managérial, étant une fonction transverse, qui a pour mission de prévenir du burn-out, nous sommes loin de l’effet Gagdet !
- Que proposez-vous ?
Quatre familles d’outils pour une meilleure qualité de vie au travail
HappyTech France a catégorisé 4 grandes familles de services et outils innovants dédiés au bien-être au travail :
- La mesure du bien-être : Grâce au Big Data, on récolte des données permettant de mesurer le climat émotionnel général d’une équipe au sein d’une entreprise, de manière anonyme et grâce aux salariés. Ces informations sont utilisées ensuite pour améliorer leur bien-être.
- La mise en relation entre collègues et l’organisation d’activités : des applications permettant de mettre en relation les collaborateurs, de créer des liens sociaux entre collaborateurs.trices.
- L’optimisation du temps et la gestion de son bien-être : des solutions permettent aux employés de mieux appréhender les facteurs de bien-être et d’organiser leur temps en simplifiant l’accès aux services du quotidien grâce au digital et à la mobilité (cordonnerie, co-voiturage, livraisons, pressing, retouche…)
- Les conseils santé pour améliorer sa condition physique : les mauvaises habitudes prises au travail ont souvent des conséquences néfastes à long-terme sur l’efficacité des salarié.es. Pour y remédier, des logiciels intelligents donnent des conseils en temps réel et proposent une panoplie de solutions adaptées à chaque utilisateur et utilisatrice.
« Les catégories ne sont évidemment pas effectives et évolueront en fonction des innovations des start-ups. Elles nous permettent de recenser les start-ups afin de proposer rapidement et facilement des solutions sur-mesure aux entreprises demandeuses » précise Samuel Metias, porte-parole de HappyTech France et fondateur de Comeet.
HappyTech France : le label de référence ?
Oui car si HappyTech France a défini sa feuille de route pour les entreprises, le collectif souhaite devenir un label de référence du bien-être au travail. Un bureau composé d’expert.es. le délivrera aux outils réellement innovants et performants en matière de bien-être.
« Le label HappyTech France sera un véritable agrément qui pourra être utilisé par les partenaires pour véhiculer une image d’entreprise où il fait bon travailler » indique Stéphane Bourbier, porte-parole de HappyTech France et Cofondateur de OurCompany.
La France a toujours eu un temps d’avance en matière de réformes sociales. HappyTech France a pour ambition de faire de la France, le leader mondial du bien-être en entreprise et ainsi donner une impulsion mondiale. L’association a déjà reçu le soutien du Président de la République Emmanuel Macron. Des collaborations sont en cours avec le Ministère du Travail.
- Et concrètement est ce applicable dans tous les pays?
De nombreuses initiatives de Bien-être au Travail naissent dans les pays voisins, à nous de construire ensemble le collectif HappyTech à l’international.
Merci Angelika Mleczko !