Depuis 13 ans le Prix Terre de Femmes – Fondation Yves Rocher a récompensé plus de 325 femmes engagées, porteuses de projets en faveur de la protection de l’environnement tout en intégrant une dimension sociale. Deux prix sont décernés : le Prix France et le Grand Prix International. En 2014 le prix France a été décerné à Jeannette Chiron pour un projet de fours solaires en Amérique Latine visant à l’autonomie énergétique et la réduction de la déforestation, et le Grand Prix International à Sylvia Hämmerle pour un projet de reforestation durable aux Philippines en travaillant avec des personnes handicapées.
Nadège a toujours été animée par l’envie de mettre de la beauté dans le quotidien des gens. Aujourd’hui, c’est dans le bidonville de Pantanal, au Nicaragua, qu’elle travaille à embellir la vie des plus pauvres en formant les femmes en difficulté à la construction de maisons faites de briques en terre crue. Beaucoup de bon sens et d’humanisme, que ce projet et surtout se retourner vers la nature pour trouver des « solutions » aux problèmes de ces femmes.
La fibre humaniste de Nadège n’en est que plus confortée avec cette magnifique initiative. Ouvrir une voie comme celle ci, montre que tout est possible quand on y croit !
Nadège est une battante, elle est déterminée, généreuse, et rien ne l’arrête surtout quand il s’agit d’énergie créative. Nadège est nourrie de toutes ces femmes, et ces personnes qu’elle a rencontré au travers de son projet.
Nadège est convaincue de l’intérêt de cette matière première. En 2011, la jeune femme est missionnée par l’association Habitat Cité pour étudier la faisabilité d’un programme d’habitation pour les nombreuses familles installées dans le bidonville de Pantanal au Nicaragua. En trois ans, Nadège a déjà contribué à former près de 17 femmes à la construction de leur propre maison.
Cette initiative a permis à ces femmes de retrouver une forme d’auto estime et d’émancipation par rapport aux maris.
Photo Stéphane Etienne
Avant d’arriver au Nicaragua Nadège a grandi en France, à Gennevilliers en banlieue parisienne. Elle se souvient de ce quotidien dans cette cité qu’elle trouvait laide. « Enfant je me sentais comme enfermée dans du béton et du gris. Je crois que c’est comme ça que j’ai trouvé ma voie. Toute cette tristesse architecturale m’a donné envie de travailler à améliorer le quotidien et l’habitat des gens. J’ai toujours eu dans l’idée que tout le monde a le droit d’avoir à un bel environnement. »
Nadège se tourné d’abord vers les Arts et étudie à l’Ecole Supérieure des Beaux Arts du Mans. Elle se tourne vers l’architecture, puis l’architecture de terre. « J’ai découvert cette spécialité par hasard lors d’un voyage étudiant au Pérou. J’ai compris que l’on pouvait construire des maisons avec ce que l’on a sous les pieds. On peut faire du beau et du fiable avec de la terre. »
C’est dans ce pays d’Amérique Latine, qu’elle découvre l’existence de l’architecture de terre. En construisant avec ce que l’on a sous les pieds, le programme en question est un projet programme partenaire entre la fondation Abbé Pierre et une Association française Habitat Cité, pour laquelle Nadège travaille et une Association locale » Casa de la Mujer de Granada ». Il y a un premier volet, qui est le volet habitat, où les bénéficiaires des maisons, apprennent à fabrique des Adoves et après dans les chantiers; les femmes font des tâches un peu moins pesantes que les constructeurs. Elles aident à faire par ex des mélanges.
Le Second projet, s’appuie sur la formation des femmes de Pantanal pour mener des actions de construction dans le quartier.
Recyclables, conformes aux normes antisismiques, pas chères, les briques de terre crue sont écologiques.Elles maintiennent naturellement la fraîcheur à l’intérieur. Elles sont entièrement biodégradables et sèchent à l’air libre.
Et surtout, au fur et à mesure des constructions « le beau » si cher à Nadège se répand au cœur du bidonville. Les petites maisons en dur, construites par ses femmes, s’égayent de fleurs, de décorations colorées. Les femmes commencent à cultiver des petits potagers pour améliorer le quotidien. Mais surtout, avec un toit sur la tête, elles peuvent commencer à démarrer des petites activités économiques. « J’ai signé pour une année de plus sur le terrain. Je ne me lasse pas de me balader dans le bidonville et de voir toutes ces femmes s’approprier leur maison. Elles sont tellement fières de nous inviter et nous faire entrer chez elles. Elles font leur ménage, arrosent les plantes. Les enfants sont heureux.C’est beau ! »
« La plupart de ces femmes sont seules avec des enfants. Elles n’ont pas de maris, n’ont aucune ressource et survivent dans la rue avec comme unique protection des bâches en plastique. Elles sont, avec leurs enfants, très exposées aux violences, aux vols et aux maladies. En aidant une femme à se loger, on lui permet de retrouver un peu de dignité de relever la tête et de mettre à l’abri toute sa famille. »
Tout est également orienté vers une sorte de préservation du patrimoine, tout en aidant les femmes à se loger et à sauvegarder des techniques. Chacun peut apprendre à faire des adoves, cela n ‘est pas très compliqué et le matériau est accessible. Ces maisons changement réellement la vie des femmes tout en changeant durablement la physionomie des bidonvilles.
Photo Stéphane Etienne